Les députés divisés sur la réforme du lycée

LE MONDE

La réforme du lycée n’est pas plus consensuelle au Parlement que dans l’opinion. Placée pendant ses quatre mois de travaux sous le signe du bipartisme consensuel, la mission d’information de l’Assemblée nationale sur le lycée n’a finalement pas abouti. Mardi 19 mai, droite et gauche n’ont pas pu se mettre d’accord et le texte n’a pas pu être mis au vote. C’est donc un document, certes unique, mais porteur de deux projets différents, qui sera rendu public mercredi 27 mai.

L’idée de départ était que le Parlement ne soit pas absent de ce débat fondamental. Le groupe de députés, doté d’un président socialiste (Yves Durand, Nord) et d’un rapporteur UMP (Benoist Apparu, Marne), devait rédiger un rapport commun.

Le but poursuivi par Benoist Apparu est de proposer une architecture globale du lycée de demain, tandis qu’Yves Durand considère que le travail du rapporteur n’est qu’"une pâle reprise des propositions de Xavier Darcos et, en aucun cas, capable de rétablir le climat de confiance". La réforme du ministre de l’éducation nationale avait été retirée, en décembre 2008, face à l’opposition des lycéens.

Pour le député socialiste, avant toute "mesure technique", il est nécessaire de répondre à quatre questions : comment aider financièrement les lycéens ? Quels savoirs indispensables pour les dix années à venir ? Que signifie être enseignant aujourd’hui ? Peut-on réformer sans un audit des moyens nécessaires et un plan pluriannuel ? Sur ce dernier point, le député socialiste répond évidemment non.

Ces quatre axes devraient prendre la forme d’"une contribution" adjointe au rapport Apparu qui, lui, détaillera trente propositions définissant une architecture globale du lycée de demain. "La plus importante est de redéfinir le rôle du lycée dans le parcours scolaire", explique le député UMP.

En lieu et place du découpage école primaire, collège, lycée et supérieur, il défend "une architecture en trois blocs : le premier est celui de l’acquisition du socle commun, de la maternelle à la fin du collège. Le deuxième regroupe le lycée et la licence, et a pour objectif d’amener 50 % d’une classe d’âge au niveau bac+3. Le troisième commence au master".

De cette philosophie nouvelle découle, à ses yeux, une organisation différente du lycée. M. Apparu propose une classe de seconde générale et indifférenciée, "où l’élève approfondit les matières du collège et s’initie à deux disciplines nouvelles : la technologie et l’économie".

Nouveauté, il défend l’idée de deux classes de première, une générale et une technologique. Pour s’ouvrir ensuite sur les terminales que l’on connaît. Bref, une "spécialisation progressive pour éviter l’actuelle hiérarchie des filières", plaide-t-il. En outre, le caractère scientifique du bac S serait renforcé.

C’est une approche qui séduit aussi Richard Descoings. Chargé par Nicolas Sarkozy de mener une concertation sur le lycée, le directeur de Sciences-Po Paris doit aussi remettre son rapport fin mai.

"SAS D’ÉTÉ"

Ce n’est d’ailleurs pas la seule idée qu’ils partagent. Tous deux souhaitent que le travail personnel trouve sa place au lycée, ce qui figurait aussi dans le projet Darcos.

M. Apparu parle de "35 heures TTC", pour "tous travaux compris". L’emploi du temps du lycéen se décomposerait en un tronc commun, des modules de spécialisation, un accompagnement, et cinq heures hebdomadaires de devoirs en présence d’enseignants.

"Un moyen de corriger les inégalités sociales", estime le député. Mais aussi de lutter contre le redoublement de plus de 13 % des élèves de seconde. M. Apparu souligne que cela coûte 1 milliard d’euros tous les ans à la collectivité.

Contre ce fléau, il propose de mettre en place des "sas d’été". Plutôt que refaire une année, les élèves au niveau un peu juste suivraient un stage d’un mois de remise à niveau.

D’autres sas seraient prévus, pour garantir le passage entre les voies générale et technologique. Afin d’assurer à cette dernière un débouché dans le supérieur, les instituts universitaires technologiques (IUT), filières sélectives friandes de bacheliers généraux, pourraient être contraints d’accueillir au moins 50 % de bacheliers technologiques.

Maryline Baumard et Benoît Floc’h Article paru dans l’édition du 21.05.09

mis en ligne le jeudi 21 mai 2009
par ML



  
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