Quand scolariser ses enfants devient rentable...

Quand scolariser ses enfants devient rentable...

L’éradication du travail infantile n’est pas qu’un impératif éthique : elle rapporte à terme.

A l’instar du sida, la lutte contre le travail des enfants ne repose pas uniquement sur une impérieuse nécessité morale, éthique ou humanitaire. Elle s’impose aussi par un souci apparemment moins urgent : l’efficacité économique.

Cette forme de « réalisme », prônée par l’OIT (Organisation internationale du travail) et déjà validée par une étude de la Banque mondiale en 2002, revient à s’interroger ainsi : quels sont les coûts et les bénéfices de l’élimination du travail de plus de 200 millions enfants ?

« Sortir du mal-développement ».

Selon une étude publiée en 2004 par l’OIT, 760 milliards de dollars sur vingt ans (injectés notamment dans l’éducation) rapporteraient... 5 106 milliards de dollars.

« Les avantages l’emporteraient sur les inconvénients par un ratio de 1 à 6,7, détaille la Japonaise Yoshie Nogushi, juriste au programme international pour l’élimination du travail des enfants (Ipec) de l’OIT, soit un taux de rendement interne de 43,8 %. » Autrement dit, pour 100 dollars investis, les gouvernements en récupéreraient 143,8 par an. Qui dit mieux ? D’autant que le montant de l’investissement est « extrêmement faible » par rapport à « la charge que représente le financement du service de la dette ou les dépenses militaires », rappelle l’OIT. Par exemple, un coût moyen de 55 milliards de dollars par an au cours de la première décennie du programme ne pèserait que 5,5 % du service de la dette des pays en développement.

Ce choix politique en faveur du développement humain « est tout à fait réalisable par les Etats s’ils veulent vraiment sortir du mal-développement », estime Yoshie Nogushi. Le coût unitaire (coût par enfant soustrait du travail) provient d’une étude sur les projets menés par l’Ipec dans 18 pays. Il varie évidemment : de 139 dollars en Afrique à plus de 1 600 dollars en Amérique latine. Mais, sur quoi s’est basé l’Ipec pour estimer le coût d’un tel programme ? Avant tout, sur le coût du capital fixe (construction de bâtiments) et les coûts renouvelables (formation des enseignants) liés à l’éducation. Mais pas uniquement. « On intègre aussi l’argent à verser aux familles pour qu’elles acceptent de ne plus faire travailler leurs enfants. » A l’image des projets pilotes de transferts de revenus menés au Brésil via l’initiative Bolsa escola où les familles pauvres perçoivent 60 à 80 % de la valeur moyenne du travail de leurs enfants.

Dépenses sociales.

Pour calculer les bénéfices, analyse Yoshie Nogushi, « on montre que chaque année supplémentaire passée dans le système éducatif se traduit par une hausse de 11 % des futurs revenus annuels ». Seul hic : le programme entraîne une hausse des dépenses sociales (+11% en moyenne) quand la doxa libérale vise à limiter l’intervention de l’Etat...


Libération du 5 mai 2006

mis en ligne le samedi 6 mai 2006
par ML



  
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