Xavier Darcos : "A la rentrée, le nombre de dérogations sera doublé"

Xavier Darcos : "A la rentrée, le nombre de dérogations sera doublé"

jeudi 31 mai 2007

L’école, dit-on, n’est ni de droite ni de gauche. Etes-vous d’accord ?

Oui. La réussite de l’école reste un objectif partagé. Il y a même plus de consensus que je ne le pensais ! Bien sûr, certains préjugés demeurent : "Vous êtes de droite, vous voulez donc faire le grand marché libéral de l’école." Personne ne veut faire cela. Mais il existe d’autres réponses politiques aux problèmes de l’école que l’injection continuelle et massive de moyens.

Et comment voyez-vous la référence à Mai68, dont Nicolas Sarkozy veut "liquider l’héritage" ?

Je crois très simplement qu’à l’issue de cette période, beaucoup ont considéré à tort que la liberté devait être un point de départ alors qu’elle est un point d’arrivée. Et sur le parcours, il y a d’abord l’école, la culture, le savoir, l’instruction, le civisme...

Allez-vous, comme promis, revenir sur le décret Robien sur les décharges horaires dont vous avez dit qu’il cristallisait les mécontentements ?

Sur ce dossier, Nicolas Sarkozy recevra à son tour, dans quelques jours, les représentants de la communauté éducative. Je lui ai fait des propositions. C’est lui qui décidera. Mais je sais qu’il souhaite améliorer le pouvoir d’achat de tous.

Vous avez annoncé un grand chantier sur la revalorisation des carrières. Selon quel calendrier ?

J’ai proposé de rassembler dans un Livre vert, d’ici à la fin de l’automne, toutes les propositions, y compris les nôtres. Une deuxième phase devrait ensuite nous amener jusqu’au printemps 2008, pour négocier un accord sur la redéfinition du métier d’enseignant. Quant aux rémunérations, Nicolas Sarkozy l’a répété : 1,3 smic pour un début de carrière, c’est quand même modeste lorsqu’on a passé un concours à bac +4 ou 5.

Si ce n’est pas assez, quel est l’objectif ?

Je ne peux pas encore le préciser. Mais nous allons vraiment "mettre le paquet" sur la situation morale et matérielle des enseignants.

Vous voulez aussi des "gains de productivité". Et vous citez le chiffre de 32000 enseignants qui ne sont pas devant les élèves...

Ce chiffre est issu de la Cour des comptes. Cela représente pratiquement une académie et plus d’un milliard d’euros par an. Il faut toutefois être prudent, car cela concerne aussi des services qui concourent à l’action éducative : les associations périphériques de l’école, diverses structures d’aide. Mais il y a une marge de manœuvre importante. Cela mérite d’être examiné.

Vous en avez parlé à vos interlocuteurs syndicaux ?

Je suis membre d’un gouvernement qui a reçu mandat d’alléger la charge de l’Etat et je ne pourrai pas m’en abstraire. Nous avons, dans le second degré, un professeur pour onze élèves. Cela ne signifie pas qu’il y a onze élèves par classe, mais que nous avons un des meilleurs taux d’encadrement des pays de l’OCDE. Notre offre scolaire est considérable, avec une grande diversité d’options. Mais elles sont dispersées dans tous les établissements. Il faut garder la diversité mais mettre fin à l’éparpillement.

Comment percevez-vous les syndicats qui ont usé tant de vos prédécesseurs ?

Les syndicats reconnaissent que je ne suis pas un ennemi de l’école publique. Je regrette qu’ils soient parfois obligés d’avoir des positions maximalistes. Mais ils évoluent car le milieu enseignant lui-même change.

Concernant la carte scolaire, vous avez opté pour une étape d’expérimentation dès la rentrée. Pouvez-vous nous en préciser les modalités ?

C’est une liberté nouvelle que nous voulons donner aux familles. Il faut dédramatiser ce problème. Il est un peu difficile à gérer dans les grandes villes aux quartiers très contrastés, mais ne se pose pas du tout dans le primaire ni dans les zones rurales. J’ai indiqué qu’entre 10% et 20% des élèves ne seront plus soumis à la carte scolaire à la rentrée : cela équivaut à doubler le nombre des dérogations existantes. 10% de plus dans un établissement, c’est quelques dizaines d’élèves, cela ne provoquera pas une grande révolution, ni la pagaille. Nous allons en finir avec l’opacité, les dérogations accordées par relations. Les demandes seront plus favorablement accueillies dès la rentrée. Et si, par ailleurs, des établissements moins demandés perdent quelques élèves, nous maintiendrons leurs moyens pédagogiques. Mais il faut que les familles se rendent compte qu’on ne pourra pas tout accepter d’un coup. Nous allons fixer quelques critères lisibles.

Lesquels ?

Les élèves boursiers auront la priorité. Nous prendrons aussi en compte les cas de force majeure, la correction d’absurdités (un côté du trottoir ou l’autre) et, tout simplement, les demandes de bonne foi venant des familles, dans l’intérêt de l’enfant, pour rejoindre un frère ou une sœur...

Et si c’est seulement pour rejoindre un "meilleur" établissement ?

Ce motif ne pourra pas être retenu tout de suite. Même si je le trouve tout à fait recevable. Pourquoi refuser à un élève de choisir, dans l’intérêt de sa scolarité ? C’est pourquoi, à terme, chaque établissement devra contribuer à la mixité. Je ne veux pas employer le mot de quota parce qu’il est horrible, mais nous allons essayer d’encourager la mixité géographique et sociale au niveau de chaque établissement. Au plus tard en 2010, nous aurons vraiment donné la liberté de choix aux familles.

Le Monde du 1er juin 2007

mis en ligne le jeudi 31 mai 2007
par ML



  
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