Désobéissance de profs : de plus en plus de sanctions

Des syndicats d’enseignants appellent leurs adhérents à ne pas appliquer la réforme de l’école primaire.

La « désobéissance pédagogique » peut coûter cher. Une petite dizaine d’enseignants devraient subir une retenue sur leur salaire du mois de décembre en raison de leur refus d’appliquer la loi, selon le ministère de l’Éducation nationale. Bastien Cazals, directeur de l’école maternelle Louise-Michel de Saint-Jean-de-Védas (Hérault), en a déjà fait les frais puisqu’il a reçu lundi une lettre l’informant que son inspection d’académie « procéderait au retrait de 5/30e de son traitement pour manquement aux obligations de service », ce qui équivaut à « cinq jours de salaire en moins, soit 294 euros » en décembre.

Cette sanction fait suite à la décision de l’enseignant de ne pas appliquer la récente réforme de l’enseignement primaire, l’aide personnalisée destinée aux enfants en difficulté. Bastien Cazals avait expliqué son choix dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, le 25 novembre, dénonçant les mesures prises par le ministre de l’Éducation. Auparavant salarié dans une entreprise privée, récemment reconverti dans l’Éducation nationale, l’enseignant ne se définit pas comme un « opposant systématique ». Mais la rapidité des réformes, la mise en place des nouveaux programmes, la réduction du nombre d’heures et la suppression de postes de Rased, ces maîtres spécialement formés à la grande difficulté scolaire, ont eu raison de son enthousiasme. Il envisage de déposer un recours en justice contre cette décision. Lui qui ne veut pas devenir un « emblème de cette contestation » envisage cependant désormais « de faire semblant d’appliquer la réforme comme beaucoup. Comme ça, on me laissera tranquille ».

Le principal syndicat des enseignants du primaire, le Snuipp, a lancé un appel à suspendre l’aide personnalisée du 8 au 18 décembre et a lancé un bilan sur ce dispositif qui consiste à alléger de deux heures les horaires à l’école primaire pour les consacrer aux enfants en difficulté. Plusieurs milliers d’enseignants feraient de la résistance, selon les syndicats, « très peu n’appliquent pas la loi », estime au contraire le ministère. Ces derniers risquent des retenues sur salaire, selon un décret de 1977.

Attitudes « inadmissibles »

À la place des heures de soutien préconisées par le ministère, certains continuent à faire cours normalement, d’autres organisent une pièce de théâtre avec les enfants, d’autres encore reçoivent les parents d’élèves... Anne Loconte, institutrice à Colomiers (Haute-Garonne), elle, organise des « ateliers des savoirs ». Elle estime qu’avec la réforme, « les enfants qui n’ont pas de difficultés perdent deux heures d’enseignement. Par ailleurs, ce temps ne permet pas d’aider réellement ceux qui ont de grosses difficultés scolaires pour beaucoup liées à d’autres difficultés relationnelles, sociales ou comportementales. » Or, soulignent beaucoup d’enseignants, ce rôle est bien assumé par les Rased.

Pour l’inspecteur d’académie de Paris, où quelque 400 enseignants ont décrété qu’ils ­­n’appliqueraient pas la loi, ces attitudes sont « inadmissibles » : il leur a envoyé une lettre, indiquant qu’ils risquaient une retenue de salaire. « Nous allons passer dans les écoles et discuter avec eux pour les convaincre qu’ils font fausse route, explique-t-il, mais si nous rencontrons des opposants farouches, la sanction sera ­appliquée. »

mis en ligne le vendredi 12 décembre 2008
par ML



  
BRÈVES

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