Passer le bac plutôt que prendre l’avion

Passer le bac plutôt que prendre l’avion

jeudi 17 mai 2007

Mobilisation aujourd’hui à Paris, à Lyon la semaine prochaine, pour permettre aux élèves sans papiers majeurs de terminer leurs études en toute sérénité.

« Le bac ? C’est si proche et si loin. Je le prépare. Un peu. J’essaie. J’ai peur. » Maria a dix-huit ans et demi. Elle est en terminale économie et social au lycée Paul-Valéry, à Paris. Elle est arrivée en France il y a cinq ans, avec sa mère, pour retrouver son père déjà réfugié sur notre sol.

La famille, uruguayenne, a fui la crise économique. Le bac, c’est le 11 juin. La date limite d’application de l’obligation à quitter le territoire français, qui empêche Maria de dormir, le 27 mai. « Tout ce que nous avons commencé à construire ici s’écroule du jour au lendemain. » Ici, elle a des projets, elle bâtit son avenir, elle a eu son brevet, elle est déléguée de sa classe cette année, ne parlant pas un mot de français quand elle est arrivée, aujourd’hui elle veut être avocate « parce que j’aime convaincre les gens ».

« Je ne sais pas comment réagir, je ne comprends pas ce qui arrive », lâche-t-elle. Ses copains ne comprennent pas trop non plus. Ses enseignants et les parents d’élèves beaucoup plus, qui ont mobilisé tous leurs réseaux pour la défendre : ils ont recueilli 1 051 signatures, sans compter celles collectées sur Internet ou ailleurs. L’appel contre la décision de la préfecture de Paris sera déposé mercredi ou jeudi prochain. En attendant, le lycée Paul-Valéry se joindra, cet après-midi, au rassemblement lancé par le lycée Turgot, devant l’Hôtel de Ville de Paris, à 15 heures, pour défendre les « jeunes majeurs ». Si une bonne dizaine de lycées parisiens ont été informés de l’initiative, il était encore difficile, hier, pour les organisateurs de connaître la liste de ceux qui répondront à l’appel. Cette fois, en effet, la décision de mobilisation émane, avant tout, des réseaux adultes, avec cette précision : « Ce ne sera pas une manifestation contre le président de la République, explique l’enseignante Karine Teppo. Nous avons voulu un rassemblement qui perturbe le moins possible les préparations du bac. Nous allons déposer des dossiers bien ficelés pour que ces jeunes puissent terminer leurs études ici, pour qu’eux et leur famille soient régularisés et que cesse leur expulsion. » La Fédération des conseils de parents d’élèves de Paris et l’Union nationale lycéenne ont rendu publique, hier, une déclaration conjointe, s’associant à l’appel de Réseau Éducation sans frontières.

À Lyon, lundi, Mohamed Zaïd, un jeune Algérien de dix-neuf ans, qui prépare un CAP de cannage-paillage dans une école pour malvoyants de Villeurbanne, passait en urgence devant le tribunal administratif pour tenter de faire annuler l’arrêté de reconduite à la frontière pris à son encontre par la préfecture du Rhône. Arrêté mardi dernier, il a vu sa rétention prolongée jeudi et vit maintenant dans la peur de l’expulsion. Après la mort de son père, en Kabylie, la santé de sa mère s’est tant dégradée qu’elle a confié l’adolescent déstabilisé à un de ses frères installé à Lyon. Une « kafala », mise en tutelle, est venue légaliser, pour les autorités algériennes, la présence en France du jeune homme. Mais les demandes de titre de séjour ont été refusées par deux fois par les autorités françaises et un appel est en cours.

Me Catherine Robin a plaidé contre les entorses à la procédure de la préfecture et fait appel à l’humanité du juge en dénonçant l’absence de prise en considération de la véritable situation de Mohamed et en valorisant ses efforts d’intégration et les nombreux soutiens reçus de ses camarades d’école et de ses enseignants. Il a été parrainé, bien avant son arrestation, par Raymond Terracher, adjoint au maire de Villeurbanne. Le jugement a été mis en délibéré. C’est donc pour tenter d’arrêter l’hémorragie des jeunes majeurs étrangers dans l’agglomération lyonnaise que RESF et le Comité de soutien aux jeunes majeurs organisent, le 23 mai, une initiative semblable à celle des lycées parisiens, avec dépôts de dossiers en préfecture.

L’Humanité du 16 mai 2007

mis en ligne le jeudi 17 mai 2007
par ML



  
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