7 septembre 2006
Favorable à la fin de la sectorisation, Annick Dumont, secrétaire générale de la Peep, l’une des fédérations de parents d’élèves du public, explique comment elle peut être supprimée.
LE FIGARO. - Pourquoi êtes-vous pour une profonde remise en question de la carte scolaire ?
Annick DUMONT. - Le contournement est devenu un sport national. De toute évidence, la sectorisation des collèges est un outil complètement dévoyé. À Paris, on ne compte plus les fausses adresses et les « faits du prince » avec appui de ministres ou de parlementaires. À partir du moment où, par le jeu de dérogations accordées à certains et pas à tous, tout le monde n’a pas droit à la même qualité d’enseignement, pourquoi ne pas dire honnêtement que les parents ont toute latitude de choisir où inscrire leur enfant ?
Mais comment casser la carte scolaire ?
On peut se préparer à deux ans de bazar incroyable. Car si tout le monde peut choisir, tout le monde va choisir, y compris ceux qui, jusque-là, ne comprenaient pas le système de dérogation ou ne parvenaient pas à en profiter. Tous les parents vont vouloir aller dans « le » bon collège. On aura certainement des classes surpeuplées dans certains établissements et à moitié vides dans d’autres.
Mais je pense que la situation se régulera d’elle-même rapidement pour des raisons de bon sens. Les parents se rendront compte que leur enfant ne peut pas trouver son compte dans une classe de 40 élèves ou à une heure de transport de chez lui. Il faut un critère limitatif, qui continuera probablement à être en partie géographique. Quant aux collèges difficiles, que tout le monde souhaite fuir, il faut les rendre attractifs.
Cela implique-t-il une mise en concurrence ?
À partir du moment où l’on prend le risque d’autoriser les familles à aller voir ailleurs, il faut une plus grande autonomie des établissements scolaires. Il s’agit de donner les moyens à chaque établissement de valoriser son propre projet et d’attirer les parents. Le chef d’établissement devrait signer des « contrats d’objectifs » avec ses enseignants. Chacun devrait développer un « pôle d’excellence » avec des options en langue ou des filières introuvables ailleurs, par exemple.
Et le recrutement des enseignants ?
Cette question est bien sûr capitale. Mais elle relève du ministère de l’Éducation...
Le Figaro du 7 septembre 2006