C’est pas la carte qu’il faut changer, c’est le menu !!

C’est pas la carte qu’il faut changer, c’est le menu !!

dimanche 1er juillet 2007, par Manuel Alvarez

Du sommet de l’État à l’Inspecteur d’Académie, sans la moindre concertation, chacun s’évertue à présenter sous ses plus beaux atours l’abandon progressif de la carte scolaire. Et pourtant, sous un costume rutilant, c’est l’Éducation nationale qui va se retrouver en lambeaux. Il y a tout lieu de craindre que les mesures décidées par le gouvernement pour assouplir la carte scolaire et la sectorisation des collèges et des lycées ne fassent qu’aggraver la ségrégation sociale et scolaire. Elles ne peuvent en aucun cas garantir l’égalité des droits ni favoriser la mixité.

Elles ne feront que renforcer la réalité d’une école à deux vitesses par l’instauration d’un système concurrentiel entre établissements, entre parents, qui aggravera donc les inégalités. Il s’agit en fait de poudre aux yeux lancée aux parents en leur faisant croire qu’ils seront entièrement libres de choisir l’établissement de leurs enfants alors qu’en réalité, ce sont l’Académie et les chefs d’établissements qui choisiront leurs élèves. Cette orientation légitime aussi l’idée, au lieu de la combattre, que la réussite de leurs enfants passe par l’évitement de l’établissement du quartier !.

La FCPE Île-de-France refuse de cautionner ces mesures. Au contraire, elle est, en cohérence avec son projet éducatif, résolument attachée à une sectorisation qui soit un réel outil de mixité sociale et scolaire. Or, si aujourd’hui certains collèges ne peuvent plus répondre à la mission de brassage social et d’hétérogénéité culturelle, c’est avant tout parce que l’environnement social, la précarité économique et les conditions de vie des familles ont produit des ghettos. La véritable réponse aux difficultés sociales, génératrices de difficultés scolaires, n’est donc pas tant dans l’école qu’autour de l’école.

Pour obtenir la mixité, il faut accepter l’hétérogénéité.

Chacun le sait, il y a un lien objectif (statistique) entre la catégorie sociale des parents et le niveau scolaire de l’élève. C’est pourquoi, on ne peut mettre en place une réelle mixité sociale qu’en favorisant une réelle hétérogénéité en classe. Or les mesures gouvernementales vont au contraire, sélectionner, trier et cantonner chaque élève dans des structures homogènes sclérosantes qui appauvriront le niveau d’ensemble au bénéfice incertain d’une toute petite élite mais au détriment de l’intérêt général.

Si le gouvernement voulait vraiment la mixité sociale, il lui faudrait donc engager des moyens suffisants pour former et accompagner les enseignants des établissements les plus recherchés dans l’accueil d’élèves d’établissements plus populaires et pour soutenir les établissements rencontrant des difficultés dans les quartiers défavorisés.

Cette ambition ne peut se réaliser en enlevant, année après année, des postes d’enseignants, des médecins scolaires, des travailleurs sociaux, des surveillants. Pourtant, le gouvernement annonce simultanément la suppression de 10 000 postes en 2008 qui va encore dégrader la qualité de l’enseignement, rendre plus difficile les remplacements des enseignants.

L’amélioration du système éducatif, la réduction de l’échec scolaire ne peut se faire en supprimant des classes, en fermant des filières, en réservant les options les plus recherchées aux établissements prestigieux ou mieux cotés. Pour réussir l’école pour tous, il faut de l’ambition pour tous, pas seulement pour quelques établissements ou une minorité d’élèves promise à devenir l’élite de demain.

L’ambition de l’école se nourrit de l’ambition sociale. Il n’y aurait pas de ségrégation scolaire si depuis cinquante ans l’État n’avait favorisé l’émergence de la ségrégation urbaine puis laissé dépérir des quartiers. A l’inverse, la réussite à l’école doit plonger ses racines dans des politiques urbaines, économiques, culturelles et sociales ambitieuses pour les familles et leurs enfants. Il faut repenser la politique de la ville et lui donner les moyens de porter une véritable ambition sociétale.

La FCPE réaffirme que même si la sectorisation n’est pas la panacée, elle constitue un rempart qui permet de préserver la mixité des établissements dans la mesure où elle existe dans le quartier.

La FCPE considère, qu’au lieu de supprimer la carte scolaire, il faut la redéfinir, de manière concertée avec tous les acteurs concernés (Académie, collectivités territoriales, parents d’élèves) dans tous les territoires.

Cette reconfiguration des secteurs doit s’accompagner d’une claire politique d’affectation des élèves (clarté sur les motifs de dérogation) et de la mise en œuvre de moyens suffisants dans tous les établissements en donnant plus à ceux qui favorisent la mixité. C’est la condition du respect par tous de la sectorisation, donc de l’amélioration de la mixité sociale et scolaire et de progrès dans la voie de l’égalité devant l’éducation.

Les parents d’élèves FCPE d’Ile de France demandent avec force le retrait de cette mesure et l’organisation d’une véritable réflexion sur les contenus des enseignements, les pratiques pédagogiques, la lutte contre les inégalités et l’échec scolaire avec l’ensemble des partenaires de la communauté éducative, pour un véritable changement de cap.

Paris, le 2 juillet 2007

Contacts presse :

Valérie Czarny, présidente FCPE 77 : 06.60.58.83.34 FCPE 78 : 01 39 50 57 94 FCPE 91 : 01 64 96 15 86 FCPE 92 : 01 40 93 45 68 Michel Hervieu, président FCPE 93 : 06 80 84 63 58 Alain Buch, président FCPE 94 : 06 71 51 17 94 FCPE 95 : 01 30 32 67 67 Michel Sangam, président FCPE 75 : 06 70 36 43 63

Bernard Dubois, responsable de la communication, FCPE 75 : 06 63 36 38 47

mis en ligne le vendredi 6 juillet 2007
par ML



  
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