CLASSE ORCHESTRE Les Buissonnets ELEM

L’école en morceaux

Orchestre. A Rueil-Malmaison, une association fait répéter un conte musical à des élèves de milieux modestes pour les ouvrir à la musique. Par JULIA TISSIER

On s’attendait à un vacarme. On a finalement eu droit à une agréable symphonie. Ce vendredi matin, à l’école des Buissonnets à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), 48 élèves de CM1 s’apprêtent, comme chaque semaine, à répéter le conte musical Jason et la Toison d’or d’Anita Hewitt-Jones. C’est l’un des 530 orchestres scolaires formés en France à l’initiative de l’association Orchestre à l’école.

Si les cours de musique font partie du quotidien des élèves, un orchestre l’est beaucoup moins. D’autant que ça coûte cher : ici, 30 000 euros (1). L’objectif est ambitieux : « Faire découvrir à des enfants de milieux défavorisés la musique », explique Agnès Maurel, professeure de violoncelle. Elle fait partie des dix professeurs de musique qui encadrent cet ensemble depuis l’année dernière.

« Silence ». Les élèves récupèrent leurs instruments au fur et à mesure avant d’aller s’asseoir dans le grand préau fermé, transformé pour l’occasion en salle de concert. Reginald et Mohammed, 9 ans tous les deux, ont saisi leurs hautbois. Kaïs ne lâche plus sa trompette. Et Dalan s’est installé aux percussions. Se placent aussi les xylophonistes, trompettistes, violoncellistes, violonistes, etc. Quelques minutes plus tard règne une bruyante confusion musicale. « Ils n’ont pas leur instrument de la semaine, alors quand ils l’ont... » crie Agnès Maurel. Il faut dire que Sandra Florescu, la chef d’orchestre, n’a pas encore donné le coup d’envoi de la répétition. Alors, pour l’instant, c’est quartier libre. Posée sur les pupitres des musiciens, la partition de Jason et la Toison d’or, le projet de fin d’année.

« Chuuut. Bonjour tout le monde ! » La chef d’orchestre décide de « commencer par un petit accord et on essaie d’être très attentif car je ne le répéterai pas ». Rappel pour les bavards : « Le silence avant la musique, c’est aussi important. » Rapidement, tout le monde se tait. On salue l’exploit, vu le bazar qui peut régner dans les cours de musique. Exercices musicaux d’échauffement. Sandra : « Essayons les cordes. » Les cors s’emballent. « Les cordes, pas les cors ! » Quelques couacs plus tard, les élèves jouent plusieurs morceaux, s’appliquent, le regard fixé sur la chef d’orchestre ou sur la partition. Certains ferment les yeux : question de concentration, sans doute.

Reginald, tout en soufflant dans son hautbois, dodeline en rythme de la tête. Le rendu est plutôt impressionnant, surtout lorsqu’on sait que la grande majorité des élèves n’avaient jamais touché un instrument avant la formation de l’orchestre en novembre 2008. L’année dernière, les élèves ont eu quinze jours pour tester tous les instruments, de la clarinette aux percussions en passant par la trompette, avant de se décider. Évidemment, les professeurs ont eu leur mot à dire sur les aptitudes de chacun : « Un enfant avec des dents trop en avant ne va pas pouvoir faire de la flûte traversière par exemple », précise Agnès Maurel. Certes.

« Solo ». Depuis, l’entraînement musical est régulier : deux fois par semaine, les élèves, par petits groupes d’instruments, suivent des cours en pupitre d’une heure afin d’être au point pour la répétition générale du vendredi. Pas de technique d’apprentissage particulière : « Chaque professeur utilise sa propre méthode, explique Agnès Maurel. Et on apprend le solfège en même temps que l’instrument. » La plus grande difficulté est de gérer « les différences de progression entre les élèves ».

Fin d’un mouvement. Tout le monde arrête de jouer, sauf un violoniste qui continue sur sa lancée. Vite rappelé à l’ordre : « Stop ! Tu fais un solo là ou quoi ? » C’est bientôt la fin de la répétition. Les enfants ont bien joué mais « vous allez trop vite, il faut vraiment qu’on travaille ça », lâche Sandra Florescu. Dernier morceau, pour le plaisir. « Je veux un très beau diminuendo. Ryan, tu peux nous expliquer ce que c’est ? »« C’est quand on diminue le son », répond le gamin, sans se démonter. Musique. Il est 11 h 30, c’est la fin du cours et l’heure de ranger les instruments dans les étuis. Les enfants peuvent les ramener chez eux pour s’entraîner.

Pour Agnès Maurel, « s’il y en a qui s’inscrivent au conservatoire par la suite, ce sera gagné ». Mohammed, lui, repart avec son hautbois sous le bras, avec la ferme intention d’en jouer pendant les vacances de Noël.

(1) L’association est financée par la chambre syndicale de la facture instrumentale. Les instruments sont achetés par la mairie de Rueil-Malmaison et la société d’auteurs Spedidam.

mis en ligne le jeudi 24 décembre 2009
par ML



  
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