Des députés veulent en finir avec l’"encyclopédisme" à l’école

Le consensus en matière d’éducation est assez rare pour être souligné. Le rapport de la mission d’information sur les savoirs enseignés à l’école a été adopté, mercredi 13 avril, avec l’accord des députés UMP, UDF et PS. Présidée par Pierre-André Périssol (UMP), la mission suggère de repenser assez radicalement le contenu des enseignements à l’école primaire et au collège.

Après avoir procédé à 76 auditions entre octobre 2004 et mars 2005, elle propose ainsi une première ébauche de ce qui pourrait constituer le "socle commun" des connaissances et des compétences prévu dans la loi Fillon sur l’éducation, et qui doit être défini, dans les prochains mois, par le Haut Conseil de l’éducation.

Composée de onze députés, la mission a cherché à définir "quels sont les savoirs, les savoir-faire, les savoir-vivre que tout jeune doit maîtriser ou avoir intégré à la fin de la scolarité obligatoire". Pour définir ce "socle commun" fondamental, elle propose de rompre avec le système actuel sur deux points essentiels.

La mission estime d’abord qu’il ne faut plus seulement raisonner en termes de transmission de "connaissances", mais aussi de "compétences" permettant de s’adapter à la société.

Elle considère ensuite que l’approche par disciplines scolaires (français, mathématiques, etc.) est "sclérosante" dans la mesure où elle conduit à un "empilement des savoirs" néfaste pour les élèves. Ce faisant, elle se place en opposition avec les lobbies disciplinaires, très puissants au sein du système éducatif, avec des relais dans les syndicats d’enseignants et les inspections générales.

La mission entend ainsi en finir avec l’"encyclopédisme" des programmes, aujourd’hui définis en fonction des épreuves du baccalauréat.

Le rapport définit une série de grandes compétences indispensables pour "l’honnête homme du XXIe siècle". Ces compétences sont ensuite censées être déclinées dans les programmes.

La première, la plus importante, est de "savoir communiquer dans sa langue". "La maîtrise du maniement de la langue et des mots, et la capacité à l’utiliser comme instrument de communication constituent le fondement du travail de socialisation qui incombe à l’école", souligne le document.

"Savoir travailler en équipe, coopérer avec autrui" constitue une seconde compétence indispensable pour tous les élèves. Il s’agit, selon la mission parlementaire, d’aider les jeunes à acquérir une capacité d’écoute, de travail en réseau et en équipe. Elle inclut notamment l’apprentissage de la résolution des conflits.

"ESPRIT CRITIQUE"

"Se forger un esprit critique, savoir valider, analyser, trier l’information" représente une troisième compétence incontournable aux yeux des députés. "Toutes les personnes entendues ont situé l’apprentissage des technologies de l’information et de la communication non pas dans une optique de connaissance des techniques usuelles à des fins utilitaristes professionnelles, mais comme un moyen de développer l’aptitude à rechercher, valider, trier de l’information."

La mission souligne l’importance, pour tous les jeunes, de "savoir se repérer dans le temps et dans l’espace". "Tout élève achevant sa scolarité obligatoire, qu’il ait ou non la nationalité française, doit savoir se repérer dans le fonctionnement de la société qui l’entoure, se repérer dans l’espace géographique, historique, culturel, institutionnel français et européen", indique le rapport.

Les parlementaires soulignent qu’un certain nombre de conditions devront être réunies pour permettre l’acquisition de ces compétences. A nouveau, la mission recommande de faire évoluer en profondeur le fonctionnement du système éducatif, reprenant des suggestions déjà émises dans de précédents rapports d’experts. Elle insiste, notamment, sur la nécessité de personnaliser les apprentissages, de valoriser les différentes formes d’intelligence et de réformer les modes d’évaluation des élèves.

L’accueil de ces propositions risque toutefois d’être assez mitigé. François Fillon n’a jamais caché son agacement face aux suggestions de M. Périssol, lequel s’était opposé au ministre à plusieurs reprises pendant les débats parlementaires. Le cabinet de M. Fillon signale d’ailleurs que c’est au Haut Conseil de l’éducation et non au Parlement de faire des propositions.

Les réactions risquent également d’être critiques du côté des enseignants : le SNES-FSU, majoritaire parmi les professeurs de collège et de lycée, s’est toujours prononcé contre ce type d’approche de l’éducation.

Luc Bronner Le Monde Article paru dans l’édition du 20.04.05

mis en ligne le mercredi 20 avril 2005
par ML



  
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