Samedi sans école : 13 millions d’heures de cours perdues

Par « Le club par l’École », association rassemblant d’anciens directeurs au ministère de l’Éducation nationale, qui ont servi sous des gouvernements issus de majorités différentes.

L’annonce de la suppression des classes du samedi matin à l’école primaire surprend et inquiète. Est en jeu, en effet, un nombre colossal d’heures de travail : 13 millions par semaine pour les écoliers (ils sont 6,5 millions et travaillent en moyenne 2 heures le samedi matin) ! 720 000 heures pour les instituteurs (ils sont 360 000) et 26 millions chaque année... Quelle institution au monde peut se permettre de laisser s’envoler tant d’énergie et de travail ?

Pourquoi ce pronostic pessimiste ? Tout simplement parce que les pressions pour la suppression pure et simple risquent d’être considérables, notamment de la part des organisations syndicales. Les précédents vont d’ail­leurs dans ce sens : en 1969, Edgar Faure supprime les classes du samedi après-midi, trois heures qui seront consacrées à la formation continue des instituteurs - qui n’eut jamais lieu dans ce créneau horaire !

En 1991, on ôte une heure d’enseignement pour la destiner aux réunions des maîtres : aucun bilan sérieux n’en a été tiré ni ne permet d’affirmer qu’elle subsiste partout ! Cette baisse continue des horaires des élèves est-elle sans incidence sur leurs résultats ? En moins de quarante ans, ce seront six heures hebdomadaires d’enseignement qui auront disparu (soit 216 heures par an), ce qui équivaut à supprimer l’équivalent d’une année scolaire du parcours d’un élève du primaire... au moment où le Haut Conseil de l’éducation s’inquiète des mauvais résultats de nos écoliers : 15 % en grave difficulté à la fin de l’école primaire, au total 40 % sans le bagage nécessaire. Est-ce bien opportun de réduire à nouveau la durée du travail des élèves ? Et n’est-ce pas justement ces élèves-là qui risquent de pâtir en premier du « moins de classe » ?

Il est en effet difficile de laisser croire qu’il est plus efficace d’enseigner hors du temps scolaire que pendant les heures de classe. Si la prise en charge des enfants en dehors du temps ré­glementaire s’est heureusement développée à l’initiative des communes et des associations, elle ne saurait se substituer au travail de nos maîtres qualifiés. Par conséquent, la vraie question est celle de l’utilisation des heures dégagées par la suppression du samedi matin. Quelles utilisations le ministre va-t-il imposer, dans l’intérêt des élèves ? Du soutien aux élèves en difficultés ? D’après les récentes déclarations du ministre, c’est à juste titre la solution privilégiée à l’heure actuelle.

Mais, outre les grandes différences entre écoles sur ce point, on voit les difficultés quant à organiser du soutien le soir au terme d’une journée scolaire unanimement décrite comme déjà longue.

Il faut aussi craindre que dans de nombreux cas on ne trouve pas de « mauvais élèves » et les heures libérées seront donc définitivement perdues.

Quelles sont les autres solutions ? Réaménager l’année scolaire (réduction des vacances), ce qui se pratique déjà là où il y a la « semaine de 4 jours », avec, hélas, des taux d’absentéisme souvent élevés. Ou bien encore le transfert sur le mercredi matin, sans doute la moins mauvaise solution. En tout état de cause, la préoccupation majeure doit être d’abord l’intérêt des élèves, tant en termes pédagogiques (acquisition des connaissances de base) que d’égalité des chances (améliorer la réussite de tous). À défaut, on aurait désormais de nouveaux orphelins, après « ceux de 4 heures », les orphelins des heures du samedi matin...

mis en ligne le mercredi 14 novembre 2007
par ML



  
BRÈVES

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