Absentéisme des élèves : comment faire face ?

Absentéisme des élèves : comment faire face ?

Quelles sont, pour vous, les causes du développement de l’absentéisme ?

Sans vouloir sombrer dans le passéisme, certaines découlent de l’évolution de la société, aujourd’hui beaucoup plus envahissante que par le passé. Le monde réel des jeunes se situe souvent ailleurs et, pour eux, l’école constitue un univers artificiel. Tant qu’ils n’en comprennent pas le sens, ils ont du mal à y adhérer, d’autant que la réussite scolaire n’est plus automatiquement synonyme de réussite sociale. Nous en arrivons donc aux causes inhérentes à l’école elle-même, qui doit retrouver une capacité à rentrer réellement en contact avec son public.

Comment faire ?

Il faut partir de l’individu, j’allais presque dire de l’intime. Neuf fois sur dix, un enfant ou un jeune qui trouve du sens à sa scolarité le fait parce qu’il a croisé un "passeur", une personne capable de lui donner envie. On assiste ainsi à des métamorphoses complètes. Certains élèves, en situation de refus changent du tout au tout. Il peut parfois suffire d’une rencontre avec une jeune fille, épanouie dans sa scolarité ! Les enseignants ne sont pas là que pour transmettre des connaissances ou des modes de comportement. Nous devons, nous aussi, susciter l’adhésion, aider les jeunes à se projeter dans leur vie.

Cela veut dire qu’à chaque fois qu’un élève est sur le point de basculer, il faut l’accompagner individuellement ?

Chaque cas d’absentéisme est unique et demande, en effet, d’intervenir rapidement pour instaurer un échange. Ce travail doit se faire en équipe, car le croisement des regards est fondamental. Et je parle d’équipe au sens large : il faut créer des relations de confiance, établir un lien avec les familles, entre enseignants, direction et conseillers d’orientation, entre les adultes et le jeune... Assistantes sociales, infirmières et médecins scolaires doivent également être associés à ce travail. L’école doit redevenir plus humaine.

Comment traduire ces principes au quotidien ?

Si l’on prend l’exemple des périodes d’examens, quelques élèves préfèrent réviser chez eux. Je ne leur donne pas forcément tort. L’an dernier, nous avons été à deux doigts de traduire une élève de terminale littéraire en conseil de discipline. Quelques semaines plus tard, elle obtenait son bac avec mention. Le système est donc trop figé. Il faut dépasser la stricte application d’une règle et voir comment le dernier mois peut être adapté en fonction du profil des élèves. Chaque cas doit donner lieu à la mise en place d’un plan personnel : certains viendront plus, certains viendront moins au lycée que d’autres. Mais il faut que cela ait été concerté, pour que la souplesse ne devienne pas laxisme. Il me semble également important de changer le regard, trop souvent teinté de suspicion, porté sur ces élèves, et même sur leurs familles. Parfois, en réunion de parents, des professeurs tiennent, publiquement, des discours très négatifs et trop généraux sur des élèves. C’est le meilleur moyen de décourager tout le monde.

Propos recueillis par Patrick Lallemant

(1) Lycée technique régional de Marseille

mis en ligne le vendredi 9 juin 2006
par ML



  
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