La réforme du lycée décryptée matière par matière

Au petit jeu des perdants, les candidats se bousculent au portillon. Hormis la philosophie dont les horaires sont maintenus, plusieurs disciplines voient leur sacro-sainte « grille horaire » grignotée. Selon le ministère, mieux vaut en effet moins de cours magistraux « passifs et académiques » et plus d’accompagnement et de méthodologie.

• Les mathématiques.

La diminution de l’horaire en première S qui passe de cinq heures à quatre heures inquiète les mathématiciens. Pour compenser, cette matière progresse toutefois d’une demi-heure en terminale S (scientifique). Les enseignants regrettent aussi que l’enseignement scientifique proposé à la série L (littéraire) soit mis en concurrence avec des enseignements comme le grec et le latin.

• La physique-chimie.

En première S, l’horaire passe de deux heures à une heure. Une diminution qui n’est pas compensée en terminale. « Les conséquences sur la formation en sciences des futurs techniciens, ingénieurs et scientifiques seront désastreuses », écrivent les physiciens.

• L’histoire-géographie.

La polémique a fait rage ces derniers jours sur sa suppression en terminale S. Même si elle est en partie compensée par une augmentation d’une heure et demie en première S, les élèves perdent au final une heure de cours. Cette diminution est liée à une volonté du ministère de revaloriser la série L et de casser la suprématie de la série S, considérée comme trop généraliste. La L, aujourd’hui en perdition, explique-t-on, est la seule à partager aujourd’hui les matières littéraires avec toutes les autres séries (latin, grec, histoire...). À l’avenir, les futurs bacheliers scien­tifiques se concentreront en ter­minale sur leur capacité à poursuivre des études supérieures scientifiques, « leur véritable destinée », dit-on chez Luc Chatel.

• L’économie.

Forte de la pétition signée par des intellectuels comme Daniel Cohen ou Pierre Rosanvallon, l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales crie au « traitement discriminatoire ». La réforme fait passer les horaires de 2 h 30 hebdomadaires à 1 h 30 en classe de seconde pour tous les lycéens. Malgré les promesses antérieures de Xavier Darcos, cet enseignement demeure par ailleurs optionnel, en concurrence avec un nouvel enseignement d’« économie appliquée et gestion ».

• Les langues vivantes.

« Nous ne sommes pas trop mal lotis », considère l’Association des professeurs de langues vivantes, qui regrette néanmoins la suppression d’une heure en première et terminale L.

• Les soutiens à la réforme.

Les organisations de parents d’élèves et de lycéens l’appuient. Deux syndicats d’enseignants, l’Unsa et le Sgen, les rejoignent également, séduits par son aspect pédagogique. Pour l’Union nationale lycéenne, si cette réforme ne résout pas tous les problèmes, « les lycéens ne se sentent pas concernés par les débats disciplinaires de leurs enseignants ». Les parents de la Peep se satisfont d’un accompagnement « personnalisé » et d’un apprentissage de « la méthodologie et de l’autonomie, inclus dans le temps hebdomadaire ». Les parents de la FCPE soutiennent l’instauration de deux heures d’accompagnement dans la mesure où elles contiennent entre autres, « des projets et enseignements pluridisciplinaires ».

• Les opposants.

Principal syndicat des enseignants du secondaire, le Snes s’oppose surtout à l’autonomie accrue des établissements. « En fon-ction des moyens, des profs disponibles, un lycée aura deux heures de travaux pratiques en physique dans tel lycée et zéro dans un autre », s’insurge-t-il. Le Snalc, fervent défenseur de la transmission des savoirs et du pré carré des disciplines, dénonce un projet qui « fait suite à la généralisation du discours pédagogiste » et « une agression sans précédent à l’encontre des matières ».

• Suppressions de postes.

Le ministère promet que la réforme se fera « à moyens constants ». Les syndicats craignent au contraire qu’elle permette de « préparer les suppressions de postes de 2011 ». Selon Roland Hubert du Snes, « trois à quatre postes pourront être supprimés par établissement ». En effet, 60 % des enseignements étant désormais communs aux trois filières en première, la réforme risque d’entraîner un regroupement des L, souvent peu fournies en nombre, avec les S et les ES.

mis en ligne le jeudi 10 décembre 2009
par ML



  
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