Intervention d’ouverture de Georges Dupon-Lahitte, Président de la FCPE

Intervention d’ouverture de Georges Dupon-Lahitte, Président de la FCPE

Cher(e)s camarade(s), cher(e)s ami(e)s,

2005 Congrès de Strasbourg

Un choix qui bien évidemment n’est pas dû au hasard.

Tout d’abord, la qualité du projet et le dynamisme de l’équipe, dont nous venons d’avoir un aperçu avec l’intervention de Cécile, ont convaincu le CA national.

Outre la force de conviction des militants et militantes bas-rhinois et le charme, la beauté sans conteste, de Strasbourg et de l’Alsace, c’est aussi la force du symbole qui nous ont guidés.

Un double symbole : en premier, celui de l’année 2005, centenaire de la loi de séparation des églises et de l’Etat. Est-il besoin de rappeler la constante de la position de notre fédération sur la question ? La FCPE défend et milite pour la laïcité. Nul ne sera surpris par cette position. C’est pourquoi, aujourd’hui comme hier, nous revendiquons l’application pleine et entière du principe de laïcité sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, pour tous ceux qui auraient perdu de vue cette posture fondamentale de notre fédération, n’hésitons pas à réaffirmer notre détermination à voir s’appliquer ce principe fondamental de la République sur l’ensemble du territoire national. Cette exigence est d’autant plus ferme de notre part qu’après bien des débats a été adoptée la loi dite de laïcité sur le port des signes religieux à l’école. Sans revenir sur les arguments échangés, nous ne pouvons que constater - comme nous l’avions dénoncé l’an passé que dans les départements d’Alsace-Moselle - que tout signe d’appartenance religieuse est interdit aux jeunes dans des écoles qui, dans le même temps, leur font obligation de suivre un enseignement religieux. Sans surprise, la FCPE réitère la condamnation de l’hypocrisie législative de notre République qui interdit certains signes religieux tout en pérennisant une pratique hors d’âge.

De ce point de vue aujourd’hui, à Strasbourg, nous rappelons la déclaration solennelle adressée au Président de la République à notre congrès de Bobigny en 1997 pour que cesse cette exception à la loi commune.

La FCPE, en 2005, fidèle à ce qui a toujours été sa ligne de conduite, exige que cesse l’hypocrisie qui consiste à se prévaloir du principe universel de la laïcité et tolérer en même temps, si ce n’est protéger, une situation en contradiction totale avec une des valeurs communes fondatrices du vivre ensemble.

L’école publique en Alsace-Moselle ne peut et ne doit plus être un lieu de propagande religieuse.

La liberté de croire ou de ne pas croire est une affaire privée, et il est intolérable qu’au prétexte d’héritage historique soient maintenues des obligations liberticides.

La FCPE respecte le droit de croyance ou de non croyance. C’est pour cela qu’elle exige que le principe de laïcité de l’école s’applique ici comme sur le reste du territoire national.

Strasbourg, l’Alsace, c’est aussi deuxième élément symbolique, une histoire marquée par des rivalités étatiques si ce n’est impérialistes qui furent la cause de souffrances imposées aux populations. La rivalité franco-allemande fut cause de souffrances meurtrières. C’est aussi pour cela que notre présence aujourd’hui dans cette belle province n’est pas fortuite. Pendant des siècles, les nationalismes ont imposé affrontements, guerres et déchirements. Au lendemain du second conflit mondial et dans un contexte international qui a heureusement changé depuis, il est apparu nécessaire, indispensable de mettre fin à cette spirale.

En cela, Strasbourg est un symbole fort. Dans une volonté forte d’éradiquer définitivement les oppositions séculaires, des femmes et des hommes de paix décidèrent de construire une Europe nouvelle. La naissance du Conseil de l’Europe, quelles qu’en soient les limites, traduit cette volonté.

C’est ainsi que Strasbourg devint la capitale de cette première institution européenne porteuse d’espoir, de paix et d’harmonie.

Etre aujourd’hui à Strasbourg, c’est donc, à la fois, rendre hommage à toutes celles et ceux qui furent victimes de rivalités absurdes et sanguinaires, et à celles et ceux qui s’engagèrent dans la voie de la compréhension et du respect de l’autre afin de promouvoir le vivre ensemble.

Cette volonté de connaître l’autre, de s’enrichir des pratiques de compatriotes européens fut, sans nul doute, un moteur de la décision du CA national.

Certes, le contexte actuel n’est pas sans risque pour la sérénité de nos débats.

Pour autant, c’est forts de notre position non partisane, respectueuse des choix de chacun, que nous osons aborder lors de notre congrès la question de l’éducation en Europe. Chacun le sait, nous nous interdisons pour des raisons statutaires, si ce n’est déontologiques, de prendre position dans le débat actuel sur l’avenir institutionnel de l’union européenne. Bien que cela soit difficile, la FCPE confiante dans la rigueur intellectuelle de ses membres, a choisi de s’interroger sur l’éducation dans les pays de l’Union. Parce que la paix entre les peuples, la connaissance et le respect de l’autre sont au cœur de notre démarche, notre fédération a choisi dans ce lieu symbolique qu’est Strasbourg, de travailler sur ce thème.

Fidèle au message de ceux qui sont à l’origine de la Convention des Droits de l’Homme, nous nous engagerons dans la voie du respect et de la compréhension de ce qui se fait chez nos voisins sans pour autant, bien évidemment, abandonner nos valeurs et nos idéaux.

Pour la connaissance et la compréhension des autres, la FCPE entend à la fois agir pour l’amélioration de notre système d’éducation nationale et favoriser le partage par les générations montantes du principe de fraternité que notre République française a, depuis la Révolution, posé comme élément de l’émancipation de chacun.

Lors de notre dernier congrès de Nantes, nous nous sommes retrouvés, unanimes, autour d’une déclaration solennelle qui fixait le cap pour l’année scolaire à venir.

Ce cap, nous l’avons tenu.

Nous avons respecté nos engagements, nous sommes restés fidèles à nos convictions, et les principes de cette déclaration solennelle nous ont servi de guide pour combattre une loi d’orientation et de programme néfaste.

Parce qu’ils sont plus actuels que jamais, ces principes nous serviront encore à jouer pleinement notre rôle de parents d’élèves, car la FCPE reste totalement mobilisée au moment où il s’agit d’examiner des projets de textes réglementaires dont les conséquences ne sont pas minces pour l’avenir de notre service public d’éducation.

Ces principes, cher(e)s ami(e)s, je souhaiterais simplement les rappeler devant le congrès.

Et ce malgré le fait que certains, extérieurs à nos rangs, et le Ministre lui-même, voudraient bien faire croire à l’opinion publique que nous n’avons rien à proposer, que nous pratiquons l’opposition systématique, que nous ne sommes qu’un des rouages d’un front du refus, sans projets et sans alternative. Ces principes ont été l’ossature de notre action pour l’année qui vient de s’écouler. Ils constituent toujours notre carnet de route :

L’enfant, le jeune sont au centre du système éducatif.

Face aux risques d’instauration d’une école libérale, ségrégative et sélective, l’Etat républicain est le seul garant d’une école publique qui est l’école de tous.

Pour qu’elle soit l’école de tous, elle doit être gratuite et laïque, c’est-à-dire ouverte jusqu’aux plus démunis et accueillante pour chacun, sans discrimination, dans un esprit de respect mutuel et de coopération.

Pour tout cela, la Nation doit se doter d’un projet éducatif ambitieux, et bien sûr, s’en donner les moyens.

Enfin, les parents sont des membres permanents, et à part entière, de la communauté éducative.

Nous avons, nous, parents, une responsabilité que nous entendons pleinement assumer en matière éducative, en matière citoyenne, et aussi, n’en déplaise à certains, en matière pédagogique.

Personne ne nous contraindra au silence ou à la marginalisation. Qu’on ne compte pas sur nous pour jouer les faire-valoir, les alibis démocratiques, ou les pièces rapportées du conseil d’école ou d’administration.

Il est tout aussi inutile de jouer, par calcul, les parents contre les enseignants, qu’il est mensonger d’en faire les courroies de transmission des appareils syndicaux.

Quiconque a pris la peine de nous écouter ou de nous lire, sait que notre parole se construit de façon autonome, indépendante, et libre.

Notre opposition, résolue et raisonnée, à la loi d’orientation, est fondée sur une conception de l’école qui est aux antipodes de celle qui est développée par l’actuelle majorité au pouvoir.

Et s’il est heureux que la FCPE se retrouve librement dans le combat unitaire lorsque celui-ci est possible, elle sait aussi affirmer son identité : quand la FCPE dit non, elle dit pourquoi et son analyse, si elle est parfois partagée par d’autres, lui est propre.

Ainsi en est-il de la loi d’orientation, réclamée par le Président de la République, et mise en œuvre en traînant des pieds par deux ministres successifs, l’un parce qu’il ne croyait qu’aux vertus de sa propre littérature, l’autre parce qu’il aurait bien voulu faire autre chose.

Au passage, on a trompé les Français en leur faisant croire, par commission nationale interposée, qu’on ne se contenterait pas de les écouter, mais qu’on tiendrait compte, au moins en partie, de leur avis.

Le rapport de la commission Thélot à peine remis, François Fillon annonçait le peu de cas qu’il en ferait.

Là, au moins, pour une fois, le Ministre a tenu parole.

Ainsi, contre vents et marées, quelles qu’aient été les protestations, les critiques de tous bords, le gouvernement a fait voter sa loi d’orientation sur l’école.

Droit dans ses bottes, sourd à toute remarque et dans la négation du débat démocratique par l’utilisation de la procédure d’urgence, le Ministre a obtenu de l’actuelle majorité qu’elle entérine un texte sans souffle et sans ambition.

Car il fallait d’abord faire la peau de la loi d’orientation du 10 juillet 1989, l’éliminer du paysage, la vider de son sens, casser sa cohérence.

Le Ministre Fillon s’est bien gardé de tout bilan critique de la loi de 89, alors que celui-ci paraissait naturel et que nous le réclamions.

Il nous livre, pour solde de tout compte, une loi croupion, délestée symboliquement d’un rapport annexé indigeste.

Pour autant, nous aurions tort de prendre les choses à la légère.

Ce n’est pas parce que la potion est fade qu’elle est inoffensive.

L’important, le décisif, le significatif, se jouent parfois dans l’arrière-cuisine : rappelons-nous que le Ministre n’a pas eu besoin de la loi pour toucher au conseil de discipline, aux travaux personnels encadrés ou à la classe de troisième.

Aussi, ne nous leurrons pas, et ne trompons pas les parents : la loi, même amputée, existe.

Et le rapport annexé, même s’il a perdu toute valeur législative, a conservé - comme nous le prévoyions - toute sa capacité de nuisance : les actuels projets de textes réglementaires en font foi. |

Cette loi, la FCPE l’a rejetée et la rejette.

Elle n’a pas demandé son abrogation, car elle n’aurait pu être abrogée que par une autre loi, et dans un contexte et un rapport de forces politiques différents.

La FCPE a refusé d’épuiser ses forces dans un mot d’ordre démagogique et démobilisateur.

La suite a prouvé qu’elle avait raison. Mais mieux, la FCPE garde intacte sa capacité à poursuivre son combat, car elle s’est refusée à entraîner les parents dans une voie sans issue.

Cette loi, la FCPE l’a rejetée et la rejette, car l’idéologie qui l’inspire est en totale opposition avec son projet éducatif, et donc avec notre déclaration solennelle de Nantes 2004, plus actuelle que jamais, qui résume notre projet.

L’enfant et le jeune sont-ils au centre du système éducatif ?
-  NON, car ils sont renvoyés à leur seule responsabilité, ainsi qu’à celle de leur famille, quand ils sont en difficulté ou en échec !

La loi fait-elle vraiment de l’école publique l’école de tous ?
-  NON, car elle tend de nouveau à sélectionner, à exclure, à rejeter du système ceux qui ne sont pas dans la norme, à transférer une part de ses missions fondamentales aux officines privées de soutien scolaire, uniquement accessibles aux seules familles qui en ont les moyens.

La loi aide-t-elle l’école publique à résister suffisamment à l’esprit libéral ?
-  NON, car pour beaucoup trop d’élèves, c’est l’échec annoncé où le meilleur est celui qui sait jouer des coudes, bousculer l’adversaire, se débrouiller tout seul dans le labyrinthe d’un système où le chacun pour soi est souvent érigé en vertu !

Le principe de gratuité serait-il mieux respecté ?
-  NON, car si tel était le cas, a fortiori dans nos établissements à l’étranger, la pauvreté ou la précarité ne seraient pas les premières causes d’échec scolaire !

La loi - ou plutôt les lois - permettent-elles à l’école publique de vivre sereinement et efficacement la laïcité ?
-  NON, car alors elle ne craindrait pas alors d’accueillir en son sein des élèves qui ont besoin de cette école pour accéder à l’autonomie, au libre arbitre, à la réflexion critique, à la capacité à penser par soi-même, au dépassement de sa propre aliénation !

La loi propose-t-elle des avancées significatives dans la reconnaissance des parents comme membres de la communauté éducative ?
-  NON, car au-delà des formules incantatoires, elle ne leur donne aucun moyen nouveau d’être véritablement reconnus, acceptés, revendiqués comme des membres à part entière.

La loi donne-t-elle à l’école publique les moyens de faire accéder tous les jeunes à la réussite, première priorité qui s’est dégagée du débat sur l’avenir de l’école ?
-  NON, car, comme le dit si bien le chercheur de l’IREDU Denis Meuret à propos des objectifs de 80% d’élèves au niveau du bac et de 50% diplômés de l’enseignement supérieur, ces objectifs « ...n’ont de sens que portés par une vision positive du monde qui vient, des générations qui doivent l’habiter et de l’aide que l’école peut leur apporter à cet effet. Or, on nous dit qu’il faut plus d’école parce que le monde est plus dur et que les jeunes sont plus sauvages. On propose plus d’école comme on proposerait plus d’huile de foie de morue ».

C’est bien cette vision pessimiste, craintive envers sa jeunesse qui semble guider le gouvernement en matière d’éducation.

Vision d’une Education nationale orpheline d’un âge complètement mythique que l’historien Antoine Prost condamne sévèrement : « ...c’est la nostalgie du vieillard, dit-il, face à son image de petit enfant en culottes courtes. Cela n’a aucun sens -c’est même pathologique- tant la France a radicalement changé depuis... ».

Le Ministre Fillon vit mal ses contradictions.

Il en appelle, de façon mécanique, à une école qui donne confiance en soi.

Mais lorsqu’il laisse aller le fond de sa pensée, c’est un message extrêmement négatif de la société, de l’école et de la jeunesse qu’il délivre au pays.

Ici, il affirme sans nuance : « Quand la violence est éludée, quand les dealers gagnent plus que les travailleurs, quand les parents démissionnent, quand la télévision fait l’apologie des fausses valeurs, quand l’enfant est considéré égal à l’adulte, il ne faut pas s’étonner que des jeunes fassent régner leur loi ».

Là, il martèle : « La vie est dure. Le système éducatif se doit de préparer les jeunes à ce défi. Les examens, les contrôles, sont des moments de vérité où l’élève est seul face à lui-même. Notre mission doit être de l’armer pour son avenir ».

Bref, une philosophie de la vie où le bonheur n’est pas de ce monde, où l’homme, à part quelques esprits éclairés, ne vaut pas grand-chose, et a besoin d’être contrôlé, voire réprimé, dans ses désirs et ses pulsions coupables.

D’où cette conception, une nouvelle fois exprimée après un pèlerinage dans l’école rurale qui servit de cadre à l’auteur du « Grand Meaulnes » :

« Le savoir est chose sacrée, l’autorité ne doit plus être une conquête permanente des maîtres, la décision scolaire appartient en dernier lieu à l’enseignant qui est l’unique capitaine de son vaisseau. L’autorité est le corollaire clair et objectif de la réussite des élèves ».

Et bien non, Monsieur le ministre !

La décision scolaire, in fine, appartient à la famille, et doit impliquer de plus en plus le jeune au fur et à mesure qu’il grandit, en collaboration étroite avec l’équipe éducative !

Quant à l’autorité, Monsieur le ministre, que vous confondez le plus souvent à l’autoritarisme, elle ne se décrète pas.

Que ne faites vous autorité, Monsieur le ministre, pour peser de tout votre poids afin que certaines émissions, dites de téléréalité, cessent de piéger les jeunes dans cette seule alternative que souligne Philippe Meirieu : « le laxisme débile ou l’autoritarisme absolu, les deux faces d’une société qui ne parvient pas à trouver les nouveaux fondements de l’autorité ».

Car à l’Ecole, Monsieur le ministre, l’autorité en soi ne crée pas la réussite scolaire. En revanche celles et ceux qui parient sur l’éducabilité de chaque enfant et de chaque jeune, qui recherchent et mettent en place des situations variées d’accès à la réussite, au plaisir d’apprendre ensemble, construisent une image positive, valorisante de l’éducateur qui les autorise, qui leur donne autorité, c’est-à-dire légitimité, pour évaluer, encourager, demander plus, et parfois aussi, quand c’est nécessaire, sanctionner.

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La réussite scolaire pour tous, doit être la finalité de l’action d’un Ministre de l’Education nationale, et plus encore, de la société des adultes et de la Nation tout entière.

C’est aussi notre affaire, à nous, parents d’élèves.

La puissance publique, en n’oubliant personne, doit porter une attention particulière à celles et ceux qui ne partent pas avec les mêmes atouts dans ce parcours scolaire que trop sont contraints d’abandonner prématurément, ou qu’on invite insidieusement à quitter de façon précoce.

Et avant d’aller plus loin, nous réaffirmons ici, dans ce congrès, que nous condamnons toute orientation, toute sélection précoce, sous prétexte que certains ou certaines ne seraient « pas faits ». comme on dit, pour des études abstraites.

Ceci est un faux débat, un débat truqué, destiné uniquement à justifier le tri social entre les individus.

I1 n’existe aucune formation, aucune profession qualifiée qui n’exige à un moment donné un niveau suffisant d’abstraction et de formation.

Et comme chacun sait que l’emploi passe désormais par le plus haut niveau de qualification pour tous, alors il faut donner le temps à chaque élève, sans rupture, sans sélection, sans jugement pèremptoire et précoce, d’accéder à la maîtrise des outils qui permettent d’espérer ce niveau de qualification.

Tout le reste n’est que bavardage, démagogie et mensonge.

Dans le prolongement de cette affirmation, redisons très clairement et très fermement que condamner la violence des jeunes ne sert à rien si on ne s’est pas d’abord posé la question de savoir pourquoi celle-ci est fortement corrélée à un profond sentiment d’échec scolaire, accompagné d’un déficit d’estime de soi qui plonge ses racines dans une grave situation d’injustice sociale.

Et lorsque nous affirmons ceci, soyons bien clairs : il ne s’agit nullement d’excuser des violences scolaires, ni de légitimer n’importe quel comportement parental.

Cerner les causes de la violence n’est pas exonérer ses auteurs de toute responsabilité.

C’est essayer de comprendre pour résoudre le problème, mais c’est aussi prendre en compte toutes les causes de violence, en n’en dissimulant aucune, et voir comment elles agissent les unes sur les autres.

Il est des violences culturelles, économiques et sociales, que nous connaissons tous : ça n’est pas un simple hasard si l’augmentation de la violence scolaire se concentre particulièrement dans les lycées professionnels.

Il est des violences faites à l’enfant, au jeune, par manque d’attention, de vigilance, d’écoute, et qui échappent à tout déterminisme social et culturel : un récent rapport de l’INSERM montre que la violence dans les ZEP n’est pas plus importante qu’ailleurs.

Il est des violences que le jeune s’inflige à lui-même et dont l’on parle trop peu : durant l’année scolaire 2003-2004, les tentatives de suicide ont augmenté de 25%.

Il est des violences sociales relayées par l’institution : « quand, demande le sociologue Laurent Mucchieli, les jeunes dits « issus de l’immigration » seront-ils considérés comme des jeunes comme les autres, qui ont les mêmes besoins et les mêmes problèmes que n’importe quels jeunes ? ». Des jeunes sans papiers, sont rejetés du système éducatif en violation des lois républicaines, et menacés de reconduite à la frontière, nous ne pouvons rester sans réagir. Il est des violences commises par le monde de l’entreprise quand un rapport émanant d’une chambre de métiers pointe clairement la maltraitance comme étant l’une des raisons de la désaffection des jeunes pour l’apprentissage.

Il est des violences d’Etat lorsqu’il s’agit de rassurer une société inquiète de son avenir. Il s’agit alors de trouver des boucs émissaires : l’arabo-musulman en situation de complot permanent d’une part, et le jeune toujours trop turbulent d’autre part, quand ce ne sont pas, handicap suprême, les deux en même temps.

Evidemment, lorsqu’il n’y a pas de carottes pour tout le monde, on peut toujours lui substituer le bâton.

Le ministre Villepin, qui dirige la police comme un officier de cavalerie, fait entendre à cette jeunesse décidément trop agitée, contestatrice, bref malpolie, le claquement de sa cravache sur le cuir aristocratique de sa botte : il envoie massivement la troupe - 4 000 gendarmes et autant de policiers -avec - dit un journaliste sans doute mal intentionné - « une notoire prédilection pour les fameux établissements « sensibles », comme on dit, pour ne pas dire basanés ».

Ou encore il cherche à impressionner par cet incroyable déploiement de forces de police et de gendarmerie, de chiens policiers, pour traquer la drogue à la sortie des collèges et des lycées, et parfois même à l’intérieur. L’usage de la drogue est certes un problème grave, qui préoccupe à juste titre les parents, et la FCPE :mais c’est d’abord un problème social, sanitaire, éducatif, et ce n’est pas en cherchant le cannabis dans les cartables qu’on éradiquera la violence. De façon démesurée, démagogique, et totalement inefficace, on traite les élèves comme de vulgaires malfrats, au lieu de s’attaquer aux causes véritables.

Bref, ce n’est plus l’enfance en danger, c’est l’enfance coupable, ce n’est plus l’enfance fragile, c’est l’enfance perverse. Le même ministre, avec la complicité de certains responsables de l’Education nationale et l’indifférence de leur ministre de tutelle, fait intervenir la police dans un établissement scolaire pour interpeller en classe un élève, sorti manu militari, les menottes aux poignets : pour l’exemple et l’édification de la jeunesse.

C’est le même ministre dont la police, face aux manifestations lycéennes, manie la matraque de façon sélective : le 8 mars, la police laisse la violence s’exercer sans broncher au sein de la manifestation. _ Mais quelques semaines plus tard, elle réprime sans ménagement des manifestations pacifiques. Ce 8 mars là, la FCPE a condamné sans ambiguïté les violences dont on été victimes certains lycéens, elle a mobilisé ses militants pour qu’ils contribuent pacifiquement au bon déroulement des manifestations futures.

Pour autant, la lecture raciale qui a été faite de ces violences par certains, est inadmissible : des jeunes ont été agressés , et ceci quelque soit la couleur de leur peau. Et ce n’est pas s’abriter derrière une prétendue « culture de l’excuse » que d’affirmer qu’on ne peut réduire des phénomènes de haine sociale à cette simpliste et dangereuse lecture ethnique et raciale.

En tout cas, dans cette histoire, le gouvernement a voulu la violence par bravade et Joué le pourrissement par calcul. Le ministre de l’Education nationale porte une grosse partie de la responsabilité des incidents qui ont émaillé les derniers épisodes du mouvement lycéen, car il a longuement hésité avant de recevoir ses organisations représentatives, alors que la FCPE lui avait demandé, à maintes reprises, d’écouter les lycéens.

Ce qui ne nous a pas empêchés de dire clairement à ces derniers - ou tout du moins à certains d’entre eux - que les opérations de blocage des cours ou que d’autres formes d’actions très minoritaires étaient contre productives et se retourneraient contre leurs auteurs.

Il n’en reste pas moins qu’on ne peut prétendre faire rentrer ces jeunes dans le rang, alors que ce gouvernement fait preuve à leur égard et à l’égard de leurs revendications d’un mépris qui en dit long sur la place qu’il assigne réellement aux lycéens au sein de la communauté éducative.

La FCPE considère les organisations représentatives des lycéens comme des interlocuteurs responsables. Cette attitude l’a préservée de toute dérive démagogique et lui a permis d’exposer très clairement sa position sur la nécessité de faire évoluer les modalités d’examens du baccalauréat.

Sur ce sujet, il est vraisemblable que Monsieur Fillon aurait pu éviter une situation de blocage s’il n’avait déjà fait connaître, dès l’installation du groupe de travail ad hoc, les conclusions du dialogue avant que celui-ci n’ait débuté. C’est décidément une mauvaise manie de ce gouvernement : rappelez-vous, on a déjà connu le même schéma de pensée pour la loi sur le voile. C’était déjà du genre : « on veut bien dialoguer, mais on vous donne tout de suite les conclusions du dialogue : ou vous vous soumettez, ou vous sortez ! ».

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Mais quoi qu’il en soit, le gouvernement serait-il animé des meilleures intentions du monde, c’est mission impossible de vouloir lutter contre la violence, contre l’échec scolaire dès lors que trois budgets successifs ont été marqués par la suppression de milliers de postes d’encadrement.

Des jeunes aux chefs d’établissement, en passant par les parents, les enseignants, les associations complémentaires de l’école, l’accord sur ce point est d’une unanimité remarquable. Tous se sont adressés à lui, tous l’ont mis en garde.

Le ministre s’en moque. Le ministre passe outre.

Car finalement, à cette coupe sombre opérée dans le budget de l’Education nationale, il se résout sans se faire violence : la conception élitiste qu’il a de l’école s’accommode sans peine d’une réduction de moyens qui affecte prioritairement celles et ceux dont l’héritage culturel et social n’est pas conforme au modèle dominant.

Et c’est bien ce qui nous sépare fondamentalement de ce ministre, de ce gouvernement, et du Président de la République lui-même.

Derrière l’emploi commun d’un vocabulaire que le ministre emprunte parfois frauduleusement, nous ne mettons pas les mêmes réalités et les mêmes ambitions, nous n’avons pas la même idée de l’école démocratique, de la place de l’enfant et du jeune en son sein.

Lorsque la FCPE dit « communauté éducative », elle demande que soit respectée effectivement la place des parents dans les conseils d’administration, d’école ou de classe, qu’ils soient réellement associés à l’élaboration du projet d’école ou d’établissement, du règlement intérieur, qu’on leur donne le temps et les moyens d’assumer leur mandat et d’en rendre compte. Le ministre répond aux parents en minorant leur représentation au Conseil de discipline et reste muet sur le statut des parents délégués.

Lorsque la FCPE parle du « socle commun », elle dessine les contours d’un ensemble de savoirs, de compétences, de comportements dont certains sont fondamentaux, c’est-à-dire incontournables pour l’avenir des jeunes, et doivent faire l’objet d’une évaluation rapprochée pour que l’ensemble du socle soit acquis par tous. Le ministre, lui, se contente d’une énumération de groupes disciplinaires en renvoyant la suite des opérations à un Haut Conseil de l’Education.

Lorsque la FCPE revendique le collège unique et l’orientation positive, elle défend le principe d’une scolarité obligatoire sans rupture, où la différenciation pédagogique prend en compte chaque individu tel qu’il est, où il en est, tout en affirmant la nécessité de son intégration permanente au sein des collectifs que sont la classe et l’établissement. Le ministre, lui, rétablit une filiarisation masquée en fin de 5e"18, une sélection qui ne dit pas son nom en classe de 3eme, et propose un traitement cloisonné de la difficulté scolaire, sans objectif, sans méthode, sans programmation précise, en pleine cohérence idéologique - sinon opérationnelle -avec son collègue ministrede la cohésion sociale. Lorsque la FCPE réclame l’égale dignité des voies d’excellence, elle met l’accent sur les exigences intellectuelles, qui sont requises aussi par les voies technologiques, professionnelles et agricoles, sur les démarches d’apprentissage différentes que ces voies proposent et qui ouvrent à d’autres types d’organisation du travail, à d’autres modes d’exercice et de développement de l’intelligence. Le ministre, lui, continue de concevoir la voie générale comme la seule voie d’excellence, et l’ampute par ailleurs des travaux personnels encadrés pour revenir à un enseignement traditionnel qui, comme disent certains, a fait ses preuves. On est ainsi condamné aux autres voies par défaut, par indignité, indignité de poursuivre dans la voie générale ! Et l’élève « orienté » sera doublement en échec, car nous affirmons qu’un élève en difficulté ne le sera pas moins, a priori, dans des voies professionnelles de plus en plus exigeantes :

On pourrait ainsi multiplier les exemples d’un ministre de bonne éducation qui écoute courtoisement mais qui n’entend pas, y compris quand ses propres services le mettent en garde : sans doute a-t-il lu avec attention les derniers avis du Haut conseil de l’évaluation à l’école sur l’évaluation de l’orientation à la fin du collège et du lycée, sur le traitement de la grande difficulté scolaire au collège et à la fin de la scolarité obligatoire, sur « le redoublement permet-il de résoudre les difficultés rencontrées au cours de la scolarité obligatoire ? ».

En tout cas, il n’en a nullement tenu compte dans sa loi. Il a trouvé une solution plus radicale : il a dissout le Haut conseil de l’évaluation à l’école.

Sans doute a-t-il été attentif aux conclusions unanimes du rapport PERISSOL sur la définition des savoirs enseignés à l’école. Mais est-ce un hasard du calendrier si les résultats des réflexions de la mission n’ont été disponibles qu’après le vote de la loi d’orientation ?

Et que dire de propos qui se veulent rassurants sur l’école maternelle, alors que c’est elle qui est d’abord atteinte lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre une politique de réduction des moyens. Malheureusement, certains, pourtant animés par les meilleurs intentions, ont apporté un soutien involontaire à cette politique par une attitude très critique vis-à-vis de la scolarisation à 2 ans : certes celle-ci profite d’abord, semble-t-il, aux enfants des milieux défavorisés et/ou issus de l’immigration, en même temps qu’à ceux des milieux culturels et sociaux aisés. Quelle injustice, dit le ministre, que cette école qui profite autant aux riches qu’aux pauvres ! Et bien nous, nous disons tant mieux si chacun se côtoie et trouve son compte au sein de l’école publique, et on ne voit pas pourquoi les enfants des familles de classe moyenne ne pourraient pas, à court terme, tirer les mêmes bénéfices que les autres dès l’école maternelle !

L’accueil des enfants de 2 ans à l’école maternelle suppose que celle-ci soit adaptée à cet âge en termes de locaux, d’effectifs, d’encadrement. Nous partageons cette exigence et nous avons dénoncé de grandes insuffisances. Nous l’avons dit, écrit, répété. Mais faut-il pour autant renoncer à l’accueil des enfants de 2 ans au motif que les conditions ne sont pas réunies, ou faut-il, à l’inverse, exiger les moyens nécessaires pour développer cet accueil ? Le choix de la FCPE est fait, surtout lorsqu’on sait le rôle fondamental que constitue que joue la mise en place précoce des outils de maîtrise de la langue pour la suite de la scolarité

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On le voit bien, dans le vaste champ éducatif qui est le sien, la FCPE n’est pas dans une posture d’opposition systématique, mais dans une démarche dynamique qui la met en situation, notamment au travers de son projet éducatif, de proposer une politique d’éducation alternative pour la réussite de tous.

Alors, peut-on prétendre que les propositions élaborées par les parents d’élèves de la FCPE, que l’ambition qu’ils portent pour le service public d’éducation, sont utopiques ? Assurément non. Car elles sont à la fois issues de notre expérience quotidienne sur le terrain, des réflexions que nous menons lors de nos séminaires et de nos colloques, de l’apport des travaux de recherche en éducation, du débat permanent que nous entretenons avec les organisations syndicales et mouvements pédagogiques et d’éducation populaire.

Le discours que tient notre fédération serait-il donc démagogique ? Pas plus, car nous ne réclamons pas que le succès soit garanti sans conditions à chacun. En revanche, ce que nous exigeons de la puissance publique, c’est qu’elle offre à chaque jeune, sans exception, les moyens, les outils, les procédures, les méthodes diversifiées, et différenciées pour construire la vie sociale, professionnelle, personnelle qu’ils se sont choisie.

Et, de ce point de vue, nous ne balayons pas d’un revers de manche le principe de discrimination positive, et le principe des zones d’éducation prioritaires tels qu’ils furent promus et mis en oeuvre sous la responsabilité du Ministre Alain SAVARY.

La discrimination positive est détestable lorsqu’elle s’établit sur des bases ethniques. Elle est généreuse quand elle est sociale, c’est-à-dire quand elle donne plus à ceux qui ont moins, simplement pour qu’ils aient autant que les autres.

C’est la part que la Nation doit à chaque jeune, sans exclusive. C’est la contribution que doit la Nation à la construction du projet de vie des futurs citoyens qui l’incarneront.

Et c’est ce que dit à sa façon André LEGRAND lorsque, s’exprimant à propos de l’issue de la scolarité au collège, il évoque l’orientation des élèves entre les diverses voies de formation qui s’ouvrent à eux : « c’est après tout, dit-il, la vocation de l’Ecole. Ce qu’on peut attendre d’elle n’est donc pas qu’elle y renonce ; c’est qu’elle s’acquitte de cette tâche dans le respect maximum de l’égalité de traitement, de l’équité et de la justice ». A cela, André LEGRAND ajoute deux conditions qui rejoignent les attentes de la FCPE : que les ambitions restent élevées pour tous, que les choix opérés ne soient pas irréversibles, que, comme dit André LEGRAND, « des remords soient possibles ».

X X X

Un mot de clarification, avant de conclure, sur la journée de solidarité.

Cinq communiqués de presse, plusieurs interviews dans la presse écrite et audiovisuelle, et pourtant certains persistent à déformer la position de la FCPE.

Expliquons donc de nouveau les choses :

La FCPE, organisation de parents d’élèves n’a pas, es qualité, à prendre position sur le fond de cette disposition, qui relève du libre examen de chaque citoyen.

Elle a, en revanche, son mot à dire, en ce que cette disposition a des conséquences sur la scolarité des élèves, sur l’organisation de la vie familiale et associative, en ce que l’impéritie du gouvernement en la matière a des conséquences qui affectent le bon fonctionnement du système éducatif.

A ce sujet, le silence ministériel est éloquent.

Il n’y a, de la part de la FCPE, ni incivisme, ni dénonciation de dernière minute. A tous ceux qui par leur distraction, à commencer par le Ministre lui-même, découvriraient en ce mois de mai la position de la fédération, nous sommes obligés de rappeler que dès le début de l’année scolaire, nous avons clairement exprimé que les élèves n’étant pas des salariés la loi ne les concernait pas.

Qui plus est, nous avions déjà mis en garde le Ministère sur le fait que, dans le calendrier scolaire, le lundi de Pentecôte restait un jour férié, ce qui impliquait la non présence des élèves ce jour là dans les établissements.

Alors que cette question fait la une des médias, nous sommes aussi obligés de dénoncer l’incurie gouvernementale. En soit, cette question reste secondaire, et nous pourrions nous dire que c’est l’arbre qui cache la forêt.

En effet, que traduit-elle ? L’impréparation des décisions gouvernementales et la précipitation et l’absence de réflexion, qui se révèlent au moment de leur mise en oeuvre. Cela pourrait rester anecdotique si cela ne s’inscrivait à la fois dans une logique et une attitude qui dépassent l’actuel locataire de la rue de Grenelle.

Elargissons donc notre vision.

Tout d’abord, la journée de solidarité voulu par le Premier ministre, et dont nous connaissons toutes les incohérences, à commencer par son application dans l’Education nationale. Face aux difficultés et incohérences, François Fillon, contre vents et marées, assène des contrevérités juridiques, en osant affirmer que les élèves sont concernés. Bien étrange position d’un garant de l’égalité républicaine qui a le toupet de se retrancher derrière la loi pour prôner des pratiques (l’obligation scolaire), ce qui démontre par ailleurs sa méconnaissance du système éducatif. N’oublions pas que le même ministre, après les avertissements du Conseil d’Etat, et son passage en force au Parlement, s’est vu censuré par le Conseil Constitutionnel. Certes, ce n’est pas le fond qui fut jugé mais le respect des procédures légales. Ceci peut décidément nous faire douter de sa légitimité à asséner des vérités juridiques !

Enfin et pour élargir le débat, les derniers déboires du Ministre de la Justice Perben, retoqué par le Conseil d’Etat, ne manque pas de nous interroger sur certaines pratiques gouvernementales. Ceux de nos gouvernants qui s’instituent en docteurs et prescripteurs de la loi doivent, pour le moins, être irréprochables à cet égard. L’actualité peut nous permettre d’en douter. Il apparaît donc que domine chez ces derniers la volonté forcenée d’imposer à tout prix leurs points de vue.

Attitude dogmatique, idéologique, qui s’embarrasse bien peu du cadre républicain et révèle un total mépris des attentes exprimées par les citoyens. Ces revers cinglants devraient inciter nos gouvernants à la plus grande modestie, si ce n’est - restons résolument optimistes- les ramener à la raison.

Nous n’accepterons donc pas, sur ce sujet, la moindre leçon de morale ou de civisme.

Ce gouvernement veut-il donner des leçons de civisme, vanter le retour à l’autorité ? Bel exemple ! Les « défenseurs de l’autorité », en fin de compte, ne font que mettre en lumière l’autoritarisme de leur démarche.

« Faites ce que je dis, pas ce que je fais » semble être la devise de ce gouvernement.

Partant de là, comment peut-on accorder une quelconque crédibilité à ce ministre de l’Education nationale, qui fait de l’autorité une vertu que lui-même et le gouvernement ne cessent de bafouer.

L’autorité est une vertu morale qui s’enracine dans une pratique respectueuse du droit.

X X X

Cher(e)s Ami(e)s, Cher (e)s camarade(s),

Cette mise au point étant faite, restons déterminés et mobilisés. Faisons de ce congrès de Strasbourg celui de l’offensive et de l’ouverture.

Celui de l’offensive parce que nous n’accepterons jamais d’avaliser les dispositions d’une loi d’orientation mauvaise pour l’avenir de notre jeunesse. Nous sommes d’ores et déjà mobilisés pour en combattre les conséquences néfastes qui sont déjà visibles dans les premiers avant projets de textes d’application, notamment en matière d’orientation et de politique des cycles.

Congrès de l’ouverture, car nous avons placé ce congrès dans le cadre de l’Education en Europe, de l’ouverture aux autres, de l’ouverture à l’expérience d’autrui, voire même au-delà, puisque nous avons l’honneur d’accueillir à notre congrès une délégation de l’Union des Parents d’Elèves Progressistes Haïtiens, conduite par son secrétaire général Léo LITHOLU.

Notre Ecole Publique n’a pas à rougir du travail accompli par ses militants. Pour autant, des milliers de jeunes ne supportent plus une école qui les enracine dans l’échec. Il est donc nécessaire qu’elle s’ouvre et se confronte à d’autres savoir-faire, à d’autres systèmes, pour trouver des solutions novatrices.

Gardons-nous en effet de verser dans l’autosatisfaction, méfions-nous du nombrilisme qui aveugle et paralyse, sachons montrer l’exemple d’un travail coopératif qui bénéficie à tous, et d’abord aux jeunes, plutôt que de céder aux sirènes de la compétition individuelle qui exacerbe les rivalités.

Dispensons nous, avec le même souci de lucidité, d’une auto flagellation qui enferme dans la soumission à l’ordre établi et dans la négation de soi.

Offensive et ouverture sont complémentaires.

L’offensive et l’ouverture, c’est le refus de la résignation et du repli sur soi. C’est l’affirmation d’une forte conviction : celle de la richesse et de la fécondité d’une réflexion collective, généreuse et dynamique, qui génère des femmes et des hommes libres et responsables.

Réjouissons-nous, dans le même élan, de voir une jeunesse mobile, curieuse et fraternelle, qui saute allègrement les barrières géographiques, linguistiques et culturelles pour construire un monde de paix et de solidarité !

Montrons, ensemble, que l’ambition démocratique d’une école pour toutes et pour tous ne connaît pas de frontières !

Très fructueux et très riche congrès à toutes et à tous !

mis en ligne le mercredi 18 mai 2005
par ML

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