Les jeunes réclament plus d’autorité au lycée

Les jeunes réclament plus d’autorité au lycée

Selon un sondage, la génération 2008 des lycéens plébiscite la discipline et la réussite scolaire.

Les lycéens de 2008 sont en quête d’autorité. À quelques jours du quarantième anniversaire des événements de mai 1968, un sondage publié mercredi par le magazine Phosphore démontre qu’ils sont loin d’être des révolutionnaires. Selon cette enquête, réalisée auprès de 1 500 jeunes de 20 établissements, 80 % des jeunes estiment que les enseignants devraient exercer leur autorité pour faire respecter l’écoute en classe, mais aussi le respect des autres (82,6 %) ou encore les travaux scolaires (73,4 %) et le règlement. En revanche, les lycéens souhaiteraient plus de clémence sur les retards. Parmi eux, les filles sont les plus demandeuses d’autorité.

Un constat qui, selon Georges Felouzi s, sociologue de l’université de Genève qui a participé à l’étude, s’explique par l’évolution de la société : « on ne peut pas se révolter contre quelque chose qui n’existe plus de la même manière ». Ces résultats sont également à mettre en regard des revendications actuelles des lycéens, de blocages de lycées en manifestations. Car ils ne se mobilisent pas pour remettre en cause l’ordre établi, mais contre des suppressions de postes dans l’Éducation nationale. « Rendez-nous nos profs ! », lisait-on ces dernières semaines sur les banderoles lycéennes. Selon la psychologue Gaëtane Chapelle, qui a également contribué à l’étude, « cette génération est la première qui est entrée à l’école avec la perspective que quasiment tous iraient au lycée et que le baccalauréat est indispensable ». Dans ce contexte, « les lycéens demandent que le système éducatif mette en œuvre les meilleures conditions pour qu’ils accèdent à cet objectif », explique Georges Felouzis . Et ce alors que les intéressés décrivent souvent des classes surchargées où règne un éternel chahut .

Les jeunes veulent en revanche que cette autorité retrouvée soit appliquée selon leurs désirs : pas d’augmentation des heures de colles, des exclusions ou encore des remontrances... 60,8 % d’entre eux préféreraient que les professeurs exercent leur autorité en tête à tête. En clair, les lycéens demandent plus de discipline tout en en contestant les modalités. « Ils demandent de l’autorité mais enlèvent les outils aux profs ! », explique Gaëtane Chapelle qui met en garde contre une autorité qui ne serait exercée qu’en tête à tête. Elle s’explique par le souci de l’image qu’ont les jeunes de cet âge. Mais surtout, cette conception de l’autorité est révélatrice d’un besoin de plus d’individualisation face à la massification de l’enseignement. Elle découle également des bouleversements au sein de la famille. « L’autorité dans le contexte familial s’est transformée en une négociation permanente entre les adolescents et les adultes, et les lycéens voudraient reproduire ce modèle dans la sphère scolaire », explique Gaëtane Chapelle.

« Méritocratie à la française »

Et ce alors que le site note2be, qui notait publiquement les enseignants, a suscité beaucoup d’intérêt avant que les références nominatives ne soient retirées. Pour ces lycéens, le système éducatif sert avant tout à réussir les examens, pour 83 % d’entre eux. Mais aussi à acquérir une culture générale (76,4 % des lycéens interrogés) et à s’orienter (72,1 %). Clairement, pour 77,7 % des jeunes, le baccalauréat est utile, voire indispensable pour près de 70 % d’entre eux. Et seuls 18,4 % le trouvent facile. « Face à la peur de l’avenir diffusée dans la société et la perspective du chômage, ces jeunes sont attachés au système de la méritocratie à la française et l’obtention d’un diplôme national légitime », explique Georges Felouzis. En revanche, seuls 18 % jugent le bac suffisant. Et ils ne sont pas pour un statu quo sur sa forme. En effet, seule une courte majorité estime qu’il devrait rester tel quel tandis que la moitié d’entre eux suggère d’intégrer plus de contrôle continu. Un projet de réforme en ce sens présenté en 2005 par François Fillon avait été retiré face... aux manifestations lycéennes !

Alors que Xavier Darcos s’apprête à donner aux syndicats la feuille de route de la réforme du lycée, seuls 45,7 % des lycéens estiment que les cours magistraux sont efficaces et 37,1 % les jugent intéressants, tandis qu’ils demandent plus de sorties pédagogiques, intéressantes pour 70,3 % d’entre eux. Le travail en groupe est jugé utile et intéressant pour les deux tiers d’entre eux. Ce qu’ils demandent : du soutien personnalisé.

Au lycée Honoré-de-Balzac, dans l’Essonne, Fatiah apprécie l’heure d’« aide maths » qu’elle suit avec une dizaine de camarades le jeudi. « J’avais l’impression de comprendre en cours, mais j’avais des difficultés aux contrôles, ces cours en petits groupes m’aident vraiment », explique-t-elle. Ce soutien n’existe qu’en seconde et l’une des pistes de la réforme du lycée est précisément de développer l’expérience.

mis en ligne le jeudi 24 avril 2008
par ML



  
BRÈVES

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