Les parents toujours adeptes de la fessée

Les parents toujours adeptes de la fessée

Delphine de Mallevoüe LE FIGARO

Si les gifles sont en régression, les Français restent adeptes de la fessée pour corriger leurs enfants. La fessée reste une grande tradition dans le modèle éducatif fran­çais. C’est ce qui ressort de l’en­quête de l’Union des familles en Europe (UFE) puisque 87% des parents reconnaissent pratiquer cette correction.

Une tendance à la hausse, si l’on compare ce pourcentage aux 85% recueillis par la Sofres en 1999. De quoi voler la vedette à l’antique martinet qui, comme les gifles, est en régression. En effet, alors que 28% des grands-parents ont verni les fonds de culotte de leur marmaille avec les lanières en cuir, seuls 10% des parents avouent perpétuer ce geste aujourd’hui. Et seuls 25% donnent encore des gifles, contre 54% jadis.

D’un point de vue générationnel, l’enquête est éloquente sur l’habitude de fesser : 95% des grands-parents, 95% des parents et 96% des enfants en ont reçu. Reste que, aujourd’hui, la fessée est majoritairement administrée par les parents.

En effet, pour 52% d’entre eux, personne d’autre n’a le droit de frapper leur enfant. Et dans les faits, si les grands-parents sont 58% à « rêver » d’en donner à leurs petits-enfants, seuls 24% passent à l’acte, les autres préférant s’abstenir par crainte d’une réaction hostile des parents.

Le maintien de cette pratique fait l’indignation du Dr Jacque­line Cornet, fondatrice de l’association Ni claques ni fessées ! « Les châtiments corporels sont très nocifs pour les enfants, c’est scientifiquement indiscutable, mar­tèle ce mé­decin militant qui a publié de très sérieuses recherches mettant en évidence la corrélation entre la violence reçue par un sujet et la multiplication d’accidents et de ma­ladies psychosomatiques chez ce sujet. « Une fessée, ce n’est jamais pour le bien de l’enfant, toujours pour le soulagement des parents. » Pour elle, il faut définitivement «  laisser tomber ce mode éducatif né­gatif », d’autant que, quand nombre de nos voisins européens ont voté des lois pour l’interdire, « la France est en queue du peloton ».

Un geste qui échappe

Comme beaucoup de parents, Stéphanie, jeune mère de 32 ans, n’aime pas l’idée de corriger Jules, 3 ans, et Anna, 5 ans, mais « parfois, quand on est à bout, face à une bêtise ou une provocation », l’action précède la raison « et le geste part ». Pas une fessée préméditée, sur un séant minutieusement dé­culotté, mais un geste qui échappe, « moment de faiblesse du pa­rent qui ne sait plus quoi faire », avoue Stéphanie.

Des situations dans lesquelles se reconnaît Philippe, militaire de 47 ans et papa de deux adolescents qui, outre les fessées, ont eu à essuyer quelques gifles dans leur enfance. « On s’émeut des fessées qui, raisonnables et justifiées, n’ont jamais tué quiconque, mais on ne s’étonne pas de ne pas punir les parents dé­missionnaires... »

Comme lui, la majorité des Français interrogés dans l’enquête de l’UFE pensent que « l’Etat doit se mêler de ce qui le regarde », et ne doit pas instituer de loi proscrivant la fessée.

Ce n’est donc pas demain que la France fera sienne la sage pensée de Buffon  : « La violence fait les tyrans, la douce autorité les rois. »

mis en ligne le jeudi 6 décembre 2007
par ML



  
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