Les 4 questions que pose cette réforme

Les 4 questions que pose cette réforme

mardi 29 mai 2007

1 Comment va-t-on sélectionner les élèves ?

C’est le principal argument des contestataires de la réforme de la carte scolaire. « Les élèves pourront candidater librement, mais pour être inscrit, ce sera une autre affaire : le principal ou le proviseur prendront les meilleurs dossiers, voilà tout. Et il n’y aura pas de la place pour tout le monde », explique le sociologue Georges Felouzis.

« Mécaniquement, cela va accentuer l’inégalité entre les établissements demandés par les familles et les autres. Il faudra des compensations musclées pour ne pas aggraver la ghettoïsation. » Le ministère réfléchirait à la possibilité de doter les établissements en fonction du nombre d’élèves qu’ils sont censés accueillir et pas des effectifs réels à la rentrée. « Cela voudrait dire plus de moyens pour les collèges qui voient partir leurs élèves », précise Gérard Aschieri, leader de la FSU.

2 Qu’adviendra-t-il des élèves qui n’auront plus de place dans leur collège de secteur ?

Cette crainte, légitime pour des familles qui habitent près d’un bon établissement et qui n’auraient pas de place assurée pour leur rejeton, est levée par Xavier Darcos. La loi, d’ailleurs, les protège : en cas de non-inscription, un recours gracieux auprès du rectorat, voire au tribunal administratif avec la quasi-garantie d’avoir gain de cause. Pour faire face à l’afflux de demandes dans les établissements les plus cotés, le ministère pourrait envisager d’y d’augmenter un peu les élèves par classe, voire d’ouvrir des classes supplémentaires...

3 Comment organiser les transports ?

Cette question, particulièrement sensible en milieu rural - où, il est vrai, la carte scolaire pose moins de problèmes que dans les grandes villes -, se heurtera au bon vouloir des conseils généraux, maîtres d’oeuvre de la politique des transports dans les départements. « Les transports sont pensés en fonction de la sectorisation existante. Hormis le cas de Paris, où le maillage le permet, il sera impossible d’organiser les transports en fonction de chaque cas », poursuit Georges Felouzis. Le ministère parie sur l’effet de proximité, qui veut que la grande majorité des familles préfère inscrire leurs enfants dans un établissement voisin du domicile, même s’il est un peu moins réputé qu’un établissement plus lointain.

4 Ne risque-t-on pas de décourager les équipes des collèges-repoussoirs ?

« Je ne veux pas que mon collège devienne un établissement ghetto », clame Geneviève Martin, principale au collège (défavorisé) Villeneuve de Fréjus (Var), que 25 élèves (sur 220) de sixième cherchent à fuir chaque rentrée. « Comment va-t-on tenir la barre si on nous enlève nos meilleurs élèves ? » Le ministère ne pourra pas faire l’impasse sur cet écueil. Les salaires des enseignants de ces établissements devraient être sérieusement revalorisés. Des discussions pourraient s’ouvrir rapidement avec les syndicats, avec un préalable : l’abrogation des décrets Robien supprimant certaines décharges horaires. Leur annulation pourrait être annoncée dès ce soir (ou au plus tard demain) quand le ministre aura achevé, avec la CGT, sa tournée des syndicats. « Je crains surtout la réaction des chefs d’établissement qui rament au quotidien, sans compter leur temps, et qui verront fuir leurs meilleurs élèves l’an prochain sans avoir les moyens de les retenir. Ils baisseront certainement les bras », craint un ancien recteur, qui ne croit pas aux vertus des compensations salariales.

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Le Parisien du 29 mai 2007

mis en ligne le mercredi 30 mai 2007
par ML



  
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