Le gouvernement prépare la suppression de la carte scolaire

MARIE-ESTELLE PECH

Une expérimentation sera lancée dès septembre 2007, avant la mise en place d’un nouveau système en 2008.

L’ASSOUPLISSEMENT de la carte scolaire, qui doit aboutir à terme à sa « suppression », entrera en vi­gueur dès la prochaine rentrée, a annoncé hier Xavier Darcos, le ministre de l’Éducation nationale. Ce dernier souhaite explorer toutes les pistes pour donner aux familles le droit de choisir l’établissement scolaire de leurs enfants. « Ce sera un changement profond », a précisé le ministère, car « les établissements scolaires auront à veiller à une diversification sociale et géographique de leurs effectifs ».

Cet assouplissement pourrait d’abord concerner de 10 à 20 % des affectations en septembre prochain. « Dès 2008, un nouveau système sera mis en place. » Un sys­tème qui implique « d’assouplir la carte scolaire dont les familles sont prisonnières quand elles n’ont pas les moyens de la contourner », a expliqué Xavier Darcos, reprenant ainsi une des promesses du programme de Nicolas Sarkozy.

Le ministre a néanmoins déclaré qu’« on ne pouvait pas régler une question aussi complexe du jour au lendemain », d’autant plus que les élèves sont pratiquement déjà affectés pour la rentrée prochaine. Mais une marge de souplesse existe. Certaines villes sont entièrement désectorisées, comme Avignon, Clermont-Ferrand ou Périgueux, la ville dont Xavier Darcos est le maire. À Paris, qui est un cas hors norme, une vingtaine de collèges bénéficient également d’une souplesse de recrutement.

Il est en revanche difficile de savoir précisément quel est le pourcentage d’élèves qui dérogent réellement aujourd’hui à la carte scolaire pour « fuir » un établissement de mauvaise réputation. À Paris, selon une étude datant de 2005, un millier de dérogations, chaque année, soit 8 % du total, « s’apparentent à de l’évitement ». Mais 40 % des élèves pa­risiens inscrits en sixième n’é­taient pas affectés dans leur collège public de rattachement, pour des raisons diverses (options, rapprochement de fratries...).

Réguler les flux d’élèves

Les demandes de dérogation existent essentiellement pour les collèges et dans les grandes villes. Sortie des milieux urbains, la carte scolaire n’est peu ou pas contournée, car les collèges sont souvent situés à plusieurs kilomètres les uns des autres. À l’école, les fa­milles recherchent avant tout la proximité, tandis qu’au lycée, la diversité de l’offre de formations et d’options assouplit d’elle-même la carte scolaire. C’est donc surtout au collège, où les choix d’orientation sont stratégiques, que de nombreuses fa­milles tentent de contourner la carte.

Le but de la sectorisation, créée en 1963, était de réguler les flux d’élèves à un moment où la population du pays augmentait et où les établissements scolaires poussaient comme des champignons. C’était avant tout une question de planification. La question de la mixité sociale s’est progressivement ajoutée, avec l’émergence du collège unique. La carte scolaire a encouragé des situations de ségrégation : dans les quartiers défavorisés les élèves en difficulté et, en centre-ville, la population scolaire favorisée. Les parents informés développent donc des stratégies de contournement, quitte parfois à inscrire leur enfant dans le privé ou à lui faire apprendre des options rares pour qu’il accède à un établissement prestigieux. Professeurs, journalistes et cadres supérieurs sont les professions les plus friandes du contournement de la carte... Les autres subissent.

Depuis plus de vingt ans, des expériences d’assouplissement ont été tentées. En 1993, un collège sur deux et un lycée sur quatre pouvaient ainsi accueillir des élèves hors de leur secteur. Un assouplissement sur lequel François Bayrou, ministre de l’Éducation entre 1993 et 1997, était revenu. Des expérimentations continuent à se faire ici et là mais « personne ne les a jamais évaluées ! » affirme Michel Richard, secrétaire national du syndicat des chefs d’établissements (SNPDEN).

Le projet de Xavier Darcos n’a en tout cas pas manqué de soulever l’indignation du Parti socialiste, qui a accusé le ministre de vouloir « casser l’école républicaine ». La présidente du syndicat lycéen UNL, Floréale Mangin, s’est également inquiétée, redoutant que cette réforme ne soit une « porte ouverte à la loi du plus fort ».

mis en ligne le mardi 22 mai 2007
par ML



  
BRÈVES

Free counter and web stats

Warning: file_exists() [function.file-exists]: Unable to access /mnt/152/sdc/c/1/ul.fcpe.rueil//inc-public.php3 in /mnt/115/sdb/c/1/ul.fcpe.rueil/mqu/log.php on line 61