Même dévalorisé, le bac est toujours "une étape initiatique"

J’ai peur d’échouer parce que je ne tiens pas à me retrouver encore une année au lycée". A moins de trois semaines du bac, Mathilde, 18 ans, en terminale L, stresse de manquer un examen qui lui permettra "enfin" d’aller à l’université.

Au rythme de nuits courtes, à grand renfort de polycopiés et en "enchaînant les cigarettes", cette lycéenne de Foix révise dans l’angoisse, même si elle est consciente qu’elle peut difficilement échouer.

"Etre évaluée en une seule fois me fait peur. En philo, il suffit d’une question piège pour que ça balance dans l’autre sens", avoue la jeune fille, qui possède déjà "40 points d’avance" grâce au français et aux sciences de la Vie et de la Terre passés en première.

Depuis près de 200 ans qu’il existe et malgré toutes les critiques dont il fait les frais depuis une trentaine d’années, le bac reste, de l’avis général, un "rite de passage" de l’enfance à l’âge adulte qui n’en finit pas de provoquer mains moites, estomacs noués et insomnies.

"L’enjeu est très fort, c’est un enjeu sociétal, le bac marque la fin d’une période, une étape initiatique avant le départ vers le supérieur", confirme Anne Kerkhove, présidente de la fédération de parents d’élèves Peep. De fait, Mme Kerkhove témoigne que les parents traversent aussi un tunnel de stress.

Les mois et les semaines qui précèdent cet examen hautement symbolique font d’ailleurs souvent les affaires des organismes privés de cours particuliers et autres livres parascolaires. Souvent appelé "marché de l’angoisse scolaire", ce phénomène est d’ailleurs très critiqué par nombre d’organisations du monde éducatif. La fédération de parents FCPE appelle ainsi ses troupes à "ne pas tomber dans le piège des cours privés". "Payer des cours particuliers, ça rassure mais ça maintient l’angoisse", écrit-elle dans son journal interne.

D’ailleurs, juste après la peur de rester sur les bancs du lycée, Mathilde craint de "décevoir (sa) famille" si elle échoue.

"Tout le monde est stressé", constate Floréale Mangin, présidente du syndicat lycéen UNL, même si "ça dépend forcément de la réussite scolaire" de chacun. La "pression" est mise tant par "les parents que les profs et la société toute entière", confirme-t-elle.Même si le bac "a perdu beaucoup de sa valeur, c’est un passage dans une autre vie, on passe du statut d’élève, un peu d’enfant, à la cour des grands", concède la jeune fille qui s’apprête elle-même à passer son bac L.

A cette charge initiatique endossée par le bac, s’ajoute le caractère inédit d’épreuves au long cours - cinq jours d’affilée de compositions et d’oraux -, d’autant plus sensible cette année qu’un mouvement de grogne des enseignants a souvent empêché la tenue des bacs blancs. "C’est l’inconnu, c’est comme le jour d’un mariage : on s’y est préparé, on sait ce que ça va être mais on ne l’a pas vécu", analyse Annie Reithmann, directrice du département parascolaire chez Studyrama, un des groupes spécialistes de l’orientation.

Elle estime que les adolescents ont conscience que "c’est le dernier saut" mais pour elle malgré tout, "le stress est productif". "On le rencontrera dans la vie professionnelle", rappelle-t-elle, convaincue qu’il apprend "à raisonner efficacement, à synthétiser, à faire des connexions entre plusieurs éléments".

mis en ligne le jeudi 24 mai 2007
par ML



  
BRÈVES

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