Comment lutter contre le racket à l’école

Le racket figure à la 8ème place dans le classement des signalements de violences scolaires dans le second degré1.

Mais on le trouve dès l’école primaire. Face au mutisme des victimes, les enseignants sont souvent démunis. Pourtant, il suffit parfois d’un rien pour que les langues se délient...

Ce matin, les CM2 de madame Hugo ont de la visite. Juchée sur l’estrade, Marine Dubois se présente, avant de quitter son imperméable et d’apparaître... en uniforme d’agent de police ! Devant les yeux écarquillés des élèves, elle se veut rassurante : "Ne vous inquiétez pas ! Je ne suis pas venue pour vous arrêter mais pour vous parler... ".

Marine, 26 ans, est gardien de la paix. Depuis le mois d’octobre, elle intervient dans des établissements dans le cadre de la Mission de prévention et de communication (MPC) de la police urbaine de proximité. Son quotidien : prévenir les phénomènes de violences scolaires. Au programme de la matinée : le racket. Pendant deux heures, Marine s’attache à décrire l’engrenage dans lequel tombent les victimes et les peines encourues par les agresseurs. Elle insiste sur la nécessité de rompre le silence. Et ça marche : "Ils comprennent que le racket n’est pas une chose normale, que c’est un délit passible de prison et d’une amende. Ça crée une sorte d’électrochoc", explique la jeune femme. Du coup, il n’est pas rare qu’à l’issue de ses interventions des élèves lui confient en être victime.

Un phénomène difficile à repérer

Si les chefs d’établissement n’hésitent plus à faire appel à des policiers pour lutter contre le racket, c’est qu’il fait des ravages dans les cours de récréation. En France, 1.757 actes ou tentatives de racket ont été signalés dans le second degré durant l’année 2002-2003. Et il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg : "Le racket est extrêmement difficile à repérer, assure Corinne Rivière, principale adjointe d’un collège classé en Rep (Réseau d’éducation prioritaire). En général, c’est un phénomène de bande. La victime est terrorisée par les menaces de ses agresseurs. Souvent, on ne s’en aperçoit que quand elle craque". Pas facile en effet d’avouer à quelqu’un qu’on n’est pas assez fort pour défendre son goûter, son téléphone portable, une paire de chaussures ou un devoir... D’autant que pour arriver à satisfaire les exigences de l’agresseur, la victime doit souvent voler.

Être attentif aux changements de comportements

Prise au piège du cercle vicieux de la honte et de la culpabilité, la victime garde donc le silence. "Elle est envahie par la volonté d’un tiers, qui annule progressivement sa révolte et sa capacité de résistance. Outre la peur des représailles, c’est la peur d’apparaître comme un être faible qui l’empêche de se confier", explique Richard Renodo, psychologue scolaire à Marseille. Certains indices doivent néanmoins alerter : un changement soudain de comportement, un discours d’auto-dévaluation, un fléchissement des résultats scolaires, un surinvestissement, le souhait de ne pas sortir de la classe pendant la récréation, des absences ou encore des retards répétés.

En cas de soupçons, l’enseignant doit parler à l’élève et en référer à l’équipe éducative. Il ne faut pas hésiter à faire appel au psychologue scolaire si l’élève présente un malaise profond2 ou au médecin scolaire. En tout état de cause, la famille doit être informée rapidement. C’est elle qui doit prendre les mesures nécessaires pour protéger l’enfant, notamment porter plainte contre l’agresseur. L’école ne saurait en effet se soustraire aux lois qui s’appliquent dans la société. Or, l’auteur d’un racket peut être condamné pour extorsion, un délit passible de 100.000 euros d’amende et/ou de sept ans de prison lorsqu’il est commis à partir de 16 ans. La peine est divisée par deux lorsque l’auteur est âgé de 13 à 15 ans.

Laetitia de Kerchove

(1) Source et détails : cliquez ici

(2) Sur ce point, le service "Jeunes violence écoute" (0800 20 22 23) s’adresse à tous les jeunes confrontés à des situations de détresse et qui souhaitent avoir des informations et des conseils.

La Mission de prévention et de communication (MPC) de la police urbaine de proximité a été créée en 1999. Elle a notamment pour rôle de prévenir les violences en milieu scolaire. Ses agents sont triés sur le volet. Ils reçoivent une formation spécifique pour s’adresser aux différents publics des établissements scolaires. Pour faire appel à eux, il suffit de s’adresser au commissariat de police dont dépend l’établissement.

mis en ligne le mercredi 2 février 2005
par ML



  
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