Le ministre a évoqué un « assouplissement » de la sectorisation pour la rentrée 2007.

Le ministre a évoqué un « assouplissement » de la sectorisation pour la rentrée 2007. Xavier Darcos rebat les cartes scolaires

Par Véronique SOULE

A peine nommé, le nouveau ministre de l’Education, Xavier Darcos ,s’est attaqué à la carte scolaire, sujet sensible par excellence. Estimant qu’elle « ne profitait qu’aux riches », Nicolas Sarkozy a fait de sa suppression l’une des grandes promesses de sa campagne. Conscient de l’hostilité du monde enseignant, Xavier Darcos s’est montré toutefois prudent, parlant d’un assouplissement à la rentrée 2007. Les réformes libérales du Président sont donc déjà en marche et risquent d’aller vite.

Petites touches. « Est-ce qu’elle est juste, la carte scolaire ? » a lancé hier le ministre qui, pour son premier déplacement, avait choisi de visiter un collège classé « Ambition réussite » (les plus sensibles), à Asnières, dans les Hauts-de-Seine.

Quelque 70 % des élèves sont issus de milieux défavorisés, selon le principal, alors que la sectorisation ­ qui contraint les élèves à s’inscrire dans les écoles de leurs « secteurs » ­ est censée, autant que possible, assurer une certaine mixité sociale.

« La carte scolaire n’est pas une assignation à résidence », a ajouté le ministre, critique voilée de la contrainte qu’elle représente pour certains, particulièrement pour les couches les plus défavorisées interdites de fait d’envoyer leurs enfants dans les meilleurs établissements. Depuis qu’il est entré en fonction, il ne se passe pas un jour sans que le ministre aborde, par petites touches, le sujet. Un jour, il parle devant la fédération des parents d’élèves de la PEEP d’un assouplissement de la carte scolaire, dès la rentrée, qui concernerait « 10 à 20 % » des affectations. Un autre jour, il explique qu’il faut la supprimer, mais qu’« on ne peut régler une question aussi complexe du jour au lendemain ». Mais Sarkozy l’a répété haut et fort durant la campagne : cette carte est devenue injuste et renforce les inégalités plus qu’elle ne les corrige.

Pratiquement plus personne ne conteste ce fait, y compris les syndicats enseignants restés très attachés à la sectorisation, symbole de l’école républicaine. Pour les plus éduqués et les mieux informés des rouages de l’Education nationale, comme les enseignants, c’est devenu un sport de contourner la carte scolaire. Ils présentent de fausses adresses et vont jusqu’à déménager pour se retrouver dans le secteur du lycée de leur rêve pour leurs rejetons. A défaut, ils l’inscrivent dans une école privée pour éviter le collège du secteur mal réputé. Les plus pauvres, relégués dans leurs cités ghettos de banlieues, sont quasiment condamnés à rester dans leurs collèges.

« Concurrence ». « Il a été ouvert, cordial, et connaît fort bien la maison » , soulignait hier en sortant du ministère le secrétaire général de la FSU Gérard Aschieri. Le ministre, agrégé de lettres promu inspecteur général de l’Education, a entamé de vastes consultations. « Une commission sur le métier d’enseignant va s’ouvrir en juin » , indique ainsi Aschieri, « et aboutira à un "livre vert" ».

Sur la carte scolaire, l’échange n’a guère été concluant. Le ministre a confirmé sa volonté de la supprimer, disant poursuivre les mêmes objectifs, davantage de mixité et de justice. Comme les syndicats le demandent, il est apparemment d’accord pour maintenir aux collèges les dotations correspondant aux effectifs prévus, même s’ils ont moins d’inscrits. Une façon d’aider les « mauvais » collèges. En revanche, il est opposé au redécoupage des secteurs, qui permettrait de mieux mélanger les couches sociales. Apparemment, le raisonnement serait désormais inverse : aux établissements eux-mêmes d’assurer une diversité sociale. Le ministre ne dit pas comment.

« Un assouplissement profite toujours aux mêmes » , indique Aschieri. « Je crains que sur le fond, on introduise une nouvelle philosophie de l’école, avec une forme de concurrence, voire un marché de l’école ». « On fait miroiter aux parents qu’ils vont choisir mais se sont les chefs d’établissement qui vont choisir », renchérit Luc Bérille, du syndicat SE-Unsa. « Il faut rendre plus attractifs les collèges dans les quartiers délicats, leur donner des atouts pour qu’ils gardent leurs élèves.

mis en ligne le mercredi 23 mai 2007
par ML



  
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