Remplacement des professeurs absents : l’échec de la réforme

Remplacement des professeurs absents : l’échec de la réforme LE FIGARO

vendredi 21 juillet 2006

Depuis janvier, un enseignant défaillant doit être remplacé par un collègue. Mais les volontaires sont rares et les chefs d’établissement rechignent à passer en force.

Malgré la très forte attente des parents et malgré la loi sur l’école qui l’impose, le remplacement des enseignants absents pour une courte durée dans les collèges ou les lycées connaît de sévères ratés. Tel est le principal constat dressé par les deux inspections (Éducation nationale et administration de l’Éducation nationale et de la Recherche) dans un rapport révélé par l’agence spécialisée AEF. En théorie, pourtant, ce remplacement est obligatoire depuis janvier. Instauré par la loi Fillon en dépit d’un tollé syndical, il donne lieu à une rémunération en heures supplémentaires.

Les inspecteurs ont mené leur enquête auprès de 298 établissements durant l’année scolaire qui vient de s’achever. Et leur jugement est sévère. Non seulement, expliquent-ils, « un certain nombre d’établissements n’ont pas de protocole » (document destiné à établir l’organisation des remplacements), mais certains de ceux qui en ont un « n’ont en définitive ni recensé les absences ni a fortiori procédé à leur remplacement ce qui laisse un peu perplexe ».

Les inspecteurs n’hésitent pas dans certains cas à qualifier des protocoles de « franchement mauvais » voire d’« indigents » et dénoncent une connaissance parfois approximative des absences alors même qu’elles sont prévisibles (formation, journée pédagogique...) : « Rares sont les établissements qui ont été en mesure de présenter une liste des enseignants dont ils connaissaient l’absence avec le motif, la discipline et le nombre d’heures perdues. »

« Isolement » et « harcèlement » pour les volontaires

À cela s’ajoutent, pour les enseignants, des freins de tout ordre. Sur un plan pédagogique, il est de notoriété publique que beaucoup de professeurs redoutent un autre intervenant dans leur classe de peur que des comparaisons soient établies. De leur côté, certains remplaçants potentiels reconnaissent rechigner à intervenir dans une classe dont ils ne savent rien.

Les réticences peuvent également être d’ordre psychologique. À l’instar de plusieurs syndicats, beaucoup d’enseignants étaient opposés à la mesure. Du coup, ceux qui se portent volontaires dénoncent parfois « l’isolement » et « le harcèlement » dont ils ont fait l’objet. « Plusieurs chefs d’établissement évoquent la rétractation d’enseignants volontaires à la suite de sarcasmes subis en salle des professeurs », et certains enseignants se disent prêts à assurer un remplacement « à condition qu’il n’en soit pas fait état ».

En outre, « bon nombre d’établissements n’ont pas consommé d’heures supplémentaires », s’étonnent les enquêteurs. Pis, « que dire de cette importante cité scolaire (2 000 élèves) qui depuis le début de l’année aurait totalisé deux heures d’absences, remplacées à 100%, ce qui évidemment est totalement insignifiant ! ».

Du coup, les inspecteurs estiment que le ministère fait preuve d’un certain optimisme lorsqu’il affiche un taux de remplacement des absences courtes légèrement supérieur à 50%. « Les observations recueillies incitent à une certaine prudence quant à l’interprétation des chiffres », est-il écrit. Selon les inspections qui se basent sur les exemples de quelques académies, le taux de remplacement serait plus proche de 20 ou 30%.

Parmi les mesures préconisées, il est évidemment inscrit qu’il faut analyser les raisons de cet échec partiel. Et ce même si on connaît une partie de la réponse : beaucoup de principaux ou proviseurs répugnent à contraindre des enseignants. Dès lors, ils préfèrent rester flous sur les absences.

Les inspecteurs proposent également d’assouplir les directives ministérielles afin d’autoriser l’organisation d’activités éducatives ou pédagogiques (information sur la santé, orientation, projection de films...) pendant l’heure à remplacer. Ils suggèrent enfin que soit rappelé « avec fermeté », que toute autorisation d’absence pour convenance personnelle donne lieu préalablement à l’engagement par l’enseignant de remplacer son cours.


Remplacement des enseignants : le ministère annonce un bilan à la rentrée

Le ministère de l’Education a annoncé vendredi qu’un bilan serait fait à la rentrée dans les établissements scolaires sur le remplacement des enseignants absents moins de quinze jours, afin "d’améliorer le dispositif" mis en place en 2005 par Gilles de Robien.

"Un bilan en conseil d’administration des établissements sera établi à la rentrée prochaine. Il permettra d’affiner les premières données et de dégager les voies et moyens pour encore améliorer le dispositif de chaque établissement", a indiqué le ministère.

Des "recommandations" seront adressées aux "recteurs et inspecteurs d’académie sur les aménagements qu’il convient d’apporter", a-t-il ajouté.

Depuis le 1er janvier, les remplacements entre eux des enseignants absents moins de 15 jours est devenu obligatoire.

Selon le ministère, le dispositif pour l’année scolaire 2005-2006 "a porté ses premiers fruits".

"Alors que 233 millions d’heures doivent être assurées dans l’année scolaire dans les collèges et les lycées, 2 millions d’heures devraient être remplacées pour pallier les absences prévisibles des professeurs", poursuit-il.

L’effort de remplacement des enseignants absents moins de 15 jours a doublé en un an, atteignant un taux de 50% de remplacement dans les collèges et lycées pour l’année scolaire 2005-2006, a-t-il rappelé.

mis en ligne le vendredi 21 juillet 2006
par ML



  
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