L’ECJS servira l’éducation routière
D’habitude, rue de Grenelle, c’est aux TPE qu’on demande de prendre en charge les nouvelles demandes d’enseignement. Dans un discours prononcé aux Rencontres nationales de la Sécurité routière, le ministre de l’éducation nationale a annoncé qu’il souhaitait "utiliser l’heure d’éducation civique, juridique et sociale (ECJS) pour sensibiliser les lycéens aux risques principaux et spécifiques de la jeunesse, au premier rang desquels figurent le risque routier et les conduites addictives".
Discours du Ministre :
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Premier ministre, Messieurs les ministres, Madame la déléguée interministérielle, Mesdames, Messieurs,
Après les États généraux de septembre 2002 et d’octobre 2005, c’est avec un réel plaisir que je participe aujourd’hui aux rencontres nationales de la sécurité routière.
C’est pour moi l’occasion de retrouver toutes celles et tous ceux qui au cours de ces cinq dernières années ont contribué au succès du plan de bataille engagé par le Gouvernement contre la violence routière - un plan auquel j’ai eu l’honneur de pouvoir contribuer d’abord comme ministre des Transports, puis comme ministre de l’Éducation nationale.
Je voudrais saluer la présence dans la salle des représentants de la Conférence des Présidents d’Université (C.P.U.), de celle des Grandes Écoles (C.G.E.), des Chambres Consulaires, des associations et mutuelles étudiantes. Votre présence est le gage de l’importance que vous attachez aux enjeux de sécurité routière.
A toutes celles et à tous ceux qui se mobilisent pour la sécurité routière, membres d’association, experts, responsables, je voudrais aussi aujourd’hui commencer par exprimer notre gratitude.
Merci de nous avoir bousculés, merci d’avoir secoué la torpeur. Merci de nous avoir aidés à faire prendre conscience à nos concitoyens que la mort sur la route n’est pas une fatalité et que le respect des règles ne souffre aucune exception.
Même si c’est légitime de vouloir partager les joies de nos premiers succès, nous ne sommes pas ici pour faire de l’autosatisfaction, surtout après avoir entendu le témoignage que nous venons d’entendre. Chaque année nous déplorons encore 5 000 morts et plus de 100 000 blessés sur nos routes, sans compter la multitude des familles brisées !
Nous sommes ici parce que nous voulons continuer à aller de l’avant, et dire non au laxisme, qui nous ferait immanquablement retourner aux errements du passé.
Mais pour aller plus loin, il faut que l’ensemble de nos concitoyens accepte de prendre à bras le corps ce grand défi qui, chaque année, touche des milliers d’entre eux.
Comme ils viennent de le faire avec succès et courage pour l’interdiction de fumer dans les lieux publics, nos concitoyens s’engagent avec la même force pour faire reculer l’un des derniers fléaux de notre société :
L’État a pris ses responsabilités en mettant fin au laxisme et à l’impunité routière, et les résultats ont été immédiats. Si nous voulons maintenant franchir une nouvelle étape et inscrire les progrès dans la durée, nous devons faire en sorte que l’autodiscipline prenne progressivement la place de la seule répression.
Pour créer de bonnes habitudes, nous ne devons pas seulement sensibiliser les adultes. La prévention par l’éducation et la formation des jeunes sont elles aussi indispensables.
Je sais l’espoir placé dans l’Ecole pour progresser dans cette direction. Vous me permettrez en quelques mots de rappeler les initiatives qui viennent d’être prises et les projets sur lesquels nous travaillons :
Le premier axe consiste à travailler sur une sensibilisation précoce des jeunes aux questions de sécurité routière.
Les études faites ont en effet montré qu’une sensibilisation précoce, à l’école primaire et au collège, était un moyen très efficace pour faire des jeunes des automobilistes responsables. C’est ce que permet, dès l’école primaire, l’attestation de première éducation à la route (APER). Cette première initiation se poursuit au collège avec l’attestation scolaire de sécurité routière (A.S.S.R.).
Pour bien marquer toute l’importance que la Nation attache à la sécurité routière, j’ai décidé deux mesures hautement symboliques.
D’abord, j’ai voulu que la sécurité routière soit inscrite dans le socle commun de connaissances et de compétences. Comme vous le savez, le socle commun, maintenant en vigueur depuis cette rentrée, définit, les grandes lignes de l’enseignement obligatoire, de l’école primaire jusqu’au brevet des collèges. Il définit, très concrètement, tout ce que les élèves doivent savoir à la fin de leur scolarité obligatoire.
Il s’agit donc d’un vrai engagement de la part du système éducatif, envers tous les enfants et leurs parents.
Eh bien, le texte du socle commun inscrit au nombre des compétences sociales et civiques la capacité à respecter les règles de sécurité, c’est-à-dire aussi de respecter autrui, puisque ces règles sont là pour le protéger.
Et le socle précise encore : tous les enfants doivent à la fin de leur scolarité obligatoire avoir obtenu l’attestation scolaire de sécurité routière. C’est donc un engagement précis et clair de l’école en faveur de la culture civique : car le respect des règles, il vaut aussi sur la route !
Ensuite, pour encourager les collégiens à s’investir dans les formations à la sécurité routière, j’ai demandé que la note de vie scolaire prenne en compte l’obtention des attestations scolaires de sécurité routière. Comme vous le savez, cette note de vie scolaire est désormais valable pour tous les collégiens. Elle est prise en compte pour l’obtention du brevet. Elle compte, et elle pèse !
L’attention que les collégiens doivent porter à l’éducation routière sera donc renforcée et elle nécessitera plus que par le passé une préparation méthodique à l’examen.
J’ai parlé du collège, mais le lycée est lui aussi concerné, bien évidemment. Nous savons tous que c’est un âge très important, car c’est à ce moment que les conduites à risques se développent.
S’agissant de la mobilisation des lycéens, nous devons agir dans deux directions :
* Tout d’abord, utiliser l’heure d’éducation civique, juridique et sociale (ECJS) pour sensibiliser les lycéens aux risques principaux et spécifiques de la jeunesse, au premier rang desquels figurent le risque routier et les conduites addictives.
* D’autre part, je souhaite que chaque conseil de la vie lycéenne puisse se saisir des questions de sécurité routière et participe aux actions de mobilisation menées par les associations de jeunes. Et j’en profite d’ailleurs pour saluer celles qui par leur présence, montrent aujourd’hui que les lycéens se sentent directement concernés par la sécurité routière.
Le second axe de notre action, c’est la sensibilisation des équipes enseignantes, et de l’ensemble du système éducatif.
Car il est essentiel que les professeurs et les cadres se sentent eux aussi impliqués dans la formation à la sécurité routière. Dans chaque établissement scolaire, un comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (C.E.S.C.) est chargé d’établir un programme d’actions pour que les jeunes adoptent des comportements responsables, qu’ils soient seuls ou en groupe.
Présidé par le chef d’établissement, le C.E.S.C. organise des actions de prévention, en associant aux équipes éducatives, les élèves, les parents et les partenaires extérieurs, qui tous ensembles, forment la communauté éducative. L’efficacité de ces comités est fondée sur un partenariat de proximité susceptible d’apporter des réponses rapides et adaptées aux questions traitées : l’éducation à la sécurité routière et la prévention des risques liés à la route trouvent naturellement leur place dans cette instance.
Par ailleurs, grâce à la mobilisation déterminée des services de l’administration centrale du ministère, des recteurs et des inspecteurs d’académie, des chefs d’établissement et des enseignants, un véritable réseau se met en place, constitué de correspondants académiques et départementaux, de référents d’établissements qui sont sur le terrain autant de catalyseurs de notre action. Cette mobilisation s’accompagne d’un réel souci de formation des cadres et des enseignants. J’observe avec un vif intérêt que l’École Supérieure de l’Éducation Nationale (ESEN), qui forme les cadres de notre ministère, a inscrit cette année une sensibilisation à la sécurité routière. J’ai dit toute l’importance de la politique éducative à la sécurité routière, mais j’ai bien conscience qu’elle ne portera ses fruits que si nous parvenons à unir tous nos efforts. La réussite de cette politique publique passe par le renforcement des partenariats avec les autres ministères, singulièrement celui des transports, avec les services déconcentrés, avec les collectivités territoriales et avec les associations. De nombreuses actions sont déjà entreprises avec tous ces partenaires et des perspectives concrètes existent dans les domaines de l’information et de la communication, de l’éducation et de la formation.
Restons donc unis, pour que notre mobilisation permette de continuer à sauver des vies. Pour faire en sorte que nos enfants puissent échapper aux drames de la route. Pour faire en sorte que leur vie soit épargnée, et qu’ils épargnent la vie d’autrui.
Je vous remercie.