La récréation

La récréation Médiation : la cour mieux appréhendée

Pour restituer aux récréations leur sérénité perdue, de plus en plus d’écoles et d’établissements scolaires concernés choisissent la voie de la médiation. Assurée par des intervenants extérieurs ou par les élèves eux-mêmes, cette gestion des conflits via le dialogue semble porter ses fruits.

Petits conflits récurrents, tension diffuse, climat de violence avéré... Quelles que soient ses manifestations, le déni des règles dans les cours de récréation nuit invariablement au bien-être collectif. Pour remédier aux actes de violence et les prévenir, certains chefs d’établissements choisissent la médiation comme mode de traitement classique des infractions légères.

Les médiateurs éducatifs

Depuis dix ans, le département des Hauts-de-Seine met des agents territoriaux contractuels, spécialement formés, à la disposition des collèges qui en font la demande1. Elle-même ancienne médiatrice, Yamina El Assal2 explique : "nommés pour une année scolaire, les médiateurs sont présents dans les établissements volontaires à raison de 39 heures hebdomadaires3. Si leurs fonctions ne se cantonnent pas à séparer les bagarres4, leur rôle dans les cours de récréation est néanmoins primordial. Ils circulent, repèrent les élèves isolés, engagent la discussion, recueillent les confidences, préviennent les actes de racket, dissipent les violences verbales... Tout cela par le biais des mots".

Plus efficaces et plus structurés que feu les "grands frères", les médiateurs éducatifs sont en outre particulièrement sensibilisés à la protection de l’enfance. Ainsi Yamina El Assal précise-t-elle : "Lorsque le conflit de cour cache des éléments plus lourds, les médiateurs assurent le suivi adéquat avec les partenaires sociaux adaptés".

Les médiateurs scolaires

Offrir aux élèves impliqués dans des conflits légers la possibilité de trouver, par eux-mêmes, une solution à leurs problèmes. C’est précisément ce qu’attend Jean-Marie Agnan, principal du collège Jean Rostand, à Orléans, de l’expérience menée depuis quatre ans dans son établissement classé sensible5 : "auparavant, les conflits étaient souvent traités une fois les coups portés, donc trop tard et par le biais de la sanction. De fait il semblait manquer une marche dans l’escalier de la punition : celle du règlement à l’amiable des situations conflictuelles communes. Or il est apparu que certains élèves avaient par leur influence et leur place dans le groupe, un rôle à jouer dans la gestion des conflits de la cour". Organisé selon le modèle promu par l’AROEVEN6, ce dispositif de médiation assurée par des collégiens volontaires, formés et identifiés, semble avoir apaisé le climat de l’établissement désormais perçu, dans le quartier, comme une zone neutre et juste.

"Pour calmer et résoudre un conflit, les médiateurs écoutent toujours les différentes parties prenantes séparément avant les conduire au dialogue. Si la médiation échoue, et qu’aucune conciliation n’est trouvée, ce qui n’est pas fréquent, alors seulement l’équipe éducative prend le relais", précise le principal.

À l’école aussi

Agir sans contact physique, montrer l’exemple, ne pas abuser de son pouvoir, surveiller tout en ayant le droit de jouer... La charte des élèves médiateurs que les enfants de l’école élémentaire Alexandre Dumas à Epinay-sur-Seine7 ont élaborée, compte en tout sept points essentiels. Décidée en conseils d’élèves par les enfants eux-mêmes pour contrecarrer une "pollution de cour diffuse", cette médiation permet notamment aux écoliers de débloquer des situations de conflits survenant dans le jeu.

Yannick Trigance, directeur de cette école de 300 élèves classée en ZEP commente : "nous fonctionnons sur le principe de deux enfants volontaires par classe, selon un plan de rotation variable, de manière à ce qu’il y ait toujours une dizaine de médiateurs dans la cour au moment des récréations (qui sont échelonnées par cycle)" et reste prudent : "tout cela reste très fragile. Les enseignants et moi-même devons sans cesse faire vivre la médiation au-delà de la cour. La remettre en question dans la classe, dans les conseils d’élèves, dans les conseils de cycle... Bien que souple et bien vécue par les enfants, la médiation est encore loin de fonctionner en roue libre".

Marie-Laure Maisonneuve


(1) 96 médiateurs éducatifs départementaux sont actuellement en poste dans 76 collèges des Hauts-de-Seine. (2) Yamina El Assal est responsable adjointe du dispositif des médiateurs scolaires au sein du conseil Général des Hauts-de-Seine.

(3) Selon leurs besoins, les collèges peuvent accueillir simultanément un à trois médiateurs éducatifs.

(4) Voir également la page consacrée aux missions et actions des médiateurs éducatifs.

(5) Situé dans la ZEP de l’Argonne, à Orléans, le collège Edmond Rostand, nouvellement classé "ambition réussite" comprend 420 élèves, Segpa incluses.

(6) Les projets de médiation scolaire par les élèves ont été initiés en France par le sociologue Jean-Pierre Bonafé-Schmitt et sont promus par l’AROEVEN (association régionale des œuvres éducatives et de vacances de l’éducation nationale) qui aide les équipes des établissements à mettre en place la formation des médiateurs.

(7) Voir le site du groupe scolaire.

(8) Jean-Claude Rolland est conseiller pédagogique de circonscription. (voir aussi l’article 1/4 de ce hors-série)

mis en ligne le vendredi 7 juillet 2006
par ML



  
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