Le ministère peut-il imposer le B2i au brevet ?

Pris dans les tous derniers jours du ministère Robien, un décret impose d’obtenir le B2i pour obtenir le brevet à partir de 2008. Techniquement le texte indique que le B2i entre comme mention complémentaire obligatoire qui vient s’adosser à l’examen en place. Ainsi deux modalités différentes d’évaluation cohabiteraient dans le brevet 2008, une évaluation de compétences (B2i et cadre européen des langues) et la notation traditionnelle des disciplines participant au brevet. Or, les établissements ont bien du mal à mettre en place le B2i. En 2006, selon le ministère, seulement 14% des élèves l’ont obtenu. Cet état de fait alerte. Peut-on sérieusement envisager pour 2008 de lier brevet et B2i ?

Comment expliquer la stratégie ministérielle ?

L’idée d’intégrer le B2i dans les examens trouve son origine dans une demande ancienne (2001) de l’inspection générale. Elle joue sur l’importance de l’examen dans l’imaginaire collectif des enseignants. Plus généralement, cette approche repose sur l’idée qu’il faut trouver un moyen de pression adapté pour imposer telle ou telle mesure et que, en l’occurrence, l’examen serait le meilleur.

L’idée n’est d’ailleurs pas fausse. L’annonce de cette intégration au brevet a déjà commencé à faire réfléchir certains établissements. Et cette démarche a réussi pour d’autres dispositifs. On a l’exemple des TPE, qui, malgré les oppositions, se sont imposés avec les deux pressions concourantes de l’intégration disciplinaire et de l’intégration dans le bac. Mais, à cette démarche s’oppose l’étrangeté du B2i par rapport à la forme scolaire. Le B2i est une évaluation de compétences en continu sans enseignement spécifique. Trois termes qui sont en opposition avec la forme habituelle des disciplines qui ont en charge l’enseignement et l’évaluation de cet enseignement. Dans l’éducation nationale on évalue généralement des connaissances, de façon ponctuelle et à l’intérieur d’une discipline.

Faut-il réformer la réforme ?

On voit les propositions fleurir sur les listes de discussion d’enseignants. Ainsi, du côté des enseignants de technologie, on propose que ceux-ci soient les coordinateurs du B2i dans l’établissement et que l’informatique de base soit enseignée par eux au collège. Cette proposition confirme bien une demande de retour à la forme scolaire pour rendre possible le B2i tout en acceptant la séparation entre l’enseignement et l’évaluation (qui serait faite par tous les enseignants intégrant les TIC). Un certain nombre d’enseignants documentalistes sont assez proches de cette position en particulier sur la question des compétences informationnelles présentes dans le B2i. C’est le cas également de ceux qui prônent l’instauration d’un enseignement disciplinaire de l’informatique.

Le ministère lui-même semble hésiter. Il a déjà entamé une modification du modèle initial du B2i en proposant 80% des items et deux disciplines au minimum pour la validation, espérant probablement favoriser son développement. On peut aussi remarquer les hésitations ministérielles sur le programme de technologie (cf les premiers textes du socle) et sur la place de la technologie au collège.

Rendre possible le B2i, c’est d’abord adapter le dispositif au contexte local de l’établissement, sans pour autant le modifier sur le fond. La question du B2i ne sera pas résolue par le seul brevet des collèges.

En l’état actuel des textes, et du fonctionnement en place, les apprentissages spécifiques doivent être pris en charge dans l’enseignement de toutes les disciplines scolaires, de même que les évaluations. Ce qui manque pour l’instant c’est l’idée de coordination du B2i qui serait reconnue comme charge effective de travail pour celui qui l’assume. Au moment ou un des aspects de la réforme du 12 février tant décriée propose d’affecter des heures aux responsables TICE, on peut se demander si ce n’est pas au B2i que ces heures devraient être consacrées. Non pas pour enseigner l’informatique, mais pour rendre possible les apprentissages dans toutes les disciplines et assurer le suivi du B2i dans l’établissement.

Outre les débats de fond sur les compétences réelles ou non des élèves et des enseignants en matière de TICE, le B2i a le mérite de reconnaître l’importance de cet « objet » dans le monde scolaire et d’imposer cette importance à tous les enseignants en évitant de le marginaliser dans une discipline. Les modalités de mise en œuvre retenues à sa création et largement confirmées aujourd’hui bousculent les équipes. La nécessité de travailler en collectif pour mettre en place le B2i suppose une coordination qui soit aussi un accompagnement entre collègues. Cette dimension a été souvent ignorée dans l’ensemble des documents publiés sur le B2i.

Bruno Devauchelle CAFE PEDAGOGIQUE 24 MAI 2007

mis en ligne le jeudi 24 mai 2007
par ML



  
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