Xavier Darcos veut "retrouver un consensus républicain" sur l’école

Xavier Darcos veut "retrouver un consensus républicain" sur l’école

LE MONDE Le ministre de l’éducation nationale s’apprête à annoncer ses pistes de réforme de l’école primaire.

Xavier Darcos entend démontrer que les deux heures de cours libérées par la suppression du samedi matin, à partir de la rentrée 2008, serviront bien aux élèves en difficulté comme cela a été annoncé. Il doit aussi aborder la question des programmes, sur laquelle les différents courants de pensée du monde éducatif ont des avis diamétralement opposés. Parviendra-t-il, sur ces sujets, à convaincre qu’il ne craint pas le changement tout en évitant les tensions ?

"Je suis un homme du Sud-Ouest, j’ai toujours vécu dans le contact. Il se peut aussi que je déteste les situations conflictuelles", confie-t-il au Monde. Jusqu’à présent, sa manière d’agir le singularise : il ne se reconnaît pas d’adversaires, seulement des "partenaires". Revendiquant "l’esprit de réforme" de Nicolas Sarkozy, auquel il se réfère en permanence, il adhère totalement au projet "d’alléger la charge de l’Etat" et de desserrer "le carcan des statuts" dans l’éducation nationale.

Mais la réforme s’accompagne, selon lui, d’un impératif de méthode : "Je suis absolument convaincu que cela ne peut pas se faire contre les profs, dit-il. Ils n’ont pas voté pour nous, tant pis, c’est comme ça." Ce principe est en phase avec une visée générale qu’il définit ainsi : " Retrouver le consensus républicain entre les familles et l’école." Le ministre se méfie cependant de trop de proclamations et préfère communiquer dossier par dossier. " Dans l’éducation, explique-t-il, on ne vit plus sous l’empire de la grande réforme. Lorsque vous montez une citadelle, vous déclenchez l’assaut général. Ce qu’il faut, c’est un processus de lente appropriation."

Dans la même logique, malgré le principe non négociable de "réduire la voilure" budgétaire, M. Darcos tente d’amener les syndicats sur son terrain en les invitant à formuler leurs propositions sur une multitude de dossiers. Leurs responsables balancent entre la satisfaction d’être pris en considération, l’exaspération devant une politique qui, en d’autres temps, aurait déclenché leur résistance acharnée et la fascination devant une habileté qui les ligote.

L’ouverture ministérielle touche aussi aux aspects idéologiques de l’éducation. Le parcours de M. Darcos le situe du côté des défenseurs de la "transmission" et des formes scolaires traditionnelles. Cela ne l’empêche pas de poursuivre un dialogue chaleureux avec Philippe Meirieu, chef de file des "pédagogues", ni de recevoir, le 18 septembre, Gabriel Cohn-Bendit, créateur du lycée expérimental de Saint-Nazaire, venu lui proposer de multiplier les établissements expérimentaux. Réponse : un feu vert, même si le ministre fait ensuite préciser qu’il " n’engage pas sa responsabilité" sur la pédagogie pratiquée dans ce cadre.

POSITION ACROBATIQUE

Parallèlement, M. Darcos n’oublie pas ses "amis" du bord opposé. Il a reçu, le 25 septembre, Alain Finkielkraut, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique et contempteur de la "pédagogie moderne". "Je lui ai proposé de venir avec moi dans un établissement sensible", confie-t-il. Le ministre est aussi en relation avec les auteurs des plus violents pamphlets contre le "pédagogisme" comme Marc Le Bris, qu’il doit recevoir mercredi 24 octobre, et Jean-Paul Brighelli. Il a même chargé celui-ci d’une mission officieuse consistant à rassembler les différentes tendances de cette mouvance pour confronter leurs "propositions" à l’occasion d’une rencontre générale prévue le 8 novembre.

Le ministre est-il d’accord avec tout le monde ? "Non, assure-t-il. Dans l’éducation, je suis avec tous ceux qui "aiment ça", je respecte ceux qui sont "dedans", j’ai de la sympathie pour ceux qui payent de leur personne." Conscient de sa position acrobatique, M. Darcos pense retomber sur ses pieds en affirmant que l’expérimentation sera désormais la règle pour tous. "Je ne suis pas le ministre des méthodes, a-t-il coutume de dire, mais celui de l’évaluation des résultats des élèves."

Luc Cédelle Article paru dans l’édition du 24.10.07.

mis en ligne le mercredi 24 octobre 2007
par ML



  
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