Au quotidien, enseignants et familles se regardent en chiens de faïence

Au quotidien, enseignants et familles se regardent en chiens de faïence

Des parents se mêlent de tout tandis que d’autres restent totalement absents de l’école. Leur participation aux élections reste assez faible. Marie-Estelle Pech [11 janvier 2006]

POUR les enseignants, les parents d’élèves sont envahissants et se mêlent de pédagogie « alors qu’ils n’y connaissent rien ». Ils occuperaient une place grandissante et excessive au sein du système scolaire, assurent leurs détracteurs. Les seconds, au contraire, ne mâchent pas leurs mots envers une institution « poussiéreuse », des enseignants ancrés dans leurs certitudes et parfois « méprisants ».

Les altercations verbales sont habituelles dans les établissements de centre-ville, plutôt privilégiés, explique un enseignant du lycée Montaigne à Paris : « Les parents y adoptent une attitude consumériste, se mêlent de tout, demandent pourquoi tel cours porte sur Diderot et non sur Voltaire, etc. »

A l’inverse, dans des établissements moins huppés, les parents sont le plus souvent « des fantômes qui ouvrent à peine la bouche lors des réunions », raconte à regret une enseignante en ZEP dans les Yvelines. Démissionnaires ou trop exigeants, les parents n’ont pas bonne presse auprès de l’Éducation nationale. De leur côté, les principales fédérations de parents d’élèves déplorent le peu de place que leur laisse l’institution scolaire.

Depuis la loi d’orientation de 1989 qui avait renforcé les droits des parents, les relations entre les familles et les enseignants ne se sont pas améliorées, estime Josette Daniel, présidente de la Peep tandis que Georges Dupon-Lahitte, président de la FCPE considère qu’il « y a encore beaucoup de progrès à faire ». Lois et circulaires n’y changent rien puisque les textes « ne sont pas appliqués ! », dénonce Josette Daniel. Les ministres de l’Éducation successifs répètent l’importance du rôle des parents mais sur le terrain, c’est le statu quo. « Dans le primaire, notamment, le dialogue est très difficile, explique Josette Daniel, les parents sont parfois considérés comme tout juste aptes à organiser la kermesse. »

Lors des dernières élections des représentants des parents d’élèves en octobre 2005, des problèmes « chroniques » ont été signalés dans plusieurs établissements, notamment des refus d’imprimer les bulletins de vote ou du manque de matériel. Très offensifs sur des sujets souvent anodins, les parents ne se précipitent pas pour élire leurs représentants : au dernier scrutin, la participation s’élevait 43,7% dans le premier degré et seulement 26,7% dans le second degré.

Certains parents ont été obligés de distribuer leurs tracts « sur le trottoir » alors qu’ils ont le droit de le faire à l’intérieur. D’autres ont vu leurs documents « directement mis à la poubelle » par les profs.

Bref, il faut « changer les mentalités », martèle Josette Daniel qui espère beaucoup de la prochaine réforme des IUFM.  Aujourd’hui, les enseignants ne sont en effet pas ou mal formés aux relations avec les parents. Par ailleurs, un texte en préparation au ministère devrait être applicable à la rentrée 2006. Ce décret « sur les droits et devoirs du parent d’élève » succédera aux multiples circulaires existantes et devrait leur donner davantage de poids.

mis en ligne le mercredi 11 janvier 2006
par ML



  
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