L’informatique pour la première fois au brevet

L’informatique pour la première fois au brevet Marie-Estelle Pech 27/06/2008 |

L’anglais et l’informatique sont désormais éliminatoires pour les 790 444 collégiens qui passent aujourd’hui les épreuves.

Les « nuls » en informatique et en anglais ont éprouvé quelques inquiétudes lors de leur préparation du brevet des collèges. L’examen qui sanctionne les quatre années de collège a commencé hier avec les épreuves de français et d’histoire-géographie et se poursuit aujourd’hui avec les mathématiques.

Pour réussir, il faut avoir obtenu la moyenne entre l’examen final et le contrôle continu. Mais depuis cette année, un niveau acceptable en langue vivante ainsi que le brevet informatique et internet (B2i, selon le jargon) sont également devenus obligatoires pour l’obtenir. Et un niveau insuffisant dans ces matières est éliminatoire ! Certains enseignants y voient donc un « mini bac avant l’heure », les autres approuvent cette façon de motiver les adolescents pour des matières insuffisamment prises au sérieux.

Une enseignante d’anglais estime que ses élèves ont été « plus attentifs » cette année alors qu’ils lui répondaient auparavant que l’anglais n’avait « aucune importance » pour eux puisqu’il n’était quasiment pas pris en compte pour le brevet... Mêmes échos pour l’informatique : « D’ha­bitude, cette matière est considérée comme celle de la franche rigolade et des dessins sous la table. Les élèves pensent tout savoir parce qu’ils tchattent chez eux sur internet et font du copier-coller mais ils se trompent », raconte un professeur de technologie. Une enquête européenne datant de 2006 classait la France parmi les derniers pays à utiliser les technologies de l’information au collège... Pour combler ce retard, le ministère a donc décidé de serrer la vis.

« Pas franchement utile »

Parmi les élèves qui présentaient le brevet des collèges hier, certains soulignaient que les épreuves du B2i avait été organisées de façon très hétéroclite d’un établissement à l’autre, selon l’in­vestissement des enseignants et leur degré de connaissances en informatique, parfois incertain. C’est aussi la précipitation qui a régné dans certains établissements ces dernières semaines pour organiser un semblant d’épreuve. Le B2i n’avait d’ail­leurs été décerné qu’à 17 % des élèves en 2007 ! Marie, 14 ans, élève dans les Hauts-de-Seine est confiante car elle a « l’habitude d’utiliser un ordinateur à la maison. Mais c’est loin d’être le cas de tous mes amis », observe-t-elle.

Le test du B2i qu’elle a présenté il y a deux semaines et demi ne lui a pas semblé difficile mais déconcertant et « pas franchement utile ». Il s’agit généralement de répondre à des questions : qu’est-ce qu’un PDF, à quoi sert un tableau Excel, comment enregistre-t-on un fichier joint à un message, etc. Pas de quoi effrayer Quentin, 15 ans, collégien à Toulouse, qui observe : « L’informatique, on a tous ça dans le sang. Les profs s’y connaissent parfois moins que nous ! C’est nul. On nous a demandé si on savait déplacer un curseur ou encore si on savait dire de qui provient un e-mail ». À l’inverse, Tom, 14 ans, raconte avoir appris grâce au B2i à réaliser des graphiques et à traiter des fichiers images ou sons.

Pour éviter une hypothétique flambée de l’échec au brevet, des consignes d’indulgence ont toutefois été délivrées, précise Philippe Guittet, secrétaire général du Snpden, le principal syndicat des chefs d’établissements. Le jury du brevet des collèges peut ainsi se substituer à l’établissement pour délivrer le B2i quand celui-ci ne l’aura pas attribué ! « Peu d’élèves échoueront à cause du B2i ou de l’anglais, prévoit-il, mais tous auront cette année sans doute davantage travaillé ces matières » Une assertion confirmée par Quentin, le collégien toulousain : « Les professeurs ont fait passer et repasser l’examen aux rares élèves qui avaient du mal avec l’informatique jusqu’à ce qu’ils obtiennent la moyenne... »

mis en ligne le vendredi 27 juin 2008
par ML



  
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