Ils ont mené leur petite enquête

NOUS les avons missionnés pour observer de près les toilettes de l’établissement du Nord - Pas-de-Calais qu’ils fréquentent.

Descriptions et commentaires.

« Je me retiens » Marie, 17 ans. « Les toilettes de la cantine du lycée sont plutôt propres car elle vient d’être rénovée. Pas les autres. D’ailleurs, il n’y a pas de toilettes à tous les étages. C’est carrelé et non tagué. Si c’était propre, ce serait bien. Il n’y a pas de lunette, pas de brosse, pas de savon et de l’eau froide uniquement, jamais de papier, les verrous fonctionnent une fois sur deux. Il y a des petites poubelles, avec un vieux sachet, pour les filles. La semaine dernière, j’ai vu pour la première fois une poubelle spéciale pour les serviettes hygiéniques... Je n’y vais vraiment que lorsque c’est urgent, sinon je me retiens. Je me sers de mouchoirs en papier. On répète à chaque conseil de classe que c’est dégueulasse, mais on aurait beau le dire, chaque classe, à chaque conseil, pendant quarante ans que rien ne changerait. Il faut dire que la dernière fois qu’ils ont mis des brosses à chiottes, elles se sont retrouvées au milieu de la cour. Personne ne surveille les toilettes, bien sûr. Il n’y a déjà personne pour garder les vélos... »

« C’est dégoûtant » Charles, dix ans. « C’est une grande pièce. Au milieu il y a des robinets, il y a des toilettes avec des portes mais pas de verrou, il y a du papier à l’entrée. Il y a aussi deux toilettes pour les maîtres, avec un cadenas. Sinon, c’est dégoûtant, il y a plein d’eau partout et ça glisse. On n’a pas le droit de rester dans les toilettes. Certains enfants éclaboussent, avec les robinets, en mettant leur pouce dessus. Quand la dame de service passe, elle les fait sortir. »

« On réclame du papier » Laurent, 40 ans, deux enfants de 4 et 6 ans et demi. « Les toilettes sont plutôt propres, du moins en maternelle, mais la semaine dernière, nous n’en sommes pas revenus : une affiche à l’entrée de la classe demandait aux parents d’apporter du papier toilettes car les dames de cantine n’en avaient plus... »

« Des progrès mais... » Chantal, professeur des écoles. « C’est de mieux en mieux, mais tout dépend du degré de vétusté des établissements. Pour les enseignants, dans mon école, il y a des toilettes privatives confortables. Mais j’ai connu dans les années 80 une école où les enseignants devaient utiliser des toilettes dont la porte ne descendait pas jusqu’au sol. On nous voyait, de la cour, les pieds et le pantalon. Inutile de dire que nous étions toutes constipées... Des progrès ont été faits pour les toilettes des enfants. Chez les plus grands, il y a maintenant une séparation entre les filles et les garçons. Mais il faut dire que les enfants se comportent mal aux toilettes. Les filles les prennent pour l’antichambre de la récré, parce qu’il fait chaud et qu’elles se tiennent la porte... Depuis qu’un agent de service surveille l’entrée des toilettes des garçons, il y a moins de désordre. Les toilettes ne sont pas encore un lieu d’éducation. On essaie de faire passer le message, mais cela ne fonctionne pas. »

« Traverser la cour... » Léa, treize ans. « Il y a un mois, ils ont mis un distributeur de savon, repeint les toilettes car il y avait des tags et mis un séchoir, mais il n’y a déjà plus de savon, le séchoir ne marche pas et il y a de nouveaux tags. Il n’y a pas de verrou à toutes les portes. Il y a des poubelles spéciales dans les toilettes des filles. Pour avoir du papier toilettes, il faut aller dans le bureau des surveillants et traverser la cour avec le papier... De toute façon, je ne vais jamais aux toilettes au collège, je ne mange pas à la cantine. Parfois, je vais aux toilettes de la salle de sports municipale : il y a du savon et du papier. Les toilettes à l’école, c’est plus un squat qu’autre chose. On reçoit des boulettes de papier mouillé. On l’a dit au conseil de classe mais ça n’a rien changé... » Propos recueillis par C. V.

LA VOIX DU NORD