Rythmes scolaires : la semaine de quatre jours contestée

Lille, Grenoble, Angers, Brest : plusieurs municipalités socialistes remettent en cause la semaine de quatre jours généralisée dans les écoles primaires à la rentrée. Décidée en fin d’année scolaire 2007-2008 par le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, la suppression des cours le samedi matin s’est faite au détriment des élèves, considèrent ces élus qui ont engagé des concertations dans leurs villes ou projettent de le faire. La circulaire du 5 juin 2008 sur l’aménagement du temps scolaire prévoyait bien la possibilité de transférer les cours du samedi au mercredi matin sur proposition du conseil d’école, après avis de la commune et accord de l’inspection académique, mais seulement 3,6 % des écoles ont choisi cette organisation.

L’objectif des élus est donc de convaincre la communauté éducative, et surtout les parents et les enseignants, de l’intérêt pour l’enfant de revenir à une semaine organisée sur neuf demi-journées avec école le mercredi matin. "Les spécialistes des rythmes scolaires s’accordent pour dire qu’une semaine de quatre jours, c’est la pire des solutions, explique Patrick Kanner, adjoint au maire de Lille en charge du projet éducatif local. Nous avons dénoncé dès le 23 juin en conseil municipal cette mesure prise dans l’urgence et sans concertation."

L’élu s’inquiète particulièrement pour la scolarité des élèves en difficulté dont les journées de six heures ont été rallongées par deux heures hebdomadaires d’aide personnalisée. "Faire classe le mercredi matin présenterait l’avantage de supprimer une rupture de rythme dans la semaine et d’alléger de trois quarts d’heure les jours de classe qui sont parmi les plus longs en Europe", analyse M. Kanner.

Après avoir organisé des rencontres par quartier avec les parents, enseignants et les différents acteurs éducatifs, la mairie de Lille va inviter, début mai, les conseils d’école à délibérer sur un éventuel retour à neuf demi-journées. "L’inspecteur d’académie nous a donné son feu vert en nous demandant, en cas de retour au mercredi, à ce que cela se fasse sur un périmètre cohérent", poursuit M. Kanner. La mairie espère être entendue dans les quartiers les plus défavorisés. Mais les habitudes étant prises, le retour en arrière risque d’être difficile.

La mairie de Grenoble, dont la concertation sur le sujet s’achève bientôt, avoue la difficulté de convaincre. "La majorité des parents comme des enseignants semble souhaiter rester dans le schéma actuel, constate Paul Bron, adjoint à l’éducation. Je m’attends à très peu, voire à pas du tout d’écoles qui optent pour une organisation de quatre jours et demi pour la prochaine rentrée." Toutefois, la mairie ne désespère pas de voir l’idée faire son chemin dans les esprits pour la rentrée 2010.

"Des syndicats enseignants ont mis en doute la capacité de la mairie à mettre en place des activités périscolaires dans le cadre de la semaine de quatre jours et demi, ce qui a ébranlé les parents. Mais c’était un faux débat, déplore Dominique Nussard, présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) de l’Isère. Il y a une vraie réflexion de fond à mener sur les rythmes de l’enfant."

La section départementale du principal syndicat des enseignants du primaire, le Snuipp de l’Isère, assure qu’il n’y a pas "d’opposition absolue et frontale" à travailler le mercredi. "La plupart d’entre nous regrettent la suppression de l’école le samedi matin car c’était un moment privilégié de contact avec les parents d’élèves", assure Gabrielle Beyler, du Snuipp-Isère. Elle regrette par ailleurs que la réflexion sur les rythmes ait été initiée par la mairie sans être relayée par l’inspection académique.

A Angers, après une cinquantaine de réunions, un questionnaire sera bientôt soumis aux conseils d’école. "Le contexte est difficile, reconnaît Luc Belot, adjoint à l’éducation. La communauté éducative, du fait de nombreuses réformes controversées, est sous pression. Toutefois, les avis sont assez partagés pour considérer que la semaine de quatre jours fonctionne mal." Beaucoup suggèrent un basculement sur une semaine de quatre jours et demi en 2010 plutôt qu’à la rentrée prochaine.

La mairie de Brest a décidé, elle aussi, de remettre la question sur la table. "Nous allons organiser un débat public le 28 avril, explique Marc Sawicki, adjoint à la politique éducative locale. On nous dit que les enfants sont épuisés et nous devons les placer au centre de nos préoccupations." Mais poursuit l’élu, "c’est un débat politiquement dur à porter".

Déjà consultés l’an dernier sur un transfert des cours du samedi au mercredi matin, les conseils d’écoles s’étaient, en majorité, prononcés contre. "Les parents estimaient que ce serait beaucoup plus compliqué pour eux de gérer l’organisation du mercredi après-midi, contrairement au samedi matin où ils ne travaillent pas pour la plupart d’entre eux", explique Michel Jacob, de la FCPE du Finistère. La mairie a chiffré le coût d’un éventuel retour à neuf demi-journées entre 500 000 euros et un million d’euros pour 73 écoles publiques - tout dépend s’il y a, ou pas, cantine le mercredi.

Au ministère, on rappelle que, en réponse à une campagne nationale lancée par la FCPE pour un retour à une semaine de quatre jours et demi avec école le mercredi, Xavier Darcos avait indiqué, le 4 février, qu’il ne voyait "aucun inconvénient" à ce que les écoles primaires repassent à ce rythme, en accord avec les conseils d’écoles. "J’y vois même beaucoup d’avantages", avait-t-il ajouté.

Pour Marc Sawicki, il faut aller plus loin. "Le ministère doit prendre conscience de son erreur et revenir en arrière en généralisant pour l’ensemble des écoles primaires les cours le mercredi matin", conclut l’élu.

Martine Laronche

mis en ligne le lundi 20 avril 2009
par ML



  
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