Le ministère rebat les cartes de l’éducation prioritaire

LE FIGARO M.-E. P. [14 décembre 2005]

Finis les sigles peu compréhensibles pour le profane de ZEP ou de REP et les connotations péjoratives qui les accompagnent lorsque sont évoqués les établissements scolaires difficiles. Pour redorer leur blason, le ministre de l’Éducation nationale préfère parler d’« éducation prioritaire » répartie en trois niveaux (EP 1, EP 2, EP 3).

Le plan qu’il a présenté hier ne se borne cependant pas à un simple changement de vocabulaire, mais à une réforme sans précédent de la carte de l’éducation prioritaire. Lors de leur création, il y a vingt-cinq ans, les ZEP étaient censées donner plus à ceux qui ont moins. « Aujourd’hui, on donne trop peu à trop de monde », a résumé Gilles de Robien. A la rentrée 2005, 911 établissements scolaires étaient classés en ZEP, contre 363 en 1982. « Nous allons rendre plus ciblé le système actuel », a-t-il expliqué.

Dès la rentrée 2006, le niveau 1 correspondra aux 200 à 250 établissements qui concentrent le maximum de difficultés. Seront notamment pris en compte la situation sociale des familles, la part des élèves ayant un retard de plus de deux ans et les non-francophones. Ces établissements bénéficieront de quelque 1 000 enseignants expérimentés recrutés sur des « postes à profil » pour renforcer les équipes pédagogiques. Après cinq ans passés dans l’un de ces collèges, ils bénéficieront d’une accélération de leur carrière. Trois mille assistants pédagogiques seront par ailleurs nommés pour faire du soutien scolaire.

Dans ces collèges, a précisé le ministre, « on ne redoublera pas ». Les parcours scolaires et la progression des élèves seront individualisés « par groupe de compétences », afin de supprimer tout redoublement. Des études encadrées y seront mises en place quatre soirs par semaine. L’enseignement de découverte professionnelle de trois heures sera par ailleurs dispensé dès la 4e et non en 3e. Enfin, les élèves ayant obtenu une mention « bien » ou « très bien » au brevet dans ces collèges auront le droit de s’affranchir de la carte scolaire et de choisir leur lycée.

Des mesures qui « résulteront d’économies internes » Le niveau 2 regroupe environ 300 établissements également considérés comme « difficiles », mais qui comportent plus de mixité sociale que les premiers. Ils continueront à bénéficier comme dans toute ZEP de quelque 10% de moyens supplémentaires par rapport au reste du système éducatif. Comme les établissements de niveau 1, les enseignants y bénéficieront de bonus dans leur carrière et quelque 2 000 assistants pédagogiques vont y être nommés.

En revanche les quelque 500 établissements classés en niveau 3 - dont 200 actuellement en ZEP et 300 en REP - ont vocation à sortir progressivement du dispositif de l’éducation prioritaire d’ici à trois ans. Pendant ce laps de temps, les enseignants actuellement en fonction conserveront les indemnités liées aux ZEP.

La réforme sera mise en place à budget constant, par redéploiement dans le cadre du projet de budget 2006. Ces mesures « résulteront d’économies internes », a souligné le ministre. Cette précision n’a pas manqué d’être soulignée par les syndicats d’enseignants comme le Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées qui considère en outre que le droit de dérogation à la carte scolaire pour les bons élèves « ne pourra qu’accentuer la ghettoïsation des lycées de banlieue ». L’Unsa-Education se félicite en revanche de « propositions qui se démarquent des formules à l’emporte-pièce », mais a prévenu qu’elle s’opposerait à « une politique visant à réduire considérablement le nombre de ZEP ».

mis en ligne le mercredi 14 décembre 2005
par ML



  
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