Discorde autour de l’application de la note scolaire dans les collèges


Discorde autour de l’application de la note scolaire dans les collèges

Pour la première fois cette année, les collégiens vont se voir attribuer une note de vie scolaire. Et de nombreux professeurs, conseillers principaux d’éducation (CPE) et parents s’alarment de ce qu’ils considèrent déjà comme une "double peine", les élèves étant déjà sanctionnés en cas d’absence, de retard ou de comportements perturbateurs.

Alors que les conseils de classe du premier trimestre vont démarrer, la plupart des organisations de l’éducation nationale sont hostiles à cette mesure. Le principal syndicat des enseignants du second degré (le SNES) a même appelé professeurs et CPE à ne pas participer à son attribution. Inscrite dans la loi Fillon du 23 avril 2005 sur l’école, cette note, qui sera désormais prise en considération pour le diplôme national du brevet, n’était prévue initialement qu’en classe de 3e. Sa généralisation à toutes les classes de collège a été décidée par le ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien, en janvier 2006. Elle est fixée par le chef d’établissement sur proposition du professeur principal qui doit consulter au préalable les membres de l’équipe pédagogique et recueillir l’avis du CPE.

D’un maximum de 20, elle prend en compte l’assiduité des élèves et leur respect du règlement intérieur, pour 10 points chacun. L’engagement (comme délégué de classe, tuteur ou encore dans les activités du foyer socio-éducatif) peut donner lieu à l’attribution de points supplémentaires. De même que l’obtention de l’attestation scolaire de sécurité routière et de l’attestation de formation aux premiers secours.

Les principales fédérations de parents d’élèves, la FCPE et la PEEP, sont hostiles à cette note, qui risque d’être source de contentieux entre parents et chefs d’établissement. "Chaque collège établit ses propres critères et cela risque de générer des tensions et des injustices", dénonce Farid Hamana, président de la FCPE. "L’assiduité et le respect du règlement intérieur ne sont pas négociables", estime Anne Kerkhove, présidente de la PEEP, qui réclame des critères nationaux plus précis pour l’élaboration de la note de vie scolaire.

Le ministère de l’éducation estime, pour sa part, que le cadrage actuel est suffisant. "Une grille nationale n’a pas de sens, estime-t-on dans l’entourage de Gilles de Robien. Cette note doit être élaborée en fonction du contexte de l’établissement. Un collège qui connaît de fortes tensions n’aura sûrement pas la même appréciation qu’un établissement tranquille." A ceux qui dénoncent une "double peine", le ministère répond que la note de vie scolaire n’est pas "une note de conduite", "qu’elle doit sanctionner positivement le comportement des élèves" et "que 80 % à 85 % d’entre eux devraient bénéficier de notes élevées".

Si l’on en croit un sondage de rentrée du ministère de l’éducation, quelque 88 % des parents, 73 % des enseignants et 67 % des chefs d’établissement interrogés jugeraient cette note "utile". En revanche, on ne compte plus que 56 % des chefs d’établissement à considérer sa mise en oeuvre "facile", contre 43 % "difficile".

De l’avis de Catherine Gourbier, CPE dans un collège de Saint-Mandé (Val-de-Marne) et syndiquée au SNES, "dans un tiers des établissements, il existe un vrai désir de jouer le jeu, le deuxième tiers s’y prête à contrecoeur et pour le troisième tiers, l’équipe pédagogique refuse totalement de participer".

Yves Boglino, principal dans un collège de Sevran (Seine-Saint-Denis), rapporte que l’équipe réclame "plus de temps pour réfléchir" et que, par conséquent, il n’est prévu d’attribuer une note de vie scolaire qu’au second trimestre. Pour ne pas pénaliser les élèves, des professeurs ont proposé d’attribuer la note maximale de 20 à tout le monde, ou de mettre comme note de vie scolaire la moyenne de toutes les autres notes de l’élève... Dans un collège rennais, professeurs et CPE ont estimé ne pas être en mesure d’attribuer cette note, laissant l’équipe de direction se débrouiller seule.

D’autres établissements sont fin prêts, comme le collège Georges-Courteline, à Paris (12e), où un barème très précis a été mis au point et communiqué aux parents. Les élèves qui ont entre 2 et 4 retards ou une absence non justifiée se voient retirer 1 point, 2 points entre 5 et 6 retards ou 2 absences non justifiés, etc.

La mesure sera-t-elle utile pour renforcer le civisme des élèves ? Le ministère - qui a fait des compétences sociales et civiques un des éléments fondamentaux du socle commun que tout élève doit maîtriser à l’issue de la scolarité obligatoire - veut y croire. Eric Debarbieux, directeur de l’Observatoire international de la violence à l’école, ne partage pas cette analyse. "Non seulement, je ne crois pas à l’efficacité de la mesure, comme l’ont montré des évaluations de programme de prévention de la violence, mais je pense qu’elle peut être contre-productive", affirme-t-il.

Selon le chercheur, la violence ressort de plus en plus d’un fonctionnement collectif avec des groupes d’élèves s’identifiant contre l’institution. Et "cette identification peut être accélérée par tous les miroirs tendus qui authentifient les mauvais élèves". Comme la note de vie scolaire.


Le Monde du 23 novembre 2006

mis en ligne le vendredi 24 novembre 2006
par ML



  
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