La France, mauvais élève européen en matière d’évaluation de l’enseignement des langues vivantes

La France, mauvais élève européen en matière d’évaluation de l’enseignement des langues vivantes LE MONDE | 23.02.07 |

’inspection générale de l’éducation nationale (IGEN) vient de formuler dans un rapport dix-huit propositions pour améliorer l’évaluation en langue vivante, pour ne pas prendre davantage de retard sur l’Europe.

"Nous serions désormais derniers en Europe pour les langues étrangères", reconnaît Béatrice Lemeure, professeure d’anglais au collège de Marcq-en-Baroeul (Nord). Amélie Bels, étudiante en 2e année de géographie à Lille-I, s’esclaffe : "Nous avons fait un test d’anglais. La conclusion était que nous avions le niveau d’une classe de 5e finlandaise".

L’IGEN a questionné 450 enseignants en 2006 : les nouveaux programmes seraient mal connus par 60 % des professeurs et les évaluations formatées par l’unique ligne d’horizon annuelle des examens. A l’écrit, grammaire et vocabulaire sont privilégiés sur la narration ou la description. Et à l’oral, l’évaluation est surtout basée sur la participation en classe. "On est en train de jongler pour évaluer l’oral, admet Marie-Line Darras, également enseignante à Marcq. Les outils manquent ; les heures aussi." Mme Lemeure stigmatise les effectifs des classes : "L’oral dans une classe de trente..." Seules trois heures d’anglais sont prévues de la 5e à la 3e. "Le reste a été étalé en primaire, où les instituteurs sont peu formés", regrette un enseignant.

Les mêmes lacunes frappent le lycée. "Ma fille entre en seconde européenne, raconte une mère de famille. Elle n’aura qu’une matière en anglais : les maths... Seul ce professeur parle anglais."

"SKETCHES"

Le cadre européen de référence n’est connu et utilisé que par 30 % des enseignants. "C’est tout nouveau, remarque Mme Darras. Nous avons reçu ces directives européennes l’an passé mais rien n’a encore été fait pour nous former." Mme Lemeure est dubitative : "Je ne l’ai pas lu ; 200 pages dans un jargon abominable... Mais une réunion est prévue et je compte bien m’y rendre."

"Il existe peu de tâches en évaluation qui permettent à l’élève d’opérer des transferts de ce qu’il a appris", selon le rapport de l’IGEN. Mme Lemeure ne baisse pas les bras. "Depuis cette année, en 3e, je leur demande des petits sketches, pour leur faire transférer les connaissances ; ils s’en sortent bien."

Françoise Bels, professeur d’allemand dans un établissement de La Bassée, utilisait déjà cette méthode il y a quinze ans : "J’avais des groupes qui jouaient à fond ces sketches. C’est indispensable chez les débutants, même si beaucoup d’enfants ont peur de se ridiculiser. Hélas !, en seconde, c’est fini : on ne travaille plus que du texte écrit..."

L’IGEN conseille une évaluation systématique des compétences. "Mais le bac propose l’anglais à l’écrit, souligne Mme Lemeure. Organiser un oral pour tous coûterait bien plus cher..."

Même au lycée européen Montebello de Lille, l’oral est à la traîne : "Je crois que je suis allée quatre fois au labo en trois ans de lycée, se souvient Chloé Vanmerris. Et rares sont les lycéens qui écoutent la BBC ou regardent des films en VO..."

Geoffroy Deffrennes Article paru dans l’édition du 24.02.07.

mis en ligne le vendredi 23 février 2007
par ML



  
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