LES COMPLICATIONS DE LA NOTE DE VIE SCOLAIRE

Comme l’on sait, la loi du 23 avril 2005 dite loi Fillon, notamment son article 32 inséré dans l’article L.332-6 du code de l’éducation, a institué une note de vie scolaire. Un décret d’application (n° 2006-533 du 10 mai 2006) a été publié au « Journal officiel » du 12 mai 2006 précisant que la note de vie scolaire s’applique à tous les élèves de la 6e à la 3e.

« Cette note mesure l’assiduité de l’élève et son respect des dispositions du règlement intérieur. Elle prend également en compte sa participation à la vie de l’établissement et aux activités organisées ou reconnues par l’établissement » Un arrêté du 10 mai 2006 a été également publié au « Journal officiel » qui précise que :

« La note de vie scolaire prend en compte l’assiduité de l’élève et son respect des dispositions du règlement intérieur dans des proportions égales. La participation de l’élève à la vie de l’établissement et aux activités organisées ou reconnues par l’établissement est valorisée par l’attribution de points supplémentaires.

L’obtention de l’attestation scolaire de sécurité routière de premier et de second niveau et l’obtention de l’attestation de formation aux premiers secours peuvent également être prises en compte dans les mêmes conditions. La note de vie scolaire est attribuée trimestriellement et portée au bulletin de chaque élève. Elle est établie en tenant compte de l’évolution de l’élève dans chacun des domaines mentionnés à l’article 1er » Enfin, une circulaire n° 2006-105 du 23 juin 2006 a paru au « Bulletin officiel de l’éducation nationale » n° 26 du 29 juin 2006

Or, beaucoup de nos collègues répugnent à donner cette note de vie scolaire ; la plupart s’y refusent d’autant plus vivement qu’ils se trouvent en butte à des principaux de collège qui prétendent leur imposer de donner au moins 14 ou 15/20 à la quasi totalité des élèves dès lors qu’ils sont assidus et respectent le règlement intérieur de l’établissement.

Leur colère est surtout justifiée par le fait que la note compte dans la moyenne de l’élève et qu’ainsi le comportement de l’élève l’emporte sur ses résultats scolaires.

Autrement dit, un élève qui ne travaille pas mais se conduit « bien » par ailleurs, peut très bien obtenir de telles notes de vie scolaire qu’il passera brillamment dans la classe supérieure ! Les professeurs se voient ainsi bafoués dans leur mission de transmission des connaissances, pourvu que l’attitude de l’élève soit conforme aux normes officielles.

Que faire ?

En revenir aux textes : Le décret du 10 mai 2006 dispose que « la note de vie scolaire est attribuée par le chef d’établissement sur proposition du professeur principal de la classe et après avis du conseiller principal d’éducation »

L’arrêté du 10 mai 2006 précise que « le chef d’établissement après avoir recueilli d’une part les propositions du professeur principal qui a préalablement consulté les membres de l’équipe pédagogique de la classe et, d’autre part, l’avis du conseiller principal d’éducation, fixe la note de vie scolaire de chaque élève et la communique au conseil de classe »

La circulaire du 23 juin 2006 dans un paragraphe intitulé « l’élaboration de la note » va encore plus loin : « La note de vie scolaire est élaborée pour chaque trimestre, à partir de critères objectifs, par le chef d’établissement » qui doit tenir compte de l’assiduité de l’élève (sur 10 points) , de son respect du règlement intérieur ( sur 10 points) , de sa participation à la vie de l’établissement (qui peut donner lieu à des points supplémentaires) ou aux activités organisées ou reconnues par l’établissement et l’obtention des attestations ( qui peut donner lieu à des points supplémentaires)

Cela signifie clairement que comme l’on ne peut pas (pas encore ?) donner plus que 20 sur 20, la simple assiduité et le simple respect du règlement intérieur ne peuvent faire attribuer à eux seuls la note maximum de 20/20.

Autrement dit, tel ou tel chef d’établissement qui prétend attribuer 14 ou 15 sur ces deux seuls critères outrepasserait déjà les recommandations de la circulaire car il ne resterait plus grand chose pour apprécier les deux autres critères.

Comme enfin c’est la moyenne des notes trimestrielles de note de vie scolaire qui doit être prise en compte affectée d’un coefficient 1 dans la moyenne des notes obtenues au brevet comme s’il s’agissait d’une discipline à part entière, il est clair que, de quelque façon qu’on prenne les choses, la note de vie scolaire va augmenter de façon non négligeable la moyenne des candidats à l’examen et probablement le pourcentage des reçus .

Or, malgré la démagogie galopante, les experts ès-éducation nationale, se désolaient justement de la stagnation de la proportion des reçus au brevet !

Bref, que peuvent faire les professeurs ? Ne rien faire, puisque de toute façon, c’est le chef d’établissement qui attribue en définitive la note de vie scolaire, même s’il est obligé de demander l’avis du conseiller principal d’éducation et du seul professeur principal qui lui-même est censé avoir consulté ses collègues de la classe. Il y a même une différence significative entre l’attribution de la note de vie scolaire et la décision relative à l’orientation : Dans le cas de l’orientation, le chef d’établissement prend sa décision, après la réunion du conseil de classe et donc après avoir demandé et obtenu l’avis du dit conseil. Dans le cas de la note de vie scolaire, le chef d’établissement ne réunit même pas l’équipe pédagogique ce qui est pourtant prévu par le décret du 30 août 1985 modifié et prend sa décision après avoir écouté le C.P.E. et le professeur principal.

Il communique sa décision au conseil de classe. Autrement dit, les professeurs de la classe qui ont noté l’élève, mis leurs appréciations sur le bulletin trimestriel, et qui ont rencontré le seul professeur principal, prennent connaissance de la note de vie scolaire, en même temps que les délégués de parents et d’élèves pendant la réunion du conseil de classe !

La moyenne trimestrielle des notes de l’élève à peine calculée par le professeur principal est modifiée sinon bouleversée pendant le conseil de classe ! On ne peut plus clairement manifester le mépris que l’on a pour les professeurs. A quoi a servi le travail patient et difficile du professeur ? A quoi ont servi son appréciation et ses notes pendant tout un trimestre ? A presque rien.

En conséquence, l’on ne voit pas en effet pourquoi les professeurs se donneraient le mal de préparer une note de vie scolaire, de la proposer au professeur principal .

On ne voit pas pourquoi les professeurs essaieraient de se battre pour que les notes propres à leurs disciplines ne soient pas dévalorisées par la décision solitaire du principal.

Surtout on ne voit pas comment des professeurs qui refuseraient de se livrer à une telle mascarade pourraient être sanctionnés : ils pourraient se contenter de répondre qu’ils « font confiance à la sagesse de leur principal pour attribuer la note de vie scolaire de son choix à tel ou tel élève, mais qu’en aucun cas ils ne veulent prendre la moindre responsabilité dans cette décision ».

Frédéric Eleuche Secrétaire national

Source article

mis en ligne le mardi 14 novembre 2006
par ML



  
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