Grippe A : écoles fermées ? Parents inquiets

Grippe A : écoles fermées ? Parents inquiets

Le ministre de l’Education a de nouveau évoqué la possible fermeture des écoles en cas de contamination. Qui alors gardera les enfants ? Le principe de solidarité « familiale » avancé par Luc Chatel ne convainc pas toujours.

A deux semaines de la rentrée, c’est un peu la panique sur les bancs d’école. La faute à la grippe A, mais aussi aux mesures annoncées par Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, qui a déclaré dans une interview accordée au JDD : « Si au moins trois cas de syndromes grippaux sont constatés dans une même classe en moins d’une semaine, celle-ci pourra être fermée », avant d’ajouter : « Le préfet pourra [aussi] décider de fermer tout l’établissement voire ceux qui se trouvent à proximité. »

Pour certains parents, ces décisions seraient un véritable casse-tête de réorganisation familiale. Sans « moyens de garde de subsitution » et sans « systèmes de garde collective ». Qui pourra s’occuper des enfants pendant que les parents bûchent ? ...

« Quand on n’a pas de famille et peu de ressources, on fait quoi ? »

La solution miracle de « solidarité familiale » évoquée par le ministre fait quelque peu grincer des dents. « Oui, c’est vrai, il y a mes parents, mais ils habitent loin, ils sont âgés, garder trois enfants toute la journée devient une lourde charge pour eux. » Emilie, la maman de Cyril, Raphaël, et Laure, ne peut pourtant compter que sur eux. En cas de fermeture des écoles, ni son mari ni elle-même ne pourraient amener leurs enfants sur leur lieu de travail, à Paris, ne pourraient pas non plus se permettre de prendre quelques jours de congé pour s’occuper de leurs progénitures. « Les parents de ma femme seraient ravis de voir leurs petits-enfants, mais là, ça ne serait pas vraiment une partie de plaisir, et ce dépannage risquerait de durer un certain temps, où les logerait-on ? Nous n’avons pas de chambre supplémentaire pour eux... », ajoute son mari.

Les propos de Luc Chatel, ils les comprennent, mais ils récusent sa solution toute faite de « solidarité familiale ». « Quand on n’a pas de famille et peu de ressources, on fait quoi ? Le ministre peut sans doute se payer une nourrice mais ce n’est pas le cas de tout le monde. »

Chez Jacques et Odette, justement, la situation est pire. « Nous sommes deux parents à travailler pour subvenir aux besoins de nos deux enfants. Et, nos deux salaires sont à peine suffisants, alors imaginez s’il faut se payer une nounou en cas de fermeture des classes », raconte cette mère de famille du Gers. Pour eux, pas de grands-parents encore en vie, ni de structures aménagées sur leur lieu de travail. « Je n’ose même pas penser à ce qu’on va pouvoir faire. » Car toutes les options ont été envisagées. Sans résultats. « Si nos enfants se retrouvent dans une classe d’élèves contaminés, personne ne voudra les garder. Nos amis ont déjà leurs enfants à gérer. »

Alors pour cette famille, la seule solution serait l’aide de l’Etat. « Si le gouvernement n’offre pas une contre-partie financière pour les familles comme la nôtre, je pense qu’on va droit dans le mur ».

Et même pour les familles sans difficulté financière particulière, la situation promet d’être « une grosse galère ». Solène, mère de quatre enfants et habitant Boulogne-Billancourt, ne croit pas à la « solidarité familiale ». « Il est toujours compliqué de faire venir les parents ou de compter sur les amis qui ne travaillent pas, il vaut mieux se débrouiller seule. » Façon système D ou presque. « J’ai la chance d’avoir un employeur très compréhensif, je pourrais sans doute modifier mon planning, m’arranger... »

« Il faudrait mieux parler de solidarité nationale »

Jean-Jacques Hazan, le président de la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, est également perplexe devant le terme de « solidarité familiale ». « Cette question de solidarité remet chaque personne, chaque famille devant sa situation personnelle », explique-t-il.

Mais surtout, « la solidarité familale ne veut pas dire grand chose. Il vaudrait mieux parler de solidarité nationale ». Car, pour le président de la Fédération, le problème ne se situe évidemment pas du côté de l’enfant malade, qui sera pris en charge et isolé immédiatement, mais plutôt du côté de tous les autres élèves en bonne santé qui devront réintégrer leur foyer en cas de fermeture de leur classe. « Aucun employeur n’acceptera qu’un parent se libère pour un enfant qui se porte très bien. La dérive serait vite installée », explique-t-il, « l’Etat doit réfléchir à une solution rapide pour que les parents ne soient pas sanctionnés si leur enfant bien-portant doit rester à la maison ».

Jean-Jacques Hazan précise également que les parents ne devront pas gérer le problème de la même façon qu’ils le traitent en temps de grève. « Nous parlons d’un cas de figure, où chaque enfant devra être isolé de tous les autres, ne pas rentrer en contact avec ses camarades qu’il soit sur le palier d’à côté ou dans l’immeuble d’en face ».

« Faire appel à la solidarité du voisinage »

C’est pourtant la solution envisagée par la Peep (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public), la deuxième fédération de parents. Elle prône, elle, le soutien entre voisins. « Je pense qu’il faudra faire appel à la solidarité familiale et du voisinage. Tout parent va vouloir privilégier la sécurité sanitaire de ses enfants », explique Philippe Vrand, son président. Pour la Peep, la question de la garde d’enfants est un faux-problème puisque « si pandémie il y a, il n’y aura pas que des écoles fermées, mais aussi des services municipaux, des entreprises, les parents seront donc eux-mêmes à la maison et pourront assumer la garde de leur enfant ».

Les deux associations s’accordent toutefois sur la généralisation du problème. « Il faudra accuser un véritable ralentissement économique, toute la société sera touchée par la pandémie, pas seulement les établissements scolaires. Luc Chatel devra revoir ces mesures avec tous les autres ministres pour trouver des solutions adaptées à l’ensemble de la société », conclut Jean-Jacques Hazan.

mis en ligne le mardi 18 août 2009
par ML



  
BRÈVES

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