70 000 collégiens suivent l’option "découverte professionnelle"

Choisir, au même titre que le latin ou le grec, une option "découverte professionnelle" est possible dans certains établissements depuis la rentrée 2005. Cet enseignement facultatif concerne aujourd’hui près de 70 000 élèves, soit environ 10 % des effectifs de troisième, et continuera sa montée en puissance en 2008. Ouvert, selon les textes, "à tous les élèves", ce module vise à leur offrir "une ouverture plus grande sur le monde professionnel et à les aider à poursuivre leur réflexion sur leur projet d’orientation".

Au collège Molière d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), 14 jeunes de troisième suivent une telle option, à raison de trois heures par semaine. Alexandra Cote-Sainsaulieu, professeur d’histoire-géographie, s’est tout de suite portée volontaire pour l’enseigner. "Il est important de montrer à nos élèves de banlieue, pour beaucoup d’origine étrangère, tous les métiers et les formations qui peuvent s’offrir à eux", affirme-t-elle.

Avec elle, les élèves ont notamment visité deux centres de formation d’apprentis, le département de physique de l’université Paris-VI (Jussieu), une école d’ingénieurs et l’Ecole professionnelle supérieure d’arts graphiques et d’architecture de la Ville de Paris.

Au départ, 25 jeunes étaient candidats à cette option mais tous n’ont pu être sélectionnés. "Quinze est un nombre raisonnable, considère Mme Cote-Sainsaulieu. On ne peut pas débarquer à plus lors d’une visite." Pour trouver des entreprises et des lieux de formation, l’enseignante s’appuie surtout sur son réseau de relations.

"DE PLUS EN PLUS INVESTIE"

En classe, les élèves s’entraînent à réaliser des présentations orales, pour lesquelles ils sont évalués. Ils se documentent avant leur sortie, préparent des questions. Katia, 17 ans, sait désormais ce qu’elle veut devenir : décoratrice d’intérieur. "Cette option m’a fait découvrir des métiers que je croyais hors de portée, dit-elle. Avant je ne pensais pas que j’avais mes chances." Oumou, 15 ans, apprécie de plus en plus cet enseignement. "Au début, je n’étais pas trop dedans mais, grâce aux visites, je me sens de plus en plus investie", assure-t-elle.

A la différence des matières classiques, la "découverte professionnelle" ne répond pas à un programme scolaire qui s’apprend dans les manuels mais est encadrée par une sorte de cahier des charges. Au collège Yvonne-Le-Tac, à Paris (18e), les trois professeurs chargés de la découverte professionnelle (technologie, sciences de la vie et de la terre, histoire-géographie) apprécient cette liberté pédagogique. "C’est une expérience très positive d’ouvrir la fenêtre et de regarder ce qu’il y a dehors, je me régale", estime Xavier Mallon, le professeur de technologie. Ici, pas de méfiance à l’égard des entreprises. "Le problème, pour le moment, c’est plutôt d’en trouver qui nous accueillent", poursuit M. Mallon.

Les trois enseignants ont choisi une approche sectorielle avec la découverte des métiers du bâtiment, de l’audiovisuel, de la restauration... Au total, 20 jeunes suivent l’option, de très bons comme de plus faibles. "Nous ne voulons pas que cet enseignement soit réservé aux élèves en difficulté ou qu’on destinerait à l’enseignement professionnel", explique Roselyne Rault, principal du collège.

C’est pourtant ce que font trop souvent les autres établissements, de l’avis de représentants de parents, de syndicats d’enseignants et de chefs d’établissement. Au ministère de l’éducation nationale, on reconnaît l’existence de cette dérive. "Ce n’est pas l’esprit des textes, et nous tentons de redresser les choses", explique-t-on. La proposition du délégué interministériel à l’orientation, Pierre Lunel, de rendre obligatoire cette option à la rentrée 2009 permettrait d’éviter cet écueil. Avec le risque, en la généralisant, de l’imposer à des enseignants et à des élèves pas forcément demandeurs et motivés.


Le Monde du 4 mai 2007

mis en ligne le samedi 5 mai 2007
par ML



  
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