La progression du nombre d’enfants fugueurs inquiète

Un petit mot laissé dans la chambre, la disparition du livret de famille, la confidence d’un copain : par ces signes, chaque année, des milliers de parents découvrent que leur enfant les a quittés, de gré ou de force.

Organisée vendredi 25 mai, la Journée internationale des enfants disparus ambitionne de mobiliser l’opinion sur le problème et sur les dispositifs existants pour venir en aide aux familles.

En 2006, l’Office central chargé des violences aux personnes au ministère de l’intérieur a recensé plus de 43 000 fugues (20 000 garçons et 23 000 filles), ainsi que 9 600 disparitions inquiétantes, dont 522 mineurs. Selon le bilan rendu public vendredi, les policiers ont, cette même année, retrouvé 42 400 fugueurs et 350 mineurs disparus. Le numéro Azur SOS-Enfants disparus (0-810-012-014) créé à l’automne 2004 trouve ainsi une utilité croissante : il avait reçu moins de 2 000 appels en 2005. Il en a traité près de 3 200 en 2006. Cofinancé par les ministères de la famille et de la justice, il est géré par l’Institut national d’aide aux victimes (Inavem) et la Fondation pour l’enfance.

"La majorité des appels émanent de familles qui sont en situation de panique", explique Géraldine Bouhedja, responsable de la plateforme d’accueil téléphonique à l’Inavem. Onze personnes sont à disposition pour cette première écoute. "Avant toute chose, nous leur demandons si elles ont signalé la disparition à la police ou à la gendarmerie. La plupart du temps, c’est déjà fait. Mais certains parents minimisent les choses pour se rassurer. Nous les orientons vers la police, avant de les aider à entamer leurs propres recherches", précise Mme Bouhedja. Il s’agit ainsi de commencer à éclaircir le contexte de la disparition : l’enfant a-t-il préparé son départ ? Laissé un indice ? Une dispute s’est-elle produite dans la famille ? Ou un incident à l’école ? L’enfant s’est-il confié à des amis ? "Les premières 24 heures sont déterminantes", souligne Mme Bouhedja : "Plus tôt on a signalé une disparition, plus on a de chances de retrouver l’enfant."

Ce premier contact établi, l’Inavem passe le relais à la Fondation pour l’enfance, qui va accompagner les familles jusqu’au retour de l’enfant. En 2006, ce service de la Fondation a ouvert 750 nouveaux dossiers. Près de 40 % concernent des fugues et un tiers, des enlèvements parentaux. Une minorité de dossiers (8 %) relève de disparitions à caractère criminel.

UNE AIDE JURIDIQUE

L’association fait le lien entre les parents et les institutions - justice, police, réseau diplomatique. Elle vérifie que l’enfant est bien inscrit au fichier des personnes recherchées, apporte une aide juridique, oriente la famille vers un soutien psychologique ou social. "Nous ne traitons pas l’urgence et nous ne sommes pas un service d’investigation privé", explique Arnauld Gruselle, directeur de la Fondation pour l’enfance. "La demande des parents est d’être assurés, par un service neutre, que tout est fait pour retrouver leur enfant."

Le dispositif atteint cependant ses limites, selon M. Gruselle. Le nombre de fugueurs progresse d’environ 10 % par an, les fugues liées aux rencontres par Internet devenant significatives. Mais les moyens sont limités : un budget de 175 000 euros pour la Fondation, contre 4 millions pour Child Focus, l’équivalent belge.

"SOS-Enfants disparus fonctionne avec les moyens du bord", regrette Alain Boulay, président de l’Association des parents d’enfants victimes, association partenaire, qui lance, à l’occasion de cette journée, une campagne d’affichage pour la recherche de 12 enfants disparus. Pour M. Boulay, "il est temps que la France se dote d’une structure autonome, comme l’ont fait d’autres pays".

Nathalie Guibert - Le Monde

mis en ligne le jeudi 24 mai 2007
par ML



  
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