Des milliers d’élèves décrochent chaque année

Environ 15 000 jeunes de moins de 18 ans désertent chaque année le système scolaire. Mais avant d’arriver à cette extrémité, des dizaines de milliers d’adolescents commencent par « sécher » les cours. La plupart ne s’absentent que quelques journées par mois, mais d’autres ne mettent plus les pieds au lycée pendant des semaines, voire des mois. Et la famille peut alors être condamnée pour « non-respect de l’obligation scolaire ».

C’est ce qui est récemment arrivé devant le tribunal correctionnel de Caen aux parents d’une adolescente qui n’était pas allée en classe de 5e durant 51 demi-journées consécutives en 2004. Devant leur fille, en larmes, les parents ont été condamnés à quinze jours de prison avec sursis. La situation s’était aggravée, puisque l’an dernier, l’élève de 15 ans n’était pas inscrite au collège Guillaume-de-Normandie. Lettres, convocations de l’établissement et signalement auprès de l’inspection académique étaient restés vains. Jusqu’en fé­vrier 2007, la collégienne a passé le plus clair de son temps chez elle, avec sa mère, qui ne lui disait « jamais non » selon le parquet tandis que le père, chauffeur routier, était absent toute la semaine.

Ayant abandonné son « statut de petite princesse régnant sur la maison », l’adolescente vient de retrouver les bancs d’un autre collège. Elle a intégré une 4e Segpa, section d’enseignement général et professionnel adapté.

Soulagée d’avoir repris l’école, elle affiche aujourd’hui des ambitions. L’infraction, qui arrive rarement devant les tribunaux, sanctionne le manquement à l’obligation d’instruction et prévoit des peines allant jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. À Blois, en décembre 2005, la mère d’un élève de 12 ans avait ainsi été condamnée à 4 mois de prison avec sursis pour l’absentéisme prolongé de son fils, de mai 2004 à octobre 2005. L’absentéisme scolaire touche très inégalement les établissements. La moitié d’entre eux sont peu concernés par le phénomène. En revanche, la proportion d’élèves absents sans autorisation, plus de quatre demi-journées par mois, oscille de 10 % à 16 % dans 10 % des établissements. Les lycées professionnels, notamment, ont des taux d’absentéisme qui sont fréquemment le triple de ceux des lycées. Ils sont même quatre fois supérieurs à ceux des collèges. L’absentéisme « lourd », soit plus de dix demi-journées par mois, concernerait quand à lui 1 % des élèves chaque mois dans l’enseignement secondaire. Toujours les plus touchés, les lycées professionnels.

Conduites pathologiques

Selon l’association La Bouture, consacrée au décrochage scolaire et à la reprise d’études, les garçons sont surreprésentés parmi les décrocheurs.

Tout comme les 16-20 ans, qui ne sont plus soumis à l’obligation scolaire. Les collégiens sont cependant « à leur tour de plus en plus concernés par le phénomène, et les parents se sentent généralement très démunis face à ce problème », confie Patrice Huerre, pédopsychiatre et auteur d’un livre sur le sujet (Absentéisme scolaire, du normal au pathologique, Éditions Hachette Littérature, 2006). Difficultés d’ap­prentissage, ennui ou orientation imposée sont la source de leur absentéisme mais il n’existe pas de profil type. Selon Patrice Huerre, il peut s’agir d’une problématique adolescente visant à transgresser les règles pour provoquer les adultes. « 

Mais, confie-t-il, certains refusent aussi d’aller en cours car ils ont tout simplement honte de leur visage plein d’acné ». On trouve également des adolescents qui aménagent une vie parallèle aux études, en s’intéressant à la musique ou au sport. Il y a enfin des conduites plus pathologiques liées à des phobies scolaires, des angoisses voire des états dépressifs qui restent plus rares.

MARIE-ESTELLE PECH avec LOUIS LAROQUE à Caen.

Le Figaro

mis en ligne le jeudi 12 avril 2007
par ML



  
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