Et pourquoi pas la semaine de quatre jours ?

Et pourquoi pas la semaine de quatre jours ?

propos recueillis par Gaëlle Renouvel

Depuis un décret de 1991, le jour de la rentrée n’est plus un rendez-vous national. Certains élèves de primaire retournent à l’école une semaine plus tôt, afin de libérer le samedi matin. Les profs sont plutôt contre, les parents plutôt pour.


Pour Laurent Renaudeau - Président des Parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP) de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) « Elle est plus adaptée à l’évolution de la famille »

En 2001, les écoles de Nogent-sur-Marne ont adopté la semaine de quatre jours pour une période probatoire de trois ans. Aujourd’hui, 94% des parents d’élèves sont favorables à son maintien. La décision de reconduire la semaine de quatre jours est prise par les conseils d’école, composés du directeur de l’établissement, des instituteurs, des représentants des parents, de la mairie et du ministère de l’Education nationale. Un médecin scolaire et un psychologue sont parfois présents. Ces conseils ont voté à plus de 70% en faveur de la reconduction. Je suis contacté par des parents d’élèves d’autres communes qui souhaitent ce système.

La semaine de quatre jours respecte mieux le rythme des enfants. Elle leur permet de se reposer deux jours de suite. Elle est plus adaptée à l’évolution de la famille. La plupart des parents travaillent : le week-end est le seul moment où ils peuvent profiter de leurs enfants. Beaucoup sont divorcés. Pour celui qui n’a pas la garde des enfants, souvent le père, c’est important de pouvoir passer deux jours entiers avec son fils ou sa fille.

Les détracteurs de la semaine de quatre jours affirment qu’elle lèse les élèves défavorisés qui ne partent jamais en week-end. Mais n’est-ce pas profitable pour les enfants de passer du temps avec leurs parents ? De toute façon, peu de familles peuvent partir deux mois en vacances, et le problème des activités se pose aussi à ce moment-là. Les instituteurs défavorables à la semaine de quatre jours devraient avouer qu’ils veulent surtout conserver leurs deux mois de congés d’été. Le taux d’absentéisme de la semaine de rentrée anticipée, par exemple, est un argument fallacieux. D’après l’inspection départementale de l’Education nationale, il n’était à Nogent-sur-Marne que de 3% en 2003, beaucoup moins que celui du samedi matin.

Certains enseignants affirment également que la suppression de l’école le samedi est un frein au dialogue avec les parents. Il est vrai qu’en général ceux-ci ne travaillent pas ce jour-là. Dans notre circonscription, comme dans beaucoup d’autres, six samedis par an ont donc été maintenus. On peut arriver à des compromis. A Paris, par exemple, les enfants ont cours un samedi sur deux.


Contre François Testu Chronobiologiste spécialiste des rythmes de l’enfant, professeur de psychologie à Tours « Elle accentue les différences entre les élèves »

La semaine de quatre jours n’est pas adaptée au rythme de l’enfant. Sous couvert de mieux le respecter, on répond simplement au confort des parents. Ce n’est pas un hasard si seulement un quart des établissements l’ont choisie. Certaines écoles qui l’avaient adoptée sont même revenues à l’ancien système.

Cette organisation de la semaine crée un bouleversement du calendrier scolaire néfaste au bon apprentissage. Pour conserver le même volume d’heures, il faut rogner sur les vacances. La rentrée se fait une semaine plus tôt, avec un taux d’absentéisme non négligeable. Des jours sont souvent récupérés sur les vacances de la Toussaint. Or celles-ci correspondent à une saison où les enfants sont fréquemment malades et ont besoin de repos. Le premier trimestre, qui représente 45% de l’année scolaire, est fatigant. Il est pourtant fondamental : si l’élève a du mal à assimiler à ce moment-là, il aura des difficultés à rattraper son retard.

Une interruption de deux jours est beaucoup trop longue. La remise en route est laborieuse : les enfants ont des difficultés d’attention jusqu’au mardi midi. Et la tâche des enseignants est d’autant plus ardue qu’ils doivent concentrer sur quatre jours, au lieu de cinq, un volume de cours identique. En outre, ce système est très pénalisant pour les enfants les moins favorisés. Elle accentue les différences entre les élèves, ce qui est contraire à la mission de l’école républicaine. Pourquoi libérer du temps si on ne propose rien pour l’occuper ? Certains enfants passent leur week-end en bas des barres de leur cité.

Des réformes sont effectivement nécessaires pour mieux respecter le rythme de l’élève. Pas en lui imposant la semaine de quatre jours, mais en travaillant sur la journée. Le temps scolaire quotidien doit être réduit : il est aberrant que des enfants de 7 ans soient présents à l’école autant que ceux de 12. Ils arrivent beaucoup trop tôt et manquent souvent de sommeil. Il faut que les principaux apprentissages se fassent dans la matinée, moment le plus propice à la concentration. Je suis également favorable à une alternance de sept semaines de cours et deux de vacances.

mis en ligne le mardi 3 mai 2005
par ML



  
BRÈVES

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