École primaire : "insuffisant" pour 40 % des élèves à la sortie

École primaire : "insuffisant" pour 40 % des élèves à la sortie MARIE-ESTELLE PECH

Selon le Haut Conseil de l’éducation, qui remet son rapport à Nicolas Sarkozy lundi, les instituteurs se « résigneraient » trop aux premiers échecs scolaires.

LES PARENTS ont longtemps cru que l’école primaire française était d’excellente qualité. Les enquêtes d’opinion démontrent qu’ils en ont une image beaucoup plus positive que celles du collège et du lycée. Pourtant, le rapport du Haut Conseil de l’éducation (HCE) qui sera remis lundi au président de la République va à l’encontre des idées reçues et critique assez durement l’école primaire, affirmant qu’il est « urgent d’agir ». Premier constat : si 60 % des élèves en sortent plutôt bien formés, c’est loin d’être le cas des 40 % restants, voués à un échec quasi certain lors de leurs futures études ! Pire, l’école primaire semblerait s’être « résignée » à cet échec, alors même qu’elle sait détecter leurs problèmes très précocement.

Ce mince rapport de 26 pages ne propose cependant pas de solutions. Mais nul doute que sa lecture décapante va provoquer des réactions. Xavier Darcos, le ministre de l’Éducation, a déjà assuré qu’il en tiendrait compte (lire ci-dessous). Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUIPP (syndicat majoritaire chez les enseignants du primaire), lui, accuse ce rapport « peu scientifique » de « noircir le tableau » en mettant dans le même sac les écoliers « qui ont de vraies difficultés » et ceux « qui sont en train de consolider leurs acquis ».

Car, pour le HCE, pas moins de quatre écoliers sur dix, soit environ 300 000 élèves, sortent du CM2 avec de graves lacunes dont 200 000 ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul et 100 000 n’ont pas la maîtrise des compétences de base dans ces domaines.

Dans les détails, dévoilés par l’agence AEF, le rapport livre l’analyse des professeurs de sixième qui recueillent les élèves aux acquis fragiles. Ces derniers « lisent trop lentement parce qu’ils déchiffrent mal », ou bien déchiffrent mais ne comprennent « que très partiellement ce qu’ils lisent, faute des connaissances linguistiques et culturelles suffisantes ». Ils seront condamnés « à une scolarité difficile au collège et à une poursuite d’études incertaine au-delà ».

La minorité qui rencontre des difficultés sévères ou très sévères est constituée, dans le meilleur des cas, « d’élèves qui déchiffrent, mais ne sont pas capables de comprendre l’ensemble du sens du texte qui leur est soumis ». Dans le pire des cas, ils ne savent même pas déchiffrer. « Ces lacunes rendent impossibles aussi bien un réel parcours scolaire de collège qu’une formation qualifiante. »

Des ressources humaines « mal réparties »

Selon les neuf membres du HCE, les difficultés de départ tendent même à s’aggraver. Les évaluations dans le cadre de la journée d’appel de préparation à la défense montraient ainsi qu’en 2006, 20 % d’une génération ne maîtrisait pas la lecture à 17 ans : « Une proportion comparable, voire supérieure, à celle qui est observée à l’issue du primaire ». Pourtant la Suède ou les Pays-Bas ont réussi à faire baisser la grande difficulté scolaire à moins de 5 % à la fin du primaire, souligne le HCE, qui critique certains dispositifs comme le redoublement précoce « inefficace et injuste socialement ».

Il s’interroge également sur la responsabilité de l’école maternelle dans l’échec scolaire et sur le manque de liaison entre maternelle et primaire. Il regrette aussi des ressources humaines « mal réparties ». Si depuis trente ans, l’évolution démographique a entraîné une légère baisse de l’effectif moyen par classe, le HCE note une forte augmentation du nombre de maîtres « sans classes » : 12 % entre 1989 et 2000.

« Des marges de manoeuvre réelles ne servent donc pas en priorité à affecter des ressources humaines suffisantes à l’amélioration du soutien des élèves », affirme le HCE. Pour Gilles Moindrot, ce rapport pose certains constats intéressants sur l’inefficacité du redoublement ou le rôle de la maternelle. « Heureusement, souligne-t-il, il ne propose pas de solution à l’emporte-pièce comme revenir aux méthodes de l’école de grand-père. »

60% des élèves de primaires sont préparés à leur entrée en sixième

mis en ligne le dimanche 26 août 2007
par ML



  
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