« Des jeunes abandonnés affectivement »

« Des jeunes abandonnés affectivement »

[16 avril 2005] Le Figaro


« Une idée reçue tenace consiste à penser qu’il suffit d’être riche pour aller bien alors qu’on peut aller très mal dans un environnement favorisé. »

Le Dr Patrice Huerre, psychiatre (*), dirige la clinique médico-universitaire Georges Heuyer à Paris. Il voit défiler dans son établissement des jeunes de grandes écoles et des « très » bons élèves en pleine dépression et dépendance aux drogues ou à l’alcool.

« Cette jeunesse dorée souffre du même mal que ces « trop » bons élèves, explique-t-il. Ces deux types d’adolescents se sentent exister aux yeux de leurs parents uniquement à travers les apparences. Comportementales, pour les fils à papa, scolaires avec obligation au résultat pour les autres. »

Tous ont donc tendance à faire de la surenchère « pour attirer l’attention de leur entourage : on se saoule, on s’excite sensoriellement avec des drogues pour compenser un manque d’affection et avoir un sentiment d’existence ».

Car pour le psychiatre, ces adolescents « sont habités par des doutes très forts quant à l’amour dont ils font l’objet. Ce sont des enfants abandonnés, affectivement parlant ».

Les parents, eux, se trompent en pensant qu’en remplissant le frigo et en leur laissant une bonne somme d’argent, ils assurent le bonheur de leur progéniture. « La déculpabilisation matérielle des parents est une immense erreur car elle ne répond pas au besoin fondamental de l’enfant. Ce n’est pas la quantité donnée qui compte, d’argent ou de temps, mais la qualité de la présence des parents et leur intérêt pour eux. »

(*) Faut-il plaindre les bons élèves ?, Hachette Littératures, 16 €.

mis en ligne le samedi 16 avril 2005
par ML



  
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