Tohu-bahut contre la « note de vie scolaire »

Tohu-bahut contre la « note de vie scolaire »

Par Véronique SOULE LIBERATION

« Faudrait-il enlever un point pour une heure de colle, un demi-point pour l’oubli du matériel de cours, rajouter deux points si l’élève est élu délégué de sa classe ?

Je sais pourquoi j’ai mis 14,5 en histoire à un élève et non 14, mais pour la note de vie scolaire, les critères ne sont vraiment pas clairs.

Et puis quelle efficacité ? On sait déjà que les sanctions n’ont guère d’effet sur les perturbateurs. » Professeur d’histoire-géo au collège, Guillaume Delmas est contre la « note de vie scolaire ».

Comme d’autres établissements alentours, les enseignants de son collège, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), ont décidé de la boycotter. Lors des conseils de classe, ils lisent une brève motion rappelant leur hostilité. Au principal ensuite de décider de donner ou non des notes de vie scolaire.

L’une des nouveautés de la rentrée se met en place dans la cacophonie. Officiellement tout se passe bien. « J’attends avec impatience les résultats d’un rapport de l’inspection générale début 2007 mais je peux vous dire dès à présent que les retours sont très positifs », assurait mardi le ministre de l’Education, Gilles de Robien.

En réalité, cette note pose problème, notamment dans les quartiers défavorisés où l’on se refuse à instaurer ce qui ressemble à une « double peine », en sanctionnant des élèves difficiles déjà punis par des avertissements ou des heures de colle. « Certaines équipes enseignantes sont contre et le principal pour ; d’autres sont pour et le chef d’établissement contre ; certains ont décidé de mettre la mention "non appréciée" sur le bulletin scolaire, d’autres ont opté pour des lettres (A, B, C, D, E), résume le principal-adjoint d’un collège ZEP de la banlieue parisienne. Dans les établissements sans problème, il semble que la note n’ait guère provoqué de remous. »

Selon lui, il n’est pas exclu que les collèges ayant des mauvais résultats soient tentés, pour rehausser leur image, de distribuer des 20 sur 20 en « vie scolaire ».

« Mauvaise solution ».

Dès le début, le projet a suscité des réserves : précipité, trop flou sur les critères de notation, davantage un affichage qu’une réforme de fond. Consulté en mars, le Conseil supérieur de l’éducation (représentant les acteurs de l’enseignement) a rendu un avis négatif.

Le principal syndicat enseignant du secondaire, le Snes, ainsi que la première fédération de parents d’élèves, la FCPE, réclament son abandon. « Le ministère apporte une mauvaise solution à de vrais problèmes (absentéisme, incivilités...), alors qu’existe déjà toute une palette de sanctions disciplinaires », estiment-ils.

Brevet « dévoyé ».

La contestation touche même des acteurs modérés. Ainsi, la fédération des parents d’élèves PEEP, qui réclame un bilan dans un an, se demande comment noter l’engagement civique : « L’assiduité et le respect du règlement intérieur vont de soi et ne sont pas négociables. » La Société des agrégés est outrée que cette note compte pour le brevet, diplôme qui sanctionne des connaissances.

Même reproche du syndicat de l’enseignement privé CFE-CGC, qui juge le brevet « dévoyé » et lance : « A quand la prime de bonne bouille ? » « Je ne suis ni pour ni contre, poursuit le principal adjoint, le problème est le barème. Nous avons des élèves qui s’absentent pour aider leurs parents dans des démarches : faut-il leur retirer des points ? Nous avons eu une réunion avec l’inspecteur. Il nous a dit que l’on pouvait mettre 20 sur 20. Pour le reste, il était flou. »

Les contestataires comptent sur 2007 et sur un nouveau ministre pour annuler la note de vie scolaire, entre autres initiatives incongrues de Gilles de Robien.

mis en ligne le jeudi 7 décembre 2006
par ML



  
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