Avant le bac, "les parents sont trop bien intentionnés"
mercredi 6 juin 2007
Patrice Huerre, médecin-chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital d’Antony
Les épreuves du baccalauréat, qui débutent lundi 11 juin, sont une période de stress pour les candidats.
Comment les parents réagissent-ils de leur côté ?
L’investissement des parents à l’égard de la réussite de leurs enfants est de plus en plus fort. Ils sont de plus en plus stressés, de mieux en mieux intentionnés. Trop bien intentionnés. Ils n’ont plus la distance nécessaire en tant qu’adultes pour être des repères stables, des régulateurs d’humeur et de tensions pour leurs enfants. Eux-mêmes vibrent au rythme de leurs adolescents et ne sont plus capables de relativiser. C’est comme s’ils passaient les épreuves par enfant interposé.
Que dites-vous à ces parents ?
Il faut calmer le jeu, de telle sorte que les enfants puissent avoir le niveau normal de stress face à toute épreuve. Nous conseillons aux parents de prendre du recul. Si leurs enfants n’ont pas l’examen ou le concours visé, la Terre ne va pas s’arrêter de tourner.
Que les parents acceptent les mouvements d’humeur de leurs enfants ! Les claquements de porte, les accusations du type "Tu n’y comprends rien" sont des réactions normales. Les parents doivent les considérer avec le sourire et non comme des catastrophes, comme un échec de leur éducation.
Des enfants abusent de substances dopantes ou de tranquillisants pour faire face. Faut-il y voir un lien ?
L’abus de substances n’est pas étranger à l’attitude des parents. Les enfants qui ne trouvent pas un apaisement en famille vont se le procurer par eux-mêmes. La plupart vont prendre des substances anodines, comme des stimulants de la mémoire. Et il n’y pas de raisons de s’en priver si l’on en retire des bénéfices.
Certains vont accentuer leur consommation de tabac, de stimulants (café, thé, coca), parfois à très haute dose. Du coup, cela les rend plus anxieux. Ils ne parviennent plus à s’endormir et prennent des produits apaisants, licites ou illicites, type tranquillisants ou cannabis.
Quelle est la bonne attitude pour gérer ces périodes de stress ?
Lors des réunions que je fais dans les établissements scolaires, je demande aux parents de respecter les besoins de base de leurs enfants en termes de sommeil, de besoin alimentaire, de rythme de travail. Cela paraît évident, mais certains n’ont toujours pas identifié les besoins de leurs adolescents en terminale. ll ne faut surtout pas que toute la famille se mette au diapason des besoins du candidat au baccalauréat. Que les adultes continuent à vivre leur vie, leurs enfants ne s’en sentiront que mieux.