SMS ou coups de fil : l’école se mobilise contre l’absentéisme

Le ministère veut généraliser l’enregistrement informatique des absences des élèves.

Le phénomène préoccupant de l’absentéisme scolaire concerne chaque année 275 000 élèves, soit environ 5 % des effectifs du secondaire. Face à ce fléau, les collèges et les lycées sont devenus intraitables.

Jacques, médecin à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, a ainsi récemment « passé un savon » à son fils de 14 ans après avoir reçu un SMS laconique de son chic lycée privé du VIe arrondissement : « Votre fils est absent depuis 8 heures ce matin. Merci de nous joindre. » L’adolescent avait préféré tester les manèges de la Foire du trône.

Autre exemple, vendredi dernier, à 10 heures du matin : alors en vacances, dans le sud de la France avec ses enfants à qui elle a fait rater la classe pour l’occasion, Sophie reçoit sur son portable un coup de fil du lycée Françoise-Giroud, de Vincennes (Val-de-Marne) : « Madame, votre fils Antoine n’est pas là ce matin. Savez-vous où il est ? Nous voulons une explication. » Un peu embarrassée, la mère de famille répond que son rejeton se sent un peu malade... L’explication passera pour cette fois.

Car aucune absence ne passe plus entre les mailles du filet. Finis les cahiers d’absence et autres paperasses. Selon le ministère de l’Éducation nationale, environ 80 % des établissements publics ou privés disposent depuis quelques années de logiciels informatiques qui, pour les plus perfectionnés, permettent de traiter le problème en temps réel. Dans un tout récent projet de circulaire intitulée « Vaincre l’absentéisme », le ministère prévoit de généraliser ce système à l’ensemble des établissements.

Les professeurs du lycée Bartholdi à Colmar (Haut-Rhin) l’expérimentent toutes les heures. Dès 8 heures, chacun « fait l’appel » et enregistre les absents sur un ordinateur laissé à sa disposition dans un coin de la salle de classe. L’information est transmise au conseiller principal d’éducation (CPE) dans la minute. C’est à lui de prévenir les parents, par SMS, mail ou téléphone. Si ces derniers ne réagissent pas, un courrier papier est envoyé. Dans certains établissements zélés, il n’est pas rare que les parents soient avertis « dès 8 h 30 », précise le spécialiste chargé des systèmes d’information au ministère. « Le retour des parents est excellent », souligne Frédéric Delamarre, CPE au lycée Augustin-Fresnel à Bernay (Eure), qui pense que ce système « a un effet dissuasif sur les élèves, même si c’est difficile à évaluer ».

Dans le projet de circulaire du ministère, la procédure à suivre en cas d’absentéisme est très détaillée. Dès la première absence non justifiée, l’élève doit être convoqué par le CPE. À la troisième absence, la circulaire prévoit la convocation des parents. Les absences des élèves sont consignées dans un dossier (avec leur durée, les motifs, les contacts pris avec les parents...).

Le maire informé

Au bout de la quatrième absence, le dossier de l’adolescent est transmis à l’inspecteur d’académie et le maire est informé, ce qui n’était pas le cas auparavant. Un avertissement est parallèlement adressé aux parents. C’est un préalable à d’éventuelles poursuites pénales : procureur de la République puis éventuellement président du conseil général peuvent être saisis par l’inspecteur d’académie. En dernier recours, la possibilité de suspension des allocations familiales peut être théoriquement utilisée. Elle n’a en réalité quasiment jamais été appliquée.

Le syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN), lui, s’oppose à cette circulaire qui lui paraît trop systématique. Il réclame un texte qui respecte l’autonomie des établissements. Et s’insurge de la volonté de faire remonter toutes les informations au niveau national. En ligne de mire : la crainte d’un classement avec les établissements « absentéistes » et les autres.

Côté ministère, on répond que la loi de finances (LOLF) demande des indicateurs plus fiables qu’aujourd’hui pour calculer le taux d’absentéisme. Mais sa définition varie « d’un conseiller principal d’éducation à un autre », proteste Norbert Gosset, l’un des responsables : « Dans un département rural, on va être plus indulgent pour les absences ou retards liés aux transports scolaires. Tout se débat : certains considèrent que l’absence pour maladie sans certificat médical n’est pas valable, d’autres oui, etc. » Le syndicat a donc demandé de boycotter les logiciels. Une injonction qui semble laisser de marbre les personnels concernés sur le terrain.

Communiqué de la FCPE NATIONALE du 26 mars 2008

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mis en ligne le jeudi 27 mars 2008
par ML



  
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