L’impossible soutien scolaire

L’impossible soutien scolaire

MARIE PIQUEMAL

« On a essayé un mois ou deux, et puis on a arrêté : c’était ingérable. Et puis surtout contraire à l’intérêt de l’enfant » explique une enseignante du XVIIIe arrondissement de Paris. Comme elle, de plus en plus d’instituteurs refusent d’organiser l’aide personnalisée aux élèves, prévue pourtant dans la réforme du primaire de Darcos. A Paris, ils seraient 600 (sur 7.600 au total) à « désobéir » selon les calculs des organisations syndicales.

Depuis la suppression des cours le samedi matin, les instituteurs sont en effet tenus de consacrer deux heures par semaine au soutien scolaire pour les élèves en difficulté. « Sur le principe, pourquoi pas. Sauf que personne (au ministère, ndlr) n’a pensé à la mise en place pratique de ces deux heures ». Résultat : dans l’application, c’est « le flou artistique », comme le racontent les enseignants interrogés.

Tous nous ont demandé de taire leur nom et celui de leur établissement. « Trop risqué. Les inspecteurs nous traquent et on encourt des retenues de salaires ! » Dernier exemple en date : hier, Alain Refalo, cet enseignant près de Toulouse, à l’origine du mouvement de désobéissance pédagogique.

« Attention, on n’est pas tous des désobéisseurs » corrige Alexandra, prof depuis trois ans. « J’applique la loi, je travaille deux heures de plus par semaine mais pas sous la forme du soutien scolaire puisque ce n’est pas possible ».

Les nounous aussi râlent sec

Première option, envisagée dans un premier temps par une majorité d’écoles : organiser le soutien scolaire entre midi et deux. « Mais quelle galère avec la cantine ! On était obligé d’aller chercher les enfants alors qu’ils n’avaient même pas fini de manger... Ils finissaient leur dessert en classe. Au final, le soutien se résumait à vingt petites minutes » raconte une directrice d’école.

Comme beaucoup, elle a alors tenté de mettre en place l’aide personnalisée le soir après la classe. « Oui, mais là, c’est les nounous qui râlent. Si elles récupèrent plusieurs enfants à la sortie et que tous ne sortent pas à la même heure... Bref, le casse-tête ». « Et puis, souligne un autre, cela va vraiment à l’encontre du rythme biologique des enfants ! Les journées sont déjà bien trop chargées, comment voulez-vous qu’ils restent réceptifs et concentrés. On ne gave pas des enfants comme des entonnoirs ! »

Alors, pour appliquer la loi, certaines écoles ont trouvé la parade : elles gardent tous les enfants en classe entière 15 minutes de plus chaque soir. D’autres proposent des « sortes d’études » pour les enfants qui le souhaitent (et donc pas forcément ceux qui en ont le plus besoin). « Du n’importe quoi. Qu’on n’aille pas ensuite faire croire que l’on fait du soutien scolaire. Il faut être honnête », conclut Julien, sa lettre de désobéissance à la main. « Je me retrouve hors la loi. Tout ça parce que le ministre balance des réformes sans prendre le temps de réfléchir deux secondes. »

mis en ligne le jeudi 22 janvier 2009
par ML



  
BRÈVES

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