Le nombre de demandes de dérogation à la carte scolaire n’a pas explosé

Officiellement, tout va bien. Mardi 3 juillet, Xavier Darcos l’a encore répété sur France Culture : l’assouplissement de la carte scolaire pour la rentrée 2007 n’a pas provoqué de "raz de marée". Trois jours après l’expiration du délai fixé aux parents pour déposer une demande, et dans l’attente d’un bilan officiel du ministère, la fièvre des dérogations est, selon notre enquête, un phénomène urbain qui a touché de façon contrastée les territoires.

Souvent considérée comme la capitale du contournement, l’académie de Paris a dénombré entre 200 et 300 demandes supplémentaires pour l’entrée en sixième. Un chiffre qui peut paraître raisonnable mais qui s’explique par une longue tradition parisienne d’évitement. Le nombre de dossiers y a toujours été très élevé : 2 400 en 2006.

En Ile-de-France, l’académie de Versailles (la plus importante du pays avec 982 000 élèves accueillis dans le public), qui comprend les départements des Hauts-de-Seine, de l’Essonne, du Val-d’Oise et des Yvelines, a enregistré 1 300 demandes supplémentaires à l’entrée en sixième. "Cela représente un tiers de plus qu’en 2006", précise-t-on au rectorat. En 2006, les services avaient répertorié 3 500 demandes contre 4 800.

L’augmentation a été plus modérée à l’entrée en seconde avec 700 demandes supplémentaires, soit un total de 6 700. Cette concentration à l’entrée en sixième se trouve en partie expliquée par l’existence d’un logiciel d’affectation pour les élèves entrant en seconde qui permet quatre voeux. "Les parents disposent déjà d’un peu de souplesse pour le lycée", poursuit le rectorat. Les demandes pour le collège se répartissent assez uniformément entre les quatre départements. Néanmoins, quelques tensions sont prévisibles dans les secteurs les plus demandés. "Il faudra pousser un peu les murs dans certains établissements à Versailles, Saint-Cloud ou Sèvres", admet-on dans les services académiques.

Dans l’académie de Créteil (855 000 élèves scolarisés sur les départements de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne), les 1 000 demandes supplémentaires se sont concentrées à plus de 50 % sur la Seine-Saint-Denis.

En province, là encore, les situations diffèrent. Dans l’académie de Rennes (Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine et Morbihan), le nombre de demandes a augmenté très légèrement. Pour les Côtes-d’Armor, le rectorat a recensé 143 demandes supplémentaires (563 contre 420) ; dans le Morbihan, c’est 140 dossiers de plus qui vont être traités (664 contre 524). Le flux de demandes est encore plus minime en Ille-et-Vilaine et dans le Finistère, avec respectivement 72 et 21 dossiers supplémentaires. "Un changement dans la comptabilisation des dérogations explique le faible score en Ille-et-Vilaine, commente-t-on au rectorat de Rennes, mais d’une façon générale les flux ont été très modérés." En 2006, cette académie, qui scolarise près de 590 000 élèves, a satisfait 85 % des dossiers de dérogations à l’entrée en sixième et 79 % à l’entrée en seconde.

Dans une région où le secteur privé accueille près de la moitié des élèves (41,9 % pour l’ensemble de l’académie avec des pointes, comme dans le Morbihan, à 50 %), les parents ont-ils considéré qu’ils disposaient déjà d’assez de souplesse ? Difficile de le savoir, mais, comme on le souligne au rectorat, les passages entre privé et public et inversement touchent déjà 13 % des élèves de sixième et 12 % de ceux en seconde.

Dans l’Est, les flux ont été plus importants. 859 nouvelles demandes supplémentaires pour l’entrée au collège et 585 à l’entrée au lycée ont été enregistrées à l’académie de Reims. En tête des demandes, le département de la Marne. Rapprochements de fratrie et corrections d’"inepties administratives" constituent le gros des requêtes.

Dans l’académie d’Aix-Marseille, on comptabilise 2 950 dérogations pour l’entrée en seconde contre 2 750 un an auparavant. Côté collège, le rectorat enregistre 411 dossiers supplémentaires, dont 328 pour le seul département des Bouches-du-Rhône. Dans l’ensemble de l’académie, le nombre de dérogations s’élevait à 2 926 en 2007 contre 2 515 en 2006. Dans l’académie de Grenoble, le flux tourne autour de 300, là aussi centré sur la ville de Grenoble.

L’engouement attendu a-t-il été contenu en raison du calendrier ? C’est à la rentrée 2008 que nous verrons vraiment où nous en sommes, car, cette année, beaucoup de parents avaient déjà défini une stratégie avant l’annonce de l’assouplissement", explique-t-on dans un rectorat. Les familles concernées devraient recevoir une réponse autour du 15 juillet.

Catherine Rollot Article paru dans l’édition du 05.07.07.

mis en ligne le jeudi 5 juillet 2007
par ML



  
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