Face aux troubles de l’apprentissage

Face aux troubles de l’apprentissage

mercredi 31 octobre 2007

Le diagnostic intervient souvent tardivement, quand l’enfant est déjà englué dans l’échec scolaire. Pourtant, les troubles spécifiques du langage et des apprentissages concernent environ 6 % à 8 % de la population, soit plus de 4 millions de personnes en France. Près de 600 000 sont gravement atteintes.

La plus connue et la plus répandue de ces pathologies est la dyslexie : faute de pouvoir associer correctement les lettres et les sons, les enfants peinent à déchiffrer un texte, confondent les lettres. Il y a aussi la dysphasie, qui affecte l’acquisition du langage et se caractérise par des paroles indistinctes, un vocabulaire pauvre, des troubles de la syntaxe (pas de conjugaison, pas d’articles), ou encore la dyspraxie, un trouble de la coordination des gestes, qui rend les enfants particulièrement maladroits.

"Les professionnels qui rencontrent des enfants ou des adultes atteints de ces affections connaissent souvent mal ces pathologies. Il est urgent de mettre en place des plans de formation en direction des enseignants, des auxiliaires de vie scolaire, ou encore des responsables des maisons départementales du handicap", considèrent la Fédération française des troubles spécifiques du langage et des apprentissages (FLA) et la fédération des Associations pour adultes et jeunes handicapés (Apajh). Ces deux structures ont organisé le 10 octobre la première Journée nationale des dys ainsi qu’un colloque, à Paris.

"Longtemps, ces troubles ont été associés à des problèmes relationnels avec les mères, ce qui n’a jamais été prouvé scientifiquement, explique Franck Ramus, chargé de recherche en sciences cognitives et en psycholinguistique au CNRS. Les recherches montrent qu’il s’agit d’un déficit cognitif spécifique correspondant à des dysfonctionnements du cerveau et pour lesquels des facteurs génétiques semblent jouer un rôle important."

DES ENFANTS INTELLIGENTS

Ces troubles sont souvent un obstacle aux apprentissages scolaires, mais ne signifient en rien que les enfants qui en souffrent sont moins intelligents que les autres.

Certains, comme la dysphasie, peuvent être dépistés assez tôt, à partir de 3 ans, par le pédiatre. D’autres, comme la dyslexie ou la dyscalculie (difficulté à compter) ne peuvent être diagnostiqués que plus tardivement (vers 7 ans), une fois qu’apparaissent durables les difficultés à apprendre. Les enfants qui risquent de développer ces troubles pourraient être repérés dès la grande section de maternelle, à l’occasion de la visite médicale obligatoire au cours de la 6e année. Dans la pratique, ce n’est pas forcément le cas.

"Nous ne sommes que 1 200 médecins pour 12 millions d’élèves, et nous sommes loin de pouvoir assurer l’ensemble de ces visites pourtant prévues par la loi, explique le docteur Anne Viallat, secrétaire générale du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU). Compte tenu de cette pénurie, nous sommes obligés de demander aux enseignants de nous signaler les enfants susceptibles d’être atteints de ces troubles." Tous ne sont cependant pas sensibilisés à cette question, peu voire pas abordée dans la formation des maîtres.

Normalement, le diagnostic, assuré par un médecin, repose sur un bilan pluridisciplinaire, faisant intervenir orthophoniste, psychologue, psychomotricien ou encore ophtalmologiste, en fonction des symptômes de l’enfant. L’idéal est de s’adresser aux centres de référence des troubles du langage, le plus souvent implantés dans les centres hospitaliers universitaires (CHU). Mais, déplorent les associations, ces derniers sont mal répartis sur le territoire et les listes d’attente sont souvent de plusieurs mois.

Une fois le diagnostic établi, il sera plus facile d’obtenir une prise en charge adéquate dans l’établissement scolaire fréquenté. Aujourd’hui, les troubles des apprentissages sont considérés de plus en plus comme des handicaps. Pour définir les modalités de prise en charge, les parents doivent s’adresser à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). S’ils se sentent démunis, ils peuvent demander de faire cette démarche à l’enseignant référent chargé d’assurer le suivi de la scolarisation des élèves handicapés, dont ils obtiendront les coordonnées à l’école ou au collège. En fonction du degré du handicap, la MDPH décide d’aménagements spécifiques, formalisés par le biais d’un projet personnalisé de scolarisation.

Pour les troubles les plus légers, les parents peuvent s’adresser à l’école afin d’obtenir la mise en place d’un projet d’accueil individualisé, sous l’égide du médecin de l’éducation nationale. Ce document n’est cependant guère contraignant. "Ma fille, dyslexique sévère, bénéficiait d’aménagements spécifiques à partir de la classe de sixième, comprenant la copie des cours ainsi que des contrôles et dictées aménagés. Ils n’ont cependant été mis en oeuvre qu’à partir de la troisième, compte tenu du refus de certains enseignants", raconte un parent d’élève.

"Les efforts de rééducation seront vains s’ils n’ont pas lieu dans le cadre d’un partenariat avec l’école", explique le docteur Michel Habib, neurologue au CHU de La Timone et coordonnateur d’un centre référent à Marseille. On ne guérit pas d’un trouble de l’apprentissage mais, conclut le docteur Habib, "on peut réduire la disproportion entre la performance scolaire et les compétences réelles et, pour y arriver, la coopération de l’enseignant est majeure".

Martine Laronche

Le Monde

mis en ligne le jeudi 1er novembre 2007
par ML



  
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