La carte scolaire a la peau dure

La carte scolaire a la peau dure Par VÉRONIQUE SOULÉ

Il est loin le temps où Nicolas Sarkozy promettait de supprimer la carte scolaire, « cet outil qui aggrave la ségrégation et empêche l’égalité des chances ». Son zélé ministre de l’Education Xavier Darcos avait même prévu qu’elle « deviendrait superflue en 2008 »...

Deux ans plus tard, les familles qui ont inscrit leurs enfants en sixième ou en seconde ont dû se rendre à l’évidence : la carte scolaire, qui affecte les élèves à un établissement proche, existe toujours. Et si l’on n’entre pas dans les catégories prioritaires - boursiers, handicapés... -, obtenir une dérogation reste une prouesse. On ne parle plus d’ailleurs que de « libéraliser » la carte scolaire. Sa suppression semble remise aux calendes grecques, même si personne ne veut l’avouer officiellement.

Interrogé, le ministère de l’Education indique que les dérogations sont à peu près stables cette année par rapport à 2009. Au niveau national, 72% des demandes concernant la sixième (65 000) et 65% de celles concernant la seconde (40 000) avaient été satisfaites.

Des chiffres toutefois très variables, selon les académies. A Paris, seule une demande sur trois a abouti - les dérogations se concentrent en effet sur les mêmes établissements où l’on ne peut entasser les élèves à l’infini.

On reste donc loin du libre choix des familles, et cela risque de se compliquer à l’avenir. Les enfants du baby-boom du début des années 2000 vont arriver au collège - 50 000 par an à partir de 2011, selon les parents d’élèves de la FCPE -, ce qui va réduire encore les marges de manœuvre. Cette année déjà à Paris, on a observé une légère hausse démographique au collège, où seule une dérogation sur quatre a été accordée (972 sur 3 998 vœux).

Autre question sensible, l’impact sur la mixité sociale. C’était l’un des objectifs affichés : en instaurant des règles claires, on allait mettre fin aux passe-droits des parents bien informés et donner la même chance à tous. Le succès apparaît très mitigé. En novembre, la Cour des comptes s’est inquiétée de la « ghettoïsation accrue » de certains établissements, fuis par leurs meilleurs élèves grâce à l’assouplissement de la carte scolaire. Le ministre Luc Chatel a indiqué que 7% des collèges Ambition Réussite avaient perdu des élèves.

En fait, selon son entourage, « au moins une dizaine » sont déjà promis à la fermeture ou à la démolition, car ils ont perdu trop d’effectifs, et seuls sont restés les élèves les plus en difficulté. Leur liste est secrète, mais le ministère promet d’« accompagner » les départements touchés pour ouvrir de nouveaux collèges plus attrayants.

mis en ligne le vendredi 30 juillet 2010
par ML



  
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