Liaison CM2=> 6ème collège

Extrait de : Fenêtre sur cours (Ecole et Recherche, rencontre d’automne) SNUipp (p.30-31)

On parle beaucoup de la liaison entre le cycle 3 (surtout le CM2) et le collège (surtout la 6e). Cela se fait parfois. Mais on n’a jamais explicité les raisons profondes qui militent pour cette liaison. Le point sur les obstacles, les raisons de ces obstacles et quelques pistes pour en sortir.

(Jean-Claude Guérin, Inspecteur Général honoraire, répond aux questions)

-  Quels sont les obstacles à cette liaison ?

Pour l’adminsitration, cette liaison se réduit généralement à l’harmonisation (dossier, nombre d’élèves...). Du coup, elle se résume le plus souvent à une visite du colège par les CM2. Les enseignants d’élémentaire et du collège peinent à dégager du temps pour se rencontrer, surtout quand rien n’est conçu, ni organisé dès la rentrée. Or cette liaison n’a de sens que si elle est régulière tout au long de l’année. Les quelques réalisations reposent essentiellement sur la disponibilité et l’engagement des enseignants et les facilités données par certains principaux de collège. Ainsi la mise en oeuvre d’un cycle virtuel CM2-6e n’a jamais eu de suite. Par ailleurs, les habitudes de travai entre professeurs d’école et de collège n’existent pas. Contrairement à ce qui était prévu à la création des IUFM, les enseignants n’ont jamais eu de moments de formation initiale commune même sur des thématiques qui leur appartiennent collectivememnt (développement psychologique, évolution du système éducatif...) Des échanges auraient pu aider à la compréhension des différences de travail.

-  Est-ce à dire que l’école n’est pas organisée pour ça ?

L’obstacle principal tient vraiment aux structures respectives du primaire et du secondaire. A tel point que ceux qui ont en charge le pilotage du système ne pratiquent pas non plus cette liaison : les IEN n’ont rien à voir au colège et inversement, lles IPR sur l’école. Ce sont deux mondes qui s’ignorent. Cette coupure structurelle est un héritage de l’histoire : une erreur fondamentale lors de la création du collège unique quand on n’a pas réfléchi et organisé ce que pourrait être l’école de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans. Pourquoi avoir fait du collège un petit lycée et ne pas l’avoir conçu comme une étape de la scolarité obligatoire ? On n’a pas tranché et les tentatives de "replâtrage" se heurtent aux déplorations : "les élèves passent de 1 à 10 enseignants... Les élèves ne savent pas lire..."

-  Doit-on conserver cette coupure ?

On n’a pas résolu le problème fondamental de la continuité des apprentissages qui signifierait de transformer le colège en cycle 4 et d’organiser un travail commun, y compris sur le plan pédagogique. Pourquoi des enseignants de collège n’interviendraient-ils pas en élémentaire et inversement des professeurs d’école dans le collège ? Le cloisonnement disciplinaire du collège doit aussi être interrogé. Par ailleurs l’absence de langage commun est une vraie difficulté. Le primaire à une plus grande sensibilité à l’entrée par les objectifs, les compétences et les connaissances. Les enseignants du secondaire y sont complètement étrangers : "ils ont été formés à l’entrée disciplinaire. Enfin les contenus sont aussi à repenser dans le cadre d’une école fondamentale de base avec les mêmes objectifs pour tous jusqu’à 16 ans..."

-  Comment faire ?

Si on ne résout pas cette coupure, on aboutit à une situation où ceux qui ne passent pas ce palier sont à terme éjectés. Mais permettre cette liaison implique du temps pour que les enseignants explicitent leurs objectifs car le ministère n’a pas réglé l’articulation des objectifs du primaire et du collège. Mais attention il ne s’agit pas d’établir un catalogue de pré-requis à l’entrée en 6e, mais de positionner les objectifs des uns et des autres par rapport aux objectifs terminaux. Ainsi il y a des objectifs propres au collège qu’il ne faut pas chercher à imposer au primaire, comme par exemple l’usage du cahier de texte : cette capacité méthodologique est sensée s’acquérir progressivement au collège. Eviter les injonctions mais soutenir et accompagner les équipes est le rôle indispensable de l’institution : de nombreuses tentatives ont déjà été découragées. Cette dynamique doit être enclenchée paroutout où c’est possible, sur des projets communs. Temps de travail en commun, formation, aides et suivi.

-  Témoignages annexés à l’article

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[1] "Il nous manque une solide formation commune au 1er et au 2nd degré, à la fois disciplinaire et sur l’analyse des pratiques" (une dir d’école mater)

[2] "primaire et secondaire analysent ensemble les programmes, travaillent ensemble sur l’évaluation...Mais nos dificultés sont avant tout structurelles : par exemple, les collégiens ne peuvent pas changer leur emploi du temps pour venir nous voir". (une conseillère pédagogique)

[3] "Nous avions organisé des rencontres et des visites de classe, y compris en maternelle, et nos collègues du secondaire ont été surpris de voir que l’on fait de vrais problèmes de math, du vrai travail d’écriture, avec de vrais emplois du temps." (une coordinatrice de REP)

[4] "Dès que l’on veut monter un module de formation sur la liaison CM2-6e, il faut prendre contact un an à l’avance avec des inspecteurs, des conseillers pédagogiques, des principaux, et. Et quand tout est enfin monté, on s’entend dire par l’IUFM :"Désolé, on ne sait pas organiser ce genre de formations !" Le paradoxe c’est que tout le monde sait ce qui’il faut faire pour créer des liaisons, mais que personne ne pilote". (un responsable en formation continue)

mis en ligne le samedi 18 novembre 2006
par ML



  
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