Cher, inefficace... Certains spécialistes de l’éducation le condamnent sans vraiment proposer d’alternative.

Cher, inefficace... Certains spécialistes de l’éducation le condamnent sans vraiment proposer d’alternative.

Les conseils de classe de troisième trimestre se profilent, porteurs parfois de mauvaises nouvelles.

Sur le bulletin, le mot couperet : redoublement.

Les parents un peu informés se souviendront alors qu’un rapport de la Cour des comptes vient de proclamer que le redoublement serait à bannir. Et seront tentés de contester la décision du conseil de classe, au grand dam de professeurs qui y voient une remise en question de leur compétence. Mais peut-on reprocher aux parents d’écouter les experts ?

« Redoubler est inefficace, pénalisant, coûteux et injuste », affirme ainsi la sociologue Marie Duru-Bellat, rejoignant en cela la position d’un autre sociologue, François Dubet, ou du chercheur en sciences de l’éducation Denis Meuret. Leur idée : proposer à un élève en difficulté de refaire une deuxième fois ce qu’il n’a pas su assimiler dans un premier temps ne le sortira pas d’affaire. Mais surtout, le redoublement ternirait « l’image de soi » de l’élève et son âge plus avancé inciterait les professeurs, en fin de cursus, à le noter plus sévèrement et à l’orienter davantage vers des filières professionnelles.

Motivation de l’élève

Pourtant, la sociologue Nathalie Bulle, auteur de L’École et son double (éd. Hermann), est réservée sur les études censées prouver que le redoublement ne sert à rien. « Elles posent des problèmes fondamentaux, explique-t-elle, car elles échouent à montrer les progrès des élèves ayant redoublé et font apparaître au contraire comme des effets du redoublement des difficultés qui peuvent être dues à des facteurs extérieurs et qui expliquent le redoublement. »

Autrement dit, si les élèves qui ont redoublé leur CP n’ont que 8 % de chances d’obtenir leur bac, ce n’est sans doute pas à cause de leur redoublement. Et si, parmi des jeunes du même âge, ceux qui ont redoublé ont un moins bon niveau, cela ne signifie pas qu’il ne serait pas encore pire s’ils n’avaient pas redoublé. En revanche, 80 % des enfants qui quittent le CP sans savoir lire ne rattraperont jamais leur retard.

Mais maintenir les enfants dans le système scolaire un an de plus coûte cher. Deux milliards d’euros par an, estime le ministère. Pour un résultat dont les professeurs s’accordent à dire qu’il dépend avant tout de la motivation de l’élève.

C’est pourquoi les contrats d’objectifs signés par les établissements les engagent à en diminuer le nombre. Au risque de passer à un système d’éviction des élèves par le haut. « L’efficacité d’un redoublement, conclut Claire Mazeron, vice-présidente du Snalc, syndicat habituellement classé à droite, dépend essentiellement de l’adhésion de l’élève et de sa famille, et de l’existence d’un réel projet.

Ce qui est notamment le cas pour un élève qui cherche à obtenir l’orientation de son choix. Mais globalement, quand il s’agit d’un problème de niveau, plus on s’y prend tôt, mieux ça vaut. » Pourtant, c’est en primaire que les redoublements se sont faits le plus rares. « Un redoublement en collège ou lycée est bien sûr le signe d’un échec en amont, reconnaît Jean-Michel Blanquer, directeur de l’enseignement scolaire, en primaire, nous raisonnons par cycles. La solution est dans l’accompagnement personnalisé, mais on est au tout début de sa mise en place. » En attendant, seul le dialogue entre familles et professeurs peut faire d’un redoublement une réussite.

mis en ligne le mardi 1er juin 2010
par ML



  
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